La rencontre entre Abderrazak Makri et le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia aura constitué une opportunité pour le leader du MSP afin de renouer les fils du dialogue au sein de sa propre famille politique. Le MSP qui est sorti de la défunte alliance présidentielle par la petite porte tente-t-il de revenir par la fenêtre? ça en a l'air. Abderrazak Makri jure sur tous les saints qu'il n'a pas fait un enfant dans le dos de l'opposition. La toute récente sortie médiatique de l'ex-président du Mouvement de la société pour la paix indique pourtant que la démarche de son successeur n'est pas dénuée d'arrière-pensées. «Depuis le Ve congrès, le MSP a intégré la Cnltd et est rentré dans une opposition intense. Mais la session du madjliss echoura (conseil consultatif) de janvier 2015 a appelé le président du mouvement à atténuer l'intensité de son opposition dans le discours et à ouvrir un dialogue avec le pouvoir et les partis de l'Alliance présidentielle» a déclaré Bouguerra Soltani dans un entretien publié le 21 juillet écoulé par le quotidien électronique Tout sur l'Algérie. La rencontre entre Abderrazak Makri et le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, qui n'a pas été du goût de l'opposition, aura constitué une opportunité pour le leader du MSP de renouer les fils du dialogue au sein de sa propre famille politique. C'est ainsi qu'il envisage de rencontrer dans les tout prochains jours, Abdallah Djaballah, président du Front pour la justice et le développement (FJD). Un autre poids lourd de la scène politique nationale qui a menacé de claquer la porte de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (Cnltd) après l'entrevue entre Makri et Ouyahia. Le président du MSP a décidé de rendre visite à cet autre leader de la mouvance islamiste pour clarifier son entretien avec le directeur de cabinet de la présidence de la République, eu égard à l'écho négatif qu'a eu ce tête-à-tête, au sein de la Cnltd et à la désapprobation de cette démarche par le PJD. Makri veut convaincre son «frère ennemi» que cette réunion a eu lieu dans le cadre des consultations initiées par le pouvoir auprès de l'opposition. Le patron du MSP veut régler ce «malentendu» suite à son rendez-vous avec l'ex-chef du gouvernement et ex-partenaire de l'Alliance présidentielle (FLN, MSP, RND). C'est l'objectif assigné à ce vis-à-vis avec Abdallah Djaballah. Qu'ont ces deux hommes en commun? En plus d'être des leaders de leurs partis et de la mouvance islamiste, ils sont réputés être des tribuns hors pair. Tenants d'une stratégie radicale qui a pour dessein la conquête du pouvoir, ils ont pour ambition l'instauration d'une République islamiste, une entreprise qui nécessite une union sacrée qui est loin d'être partagée par l'ensemble des Algériens. Une épreuve de longue haleine, que le parti de feu Mahfoud Nahnah a tenté de surmonter en participant aux gouvernements qui se sont succédés depuis l'élection présidentielle de 1999 à travers une Alliance présidentielle qui a volé en éclats à la veille des élections législatives de mai 2012. Une stratégie qui a fait chou blanc. Le Mouvement de la société pour la paix qui a cru bon d'affronter les dernières élections (APC/APW et APN) au sein de l'alliance où seule l'Alliance de l'Algérie verte (MSP, Ennahda et El-Islah) a subi un revers cinglant alors qu'il représentait la troisième force politique du pays, il n'y a pas très longtemps. La rencontre annoncée entre son président Abderrazak Makri et le leader charismatique du PJD, Abdallah Djaballah préfigure-t-elle d'une recomposition de la mouvance islamiste? On le saura à l'issue de leurs discussions? Ce qui est certain, c'est que malgré ses dissensions, elle demeure plus que jamais active.