Dix jours après le décret controversé sur les migrants, du président états-unien, Donald Trump, le monde arabo-musulman observe un abyssal silence radio. Ni les dirigeants des pays arabes et musulmans, ni leurs populations n'ont réagi à une décision qui a soulevé la colère partout dans le monde, car ce décret est estimé raciste, sinon islamophobe. Non seulement aucune réaction n'est venue des contrées musulmanes - y compris des pays sous le coup de cet arrêté - mais certains d'entre eux ont même pris les devants, faisant dans l'excès de zèle, se conformant à la nouvelle donne sur les migrants. La palme revient à la compagnie aérienne émiratie «Emirates» qui a pris sur elle de «réaménager» son personnel naviguant, originaire des pays mis en quarantaine par le décret Trump, par leur transfert sur ses autres lignes, tout en interdisant aux citoyens de ces pays de prendre les vols en partance pour les Etats-Unis. Emirates qui emploie des centaines de pilotes, hôtesses et stewards originaires de plusieurs pays - dont ceux qui tombent sous le décret Trump - a vite compris d'où soufflait le vent, en se complaisant aux directives du chef. Un exemple parmi tant d'autres et ils sont nombreux. L'Arabie saoudite, qui n'a jamais accepté le retour international de l'Iran - suite à l'accord sur le nucléaire conclu en 2015 entre Téhéran et six puissances mondiales - plutôt que de s'inquiéter d'un décret qui humilie des millions de musulmans, les mettant au ban de la société humaine, s'est surtout assurée que la nouvelle administration républicaine, va appliquer avec toute la «rigueur» voulue, l'accord sur le nucléaire iranien. Or, dans le maelström créé par le décret Trump, des manifestations en continue se poursuivent dans le monde et aux Etats-Unis même où des juges fédéraux, se démènent pour faire annuler un décret décrié comme anticonstitutionnel. Des politiques, des juges, des intellectuels et des citoyens ont agi ou agissent, disant leur colère contre un déni de droit. De fait, le juge fédéral, James Robart de Seattle (Etat de Washington) a fait bloquer le décret pour donner le temps à la plainte du ministre de la Justice du même Etat, Bob Ferguson, d'être examinée. M.Ferguson, juge ainsi que le décret va à l'encontre des droits constitutionnels des immigrés car il cible spécifiquement les musulmans. De fait, partout de par le monde on bouge, on s'inquiète, on proteste, sauf dans le monde arabo-musulman, le premier concerné par l'évolution de la politique états-unienne envers l'islam et les musulmans. Ces derniers préfèrent regarder ailleurs. Il y a certes des intérêts généraux et particuliers à défendre dans un monde où les relations entre les Etats sont de plus en plus complexifiés. Toutefois, lorsque les intérêts particuliers priment sur les intérêts généraux des Etats et des citoyens, que plus de 200 millions de personnes de religion musulmane, sont assimilées (par un simple trait de plume) à des terroristes où à des suppôts du terrorisme il y a certainement maldonne et les dés quelque part pipés. Aussi, dans le contexte dans lequel le décret controversé a été pris, appelait, à tout le moins, le monde arabo-musulman à condamner un amalgame simpliste et hors de raison. Toutefois, les dirigeants arabes et musulmans, ont habitué le monde à leur flagornerie, prêts à subir toutes les humiliations pour peu qu'ils y trouvent à gagner des faveurs et autres accessits des puissants. En effet, ce n'est pas la première fois que les dirigeants arabes et musulmans se singularisent en passant à côté de l'évènement. L'exemple le plus probant reste le conflit israélo-palestinien. Alors que les dirigeants arabes observent le mutisme et interdisent à leurs peuples de bouger, partout ailleurs dans le monde, on manifeste contre les exactions d'Israël contre les Palestiniens. Mais, le terrorisme? Le décret Trump sanctionne ses victimes et épargne ses commanditaires. La montée en puissance du terrorisme ces dernières années, c'est d'abord le fait des grandes puissances occidentales [Etats-Unis, Grande-Bretagne, France] des monarchies du Golfe ensuite, qui l'ont initié pour les uns, financé pour les autres. Ce que sans doute M.Trump ne peut ignorer. Cependant, on ne sanctionne pas les amis, n'est-ce pas? Businessman, avant tout, M.Trump a des intérêts en Arabie saoudite, au Qatar, aux Emirats arabes unis. Il n'en a pas en Syrie, en Irak, en Iran, en Libye, au Soudan, au Yémen ou en Somalie. Ceci explique sans doute cela. Alors que l'on cesse de nous seriner que c'est le terrorisme que l'on combat par la mise au ban de la société de millions de personnes victimes de ce fléau, tout en adoubant ses promoteurs et mentors.