La prochaine APN sera composée de deux blocs politico-idéologiques distincts La prochaine APN aura ceci d'intéressant, c'est qu'elle sera composée de deux blocs politico-idéologiques distincts. Chacun défendra sa chapelle et le peuple tranchera. A mi-chemin de leur ambition d'un pôle politique de poids, les islamistes promettent une alliance stratégique à l'issue du prochain scrutin législatif. Annoncée par les patrons des deux «fusions», Abdellah Djaballah et Abderrezak Makri, cette option post-électorale règle le problème de leadership qui a toujours empêché la famille islamiste de parler d'une seule voix. En s'en remettant aux électeurs et pas à leurs militants, les chefs des deux ailes islamistes de la scène nationale enterreront la hache de guerre sitôt les résultats des législatives promulgués. Cette même option d'alliance trotte déjà dans les têtes des leaders des partis au pouvoir. Autant pour Ahmed Ouyahia que pour Djamel Ould Abbès, la relance d'une alliance présidentielle devant accompagner le gouvernement jusqu'à l'échéance de 2019, est un impératif essentiel pour donner du souffle à la politique du gouvernement. Il s'agira surtout de donner une assise partisane et populaire à l'action présidentielle. Une dimension qui a fait cruellement défaut, en ce sens que chaque formation politique s'en est allée dans son propre discours, parfois contradictoire, notamment lorsque Amar Saâdani était aux commandes du FLN. L'idéal serait, en effet, que le pouvoir puisse s'homogénéiser avec toutes ses composantes politiques pour donner le change à ses adversaires politiques, mais également à la société qui aura besoin de voir une réelle volonté de donner à l'Algérie une perspective positive. Cela passera par un large rassemblement de partisans que chapeautera le duo FLN-RND. Dans ce registre, il est entendu que des formations comme le MPA de Amara Benyounès, le TAJ de Amar Ghoul et bien d'autres partis politiques n'attendent qu'un signe pour se joindre à un conglomérat partisan, histoire de donner du sens à leur soutien au programme du président de la République, mais aussi dans la perspective de participer, d'une manière ou d'une autre, à l'exercice du pouvoir. Il faut dire que les expériences d'alliances ont déjà été tentées dans un passé récent. L'alliance stratégique présidentielle, créée en 2004 par le FLN, le RND et le MSP avait, rappellons-le constitué un socle qui a permis une grande stabilité du pouvoir et des institutions de la République. Sur les huit années de fonctionnement, cette alliance dont la présidence était tournante avait construit un discours politique recevable auprès de l'opinion nationale et donné une image acceptable aux partenaires du pays. L'élargissement de la sphère du pouvoir à un nouveau personnel politique a, sans doute, contribué à asseoir une certaine légitimité. Non reconnue par l'opposition, ladite légitimité a néanmoins rythmé la vie politique du pays durant deux mandats présidentiels. Mais ce qui clochait dans le paysage politique, c'était l'asymétrie des forces en présence. Le pouvoir fort, représenté par une alliance stratégique, était face à une opposition hétéroclite, divisée et donc impuissante. La dissolution de l'alliance présidentielle, du fait du retrait du MSP, a précipité la naissance d'une autre, à l'initiative du même MSP. L'Alliance de l'Algérie verte a pris ses quartiers dans l'opposition. L'expérience n'aura pas été concluante, malgré sa création qui est intervenue avant les législatives de 2012. Les trois formations qui la composaient ne s'étaient pas référées au suffrage des Algériens. Cet échec vaut tout de même une expérience enrichissante pour les trois partis qui ont, chacun, rejoint l'une des «fusions». Les islamistes ne partent pas de zéro et peuvent s'appuyer sur le passif du MSP pour consolider un pôle solide au sein de la prochaine APN. Les chances de voir une alliance islamiste pour la prochaine législature sont, il faut bien en convenir, réunies et c'est ce qui va donner une autre tonalité au discours de l'opposition. Cela influera certainement sur l'idée que se font les Algériens de cette opposition, et pourrait la dynamiser face à l'alliance annoncée par les partis au pouvoir. L'homogénéité idéologique qui s'en dégagera en fera un groupe politique à part dans une assemblée composée également de nationalistes et de démocrates. Dans le lot, il y aura des formations, à l'image du FFS et du PT qui voudront conserver leur indépendance. Ils formeront le «troisième groupe», plus hétéroclite, avec des électrons libres, nécessaires à la vie de toute assemblée. En fait, la prochaine APN aura ceci d'intéressant, c'est qu'elle sera composée de deux blocs politico-idéologiques distincts. Chacun défendra sa chapelle et le peuple tranchera en 2022.