La «Fatiha» du Saint Coran a été lue en la mémoire de cet homme Hommes et femmes toutes générations confondues ont bravé le froid et la pluie pour rendre hommage au défunt «Si Abdelhak», comme ils aimaient l'appeler affectueusement. 20 ans après, l'esprit de Abdelhak Benhamouda plane toujours sur la Maison du peuple! Hier matin, le siége de la Centrale syndicale était noir de monde pour commémorer le vingtième anniversaire de la mort de l'un des plus grands symboles du syndicalisme algérien. Il y avait des personnalités du monde politique à l'instar du secrétaire général du parti FLN Djamel Ould Abbès, du ministre de l'Industrie et des Mines Abdessalem Bouchouareb, celui du Travail Mohamed El Ghazi, l'ex-ministre de la Santé Hamid Sidi Saïd et du wali d'Alger Abdellkader Zoukh. Etaient également présents ses compagnons de lutte, à leur tête Abdelmadjid Sidi Said entouré de nombreux cadres syndicaux, et des représentants de partis politiques et d'associations de la société civile. Diop Denba, ex-secrétaire général adjoint de l'Ousa et doyen des syndicalistes africains a aussi pris part à cette cérémonie. Mais c'est la présence de plusieurs centaines de militants, venus des quatre coins du pays, qui a marqué les esprits. Hommes et femmes toutes générations confondues ont bravé le froid et la pluie pour rendre hommage au défunt «Si Abdelhak», comme ils aiment l'appeler affectueusement. Certains d'entre eux l'ont connu, d'autres non, mais tous aspirent à marcher sur les traces de cette figure qui a beaucoup fait pour défendre et le droit des travailleurs et le pays au moment où l'engagement pour la défense de la République n'était pas qu'un mot creux. L'émotion était à son comble dans la cour de la Maison du peuple lorsque les cadres de l'Ugta et les membres de sa famille, dont son fils aîné, Hamza, ont déposé une gerbe de fleurs sur son mémorial, inauguré en février 2005 par le président Bouteflika. La «Fatiha» du Saint Coran a été lue en la mémoire de cet homme qui fut l'un des concepteurs du RND. Un court discours a été prononcé par les représentants de l ́Ugta qui ont mis en exergue les qualités humaines du défunt «syndicaliste intègre et de fervent défenseur des travailleurs». 20 ans après, l'Algérie n'oublie donc pas l'homme qui a consacré toute sa vie à la défense des droits et des préoccupations des travailleurs. Il faut rappeler que le destin a voulu qu'il soit lâchement assassiné le 28 janvier 1997, dans l'arène de son militantisme et sa bravoure, la cour du siège de l ́Ugta. Déguisés en écoliers, ses assassins l ́avaient criblé de balles. L ́un de ses gardes du corps y avait également laissé la vie. Il avait échappé auparavant à une tentative d'assassinat à la cité Garidi, commune de Kouba. Sachant qu ́il était ciblé, Abdelhak Benhamouda ne se rendait que rarement à la Maison du peuple. Depuis 1988, année qui a vu l ́avènement du pluralisme politique, syndical et médiatique, Abdelhak Benhamouda s ́était distingué par ses positions politiques. Parallèlement à ses activités syndicales, il prit la tête du Comité national pour la sauvegarde de l ́Algérie (Cnsa), qui avait demandé en janvier 1992 l ́annulation du second tour des élections législatives, remportées par le FIS dissous. Des prises de position héroïques qui lui ont coûté la vie afin que vive l'Algérie... Déclarations Abelmadjid Sidi-Saïd, secrétaire général de l'Ugta «Il a donné sa vie pour le pays» «La commémoration du 20e anniversaire de l'assassinat d'Abdelhak Benhamouda vient évoquer en nous un souvenir douloureux et nous rappeler ce que nous avons fait pour le pays et ce que nous devons faire encore comme effort. La mort de Si Abdelhak, au même titre que les autres martyrs du devoir national et les valeureux «Chouhada» de la guerre de Libération nationale, est une leçon à méditer du fait du symbole que cela représente. Ces hommes et ces femmes se sont sacrifiés pour l'Algérie et l'unité de son peuple. Aujourd'hui, nous venons rendre hommage à l'un de ces martyrs du devoir national qui est feu Abdelhak Benhamouda, un grand syndicaliste et un homme qui a donné sa vie pour défendre le pays et sa stabilité, ainsi que les acquis des travailleurs. Son militantisme avait comme vision l'unité du peuple algérien. On est heureux de voir que son sacrifice n'a pas été vain avec la Réconciliation nationale initiée par le Président Abdelaziz Boutefilka qui a permis de réunir les Algériens comme le rêvait le défunt. On est fier de constater que le sang des martyrs du devoir national aura servi à rendre l'Algérie plus forte. Le retour de l'unité nationale est la meilleure façon de leur rendre hommage, que Dieu donne la paix à leur âme.» Mohamed El Ghazi, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale «un martyr de la république» «Nous sommes là pour rendre hommage à Abdelhak Benhamouda, un martyr de la République qui était toujours là pour défendre l'Algérie et les travailleurs. Je tiens à l'occasion de cette commémoration rendre hommage à tous les martyrs du devoir national et les valeureux «chouhada» de la guerre de Libération nationale qui sont morts pour que vive l'Algérie. C'est grâce à eux que nous vivons dans un pays stable et heureux. Mais il faut aussi rappeler le rôle du président de la République Abdelaziz Bouteflika qui a mis en place la Réconciliation nationale qui unit le peuple algérien. Le printemps arabe qui n'a pas touché l'Algérie est la meilleure preuve de cette unité. Je tiens à féliciter les Algériens pour leur vigilance, ainsi que toutes les institutions du pays à l'instar de l'Armée nationale populaire. Je souhaite néanmoins que les Algériens n'oublient jamais la période douloureuse par laquelle on est passé. Abdelmadjid Azzi, fondateur de la fédération des retraités «Benhamouda a été le rénovateur de l'action syndicale» Je voudrais témoigner et dire que jamais, depuis l'indépendance, l'organisation syndicale n'avait été dirigée par un secrétaire général possédant autant d'atouts, la lucidité, le courage, un discours cohérent s'appuyant sur des mots simples, justes que les militants retiennent. De ce point de vue, Benhamouda est vite apparu comme le rénovateur de l'action syndicale et l'initiateur d'une sorte de «parité» avec les autres centres de décision. En laminant à partir de sa première élection le pesant hégémonisme du pouvoir politique en commençant par soustraire l'Ugta aux influences partisanes, il était parvenu à imposer la «Centrale» comme un partenaire de plein exercice, effaçant ainsi la détestable image d'une institution-alibi habituée aux soutien et reniement, selon les saisons des pouvoirs. Il réunissait malheureusement toutes les conditions pour que son ambitieux projet n'aboutisse pas. D'ailleurs dans mon prochain ouvrage qui sortira bientôt j'ai longuement témoigné sur cette période difficile. Merci Si Ahmed pour cet hommage rendu à notre compagnon disparu.