Des éléments de Fateh al Cham Ce n'est pas par hasard que cette entité voit le jour. En réalité, elle répond à une autre fusion, intervenue quelques jours plus tôt, entre la faction la plus puissante du conglomérat terroriste engagé en Syrie, Ahrar al Cham et six autres groupuscules. L'armée syrienne a annoncé hier la reprise du contrôle de toute la région de Wadi Barada, à une vingtaine de km de Damas, dominée par les groupes rebelles depuis 2012. Il aura fallu plus d'un mois de durs combats contre les positions des insurgés qui ont fait main basse sur la plus importante source d'approvisionnement en eau de la capitale syrienne. Celle-ci était privée d'eau potable depuis le 22 décembre, selon le communiqué de l'armée repris par la télévision d'Etat qui a rappelé les soupçons d'empoisonnement de certaines canalisations, début janvier. Cette nouvelle défaite des rebelles intervient quelques jours à peine après la réunion de l'opposition et de la délégation gouvernementale à Astana, au Kazakhstan, destinée à renforcer le cessez-le-feu obtenu par la Russie et l'Iran, alliés du régime du président Bachar al Assad et la Turquie, soutien des rebelles. On se rappelle que durant les quarante-huit heures de «discussions», les représentants des groupes rebelles avaient refusé des pourparlers directs et la signature de la Déclaration finale, paraphée par les trois pays précités qui comptent sur les retrouvailles politiques à Genève pour affiner le processus devant aboutir à la paix. Mais cette rencontre, initialement programmée pour le 8 février prochain, est également sujette à caution, dès lors que l'opposition multiplie les exigences et les conditions pour s'y rendre. C'est dans ce contexte que Fateh al Cham, le groupe terroriste exclu, avec l'Etat islamique, des pourparlers, à cause de son appartenance à Al Qaïda sous l'appellation d'Al Nosra, a choisi la fusion avec quatre autres groupes rebelles pour constituer une nouvelle mouvance baptisée Tahrir al Cham. Il s'agit des groupes relativement importants de Nourredine al Zinki, Liwa al Haq, Ansar Eddine et Jaïch al Sunna. Ce n'est pas par hasard que cette entité voit le jour. En réalité, elle répond à une autre fusion, intervenue quelques jours plus tôt, entre la faction la plus puissante du conglomérat terroriste engagé en Syrie, Ahrar al Cham et six autres groupuscules. Depuis bientôt une année, sous les coups de boutoir incessants de l'armée syrienne, plusieurs groupes rebelles ont retourné leurs armes contre Fateh al Cham et c'est en toute logique que celui-ci tente de corriger le tir après avoir longtemps bénéficié de l'adhésion d'Ahrar al Cham dans une alliance contre le régime syrien, dite significativement Armée de la Conquête et basée pour l'essentiel dans le nord du pays, notamment à Idleb. Tous ces groupes ont la particularité de n'avoir pas été invités à Astana, mais Fateh al Cham a vu dans la participation de ceux qui y ont été conviés le signal selon lequel il va devoir bientôt les affronter, soupçonnant les parrains russe, iranien et turc de vouloir ainsi l'isoler. C'est pourquoi, au moment même où les pourparlers indirects d'Astana s'achevaient, Fateh al Cham a attaqué, à Idelb, mais aussi dans la région d'Alep, les positions de certains groupes rebelles qui se sont rendus au Kazakhstan. Aux dernières nouvelles, Fateh al Cham aurait pris le contrôle de la localité d'Ihssem et du village de Dana jusque-là aux mains de ces groupes devenus rivaux.Longtemps salué par l'opposition comme une faction déterminante de la rébellion en lutte contre l'armée syrienne, Fateh al Cham a vu ces derniers mois son image de plus en plus écornée et dit faire face aux critiques de plus en plus acerbes contre sa volonté hégémonique, même s'il a renoncé en 2016 à son affiliation à Al Qaïda, du moins en apparence. Sa mise à l'écart des pourparlers parrainés par la Russie, l'Iran et la Turquie a accentué cet état d'esprit au point que seuls les groupes armés salafistes les plus durs maintiennent encore une alliance avec lui, alliance qu'Ahrar al Cham pointe d'un doigt réprobateur alors que l'opposition politique la condamne violemment. En attendant, l'initiative lancée par Moscou, soucieux de transformer les succès sur le terrain militaire, avec la reprise d'Alep, en gains politiques, oeuvre à renforcer le cessez-le-feu signé le 30 décembre dernier. Les trois parrains des pourparlers de paix veulent désormais instaurer «un mécanisme pour surveiller et s'assurer de la complète mise en oeuvre du cessez-le-feu et éviter toute provocation» tandis que l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, répète que l'ONU reste «prête à assister (...) au développement du mécanisme trilatéral et à s'assurer qu'il aide à renforcer la qualité du cessez-le-feu». Sans excès d'optimisme, il semble que le but est relativement atteint qu'il faut maintenant confirmer avec là prochaine réunion de Genève. Car la «surveillance» du cessez-le-feu, sans avancée majeure dans les discussions politiques, ne garantit nullement sa pérennité.