On n'avait pas besoin de demander quelque chose à Si Mohamed car dès le bonjour, il était capable de deviner votre sollicitation, votre démarche. La famille Béderina s'apprête à commémorer le 40e jour calculé en rappel au bon souvenir du regretté si Mohamed Béderina qui a quitté ce bas monde pour un monde meilleur. Mon souhait sincère est de partager et m'incliner à mon tour pieusement et avec un respect mérité à sa mémoire. «C'est un bonheur, une grande fortune d'être né bon», dit le dicton français. Si Mohamed Béderina était bon de nature. On n'avait pas besoin de demander quelque chose à Si Mohamed car dès le bonjour, il était capable de deviner votre sollicitation, votre démarche. Il avait cette faculté innée. Je ne l'ai jamais croisé soucieux d'une question de la vie quotidienne. Il avait une immense force et courage de ne pas s'attarder sur une futilité, de ne pas s'arrêter en société devant une contrariété flagrante, ce qui l'empêchait d'être rancunier dont il ignorait sûrement l'existence. Le dicton latin dit: «Il réunit tous les suffrages, celui qui a su mêler l'utile à l'agréable.» Preuve en est: 1) à la suite de la publication de mon premier ouvrage sur la lutte de Libération nationale dans le Sud-Ouest, au moment de ma dédicace qui, inévitablement, ne pouvait omettre de parler de toute l'hospitalité dont je fus entouré durant ma pénible traversée dans la construction et par la suite le bon voisinage qu'il entretenait avec continuité et désintéressement, il me prit par la main et m'introduit auprès de si Fouad Boughanem. Ce geste inattendu m'est allé droit au coeur. A l'appui de cette hospitalité quotidienne, incontestablement, sa moitié partageait avec lui cette rare complicité du couple dans cette qualité, rarissime de nos jours, recherchée pour ne point dire introuvable avec tout l'honneur et le mérite qu'exige et impose une telle attitude à chacun d'eux. 2) à l'occasion d'une contribution publiée au sein du journal L'Expression, il prit l'initiative de me proposer inopinément et à ma grande surprise à la fois exquise et inattendue, de l'accompagner. Au cours du trajet, il me fit part de la nature du déplacement. Après avoir fait un exposé élogieux sur Si Ahmed Fattani, il me regarda et me dit: «J'ai décidé de vous réunir autour d'un repas, il faut bien faire rencontrer l'auteur avec celui qui offre les colonnes de son journal.» 3) au sein du journal, je fus le témoin privilégié de toute la considération apportée à son égard. J'ai constaté également avec fierté et intérêt la joie exprimée à haute voix par les journalistes quant à sa présence sur les lieux. En ces instants-là, je jubilais discrètement de partager son amitié et me décompter parmi son entourage sociétal. Membre fondateur du quotidien Le Soir d'Algérie, Si Mohamed Béderina est connu dans le milieu de la presse nationale pour avoir fait ses preuves avec sérieux et abnégation, avec plus de vingt-cinq années consacrées au Soir d'Algérie, après avoir exercé également à El Moudjahid et Horizon. L'indisponibilité de mon fidèle ami Si Brahim Takheroubt pour des raisons évidentes de travail, Si Madjid Ayad m'offrit de m'accueillir dans son bureau. Mais lorsqu'il apprit la présence de Si Mohamed Béderina, il s'excusa avec tact et doigté pour rejoindre notre ami afin de le saluer chaleureusement. C'était alors à la fois, un honneur et un privilège de ma présence dans ce milieu journalistique, sans oublier de signaler mes passages inopinés et sans gêne auprès de mon ami Si Brahim Takheroubt. Il faut reconnaître que cette frange de la société a consenti un lourd tribut durant la décennie noire. Elle est surtout connue pour son engagement démocratique, le travail colossal qu'elle fournit dans la consolidation de la bâtisse des libertés individuelles, le combat qu'elle a toujours et continue de mener en ces temps redoutables de transition vers une société juste, de droit et d'égalité. Que me reste-t-il à ajouter, si ce n'est de m'incliner à la mémoire de cet humble personnage que fut mon ami loyal et dévoué, Si Mohamed Béderina en priant le Tout-Puissant de l'accueillir en Son Vaste Paradis car «à Lui nous appartenons et à Lui nous retournons».