Contrairement à d'autres juges fédéraux de plusieurs autres Etats, qui ont également statué contre le décret migratoire de Donald Trump, le juge Robart de Seattle a étendu la portée de son arrêt à tout le territoire américain, d'où la colère de la Maison-Blanche, qui entend répliquer rapidement. Qualifiant dans un premier temps la décision du juge fédéral de Seattle de "scandaleuse", avant de renvoyer une nouvelle version de son communiqué quelques minutes plus tard, en supprimant ce terme, la Maison-Blanche a promis de répliquer par le biais de son ministre de la Justice. Elle a indiqué dans un communiqué que "le ministre de la Justice entend déposer une injonction d'urgence pour faire appliquer le décret et annuler la décision du juge Robart". C'est dire que le bras de fer est engagé entre Donald Trump et la justice américaine après que le juge Robart ait bloqué temporairement vendredi le décret anti-immigration du président américain visant sept pays à majorité musulmane. En effet, l'injonction temporaire du juge James Robart est valable sur l'ensemble du territoire américain, le temps qu'une plainte déposée lundi par le ministre de la Justice de l'Etat de Washington, Bob Ferguson, soit examinée. Ce dernier, qui avait porté plainte lundi pour invalider des points-clés du décret présidentiel, qui ferme les frontières des Etats-Unis aux réfugiés pendant quatre mois et aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) pendant trois mois, a déclaré que "la Constitution a vaincu aujourd'hui". Il a ajouté : "Personne n'est au-dessus de la loi, pas même le président", tout en faisant remarquer que le juge Robart avait été nommé par l'ex-président républicain George W. Bush. Dans sa plainte, Bob Ferguson affirmait que l'interdiction décrétée par le président allait à l'encontre des droits constitutionnels des immigrés et de leurs familles car elle visait particulièrement les musulmans. Le gouverneur de l'Etat de Washington Jay Inslee a lui aussi évoqué une "victoire éclatante" mais averti que la bataille pour son retrait n'était pas terminée. Il y a lieu de rappeler que le décret de Donald Trump s'est traduit le week-end dernier par l'interpellation dans les aéroports de quelque 109 personnes résidant légalement aux Etats-Unis, selon la Maison-Blanche, tandis que des centaines d'autres étaient empêchées d'embarquer à destination des Etats-Unis. Depuis son entrée en vigueur, les Etats-Unis ont révoqué 60 000 visas attribués à des ressortissants des sept pays visés. Sur le plan international, le décret suscite l'indignation à travers le monde depuis une semaine, provoquant des manifestations. La Première ministre britannique Theresa May l'a qualifié "d'erreur qui sème la discorde". La France et l'Allemagne l'ont critiqué et le secrétaire général de l'ONU a demandé son retrait. Merzak Tigrine