La première édition du très attendu Salon international de la promotion immobilière et de l'aménagement urbain aura été instructive. C'est presque un cri du coeur et coup de gueule en même temps qu'ont lancé hier les promoteurs immobiliers à l'intention des pouvoirs publics. «Le promoteur immobilier évolue seul. Le ministère de l'Habitat ne se tourne vers lui que pour le sanctionner et le traquer.» C'est en ces termes que le président de l'Organisation nationale des promoteurs immobiliers(Onpi) Maâmar Boumedel a tenté de décrire la situation dans laquelle évolue le promoteur immobilier en Algérie. «On nous demande des résultats, alors qu'on fait tout pour nous traîner dans la boue», a ajouté Maâmar Boumedel. Et de poursuivre: «Comment voulez-vous que le promoteur soit motivé quand un permis de construire met une année, voire une année et demie pour qu'il lui soit délivré.» Les pouvoirs publics doivent savoir, précise le président de l'Onpi, que le retard dans le domaine du bâtiment se paye. «Il y a d'un côté les prix des matériaux de construction qui augmentent et il y a aussi d'autres contraintes techniques relatives à l'état du terrain et des engins qui se posent et font que le promoteur soit perdant, parfois même avant le démarrage du projet», a-t-il ajouté. Les entraves administratives ne sont pas les seules anomalies que Maâmar Boumedel dénonce. Ce qui fait le plus du mal ces dernières années aux promoteurs immobiliers et les pousse à être découragés, cite le conférencier, est le fait que le ministère de l'Habitat les compare à chaque fois aux entreprises étrangères. «Pourquoi vous ne faites pas autant qu'elles? Regardez comment elles travaillent!», ne cesse de répéter le ministère, a-t-il-dit. Cette comparaison n'a pas lieu d'être, de l'avis de Maâmar Boumedel. «Les entreprises étrangères bénéficient de toutes les facilités possibles. En plus, elles sont des professionnelles dans le domaine du bâtiment. La promotion immobilière en Algérie est naissante», a-t-il expliqué, avant d'assimiler la comparaison entre les promoteurs algériens et étrangers «à celui qui compare entre un véhicule de puissance six chevaux et une R4». Les pouvoirs publics doivent savoir, indique Maâmar Boumedel, «que les étrangers ne sont intéressés que par l'argent, tandis que les promoteurs nationaux sont en train de construire leur pays». Pour remédier à cet état de fait, l' Onpi a deux messages à adresser aux pouvoirs publics: l'allègement du processus de promotion immobilière au profit des promoteurs immobiliers et l'association de ces derniers à l'élaboration de la réglementation», a-t- il conclu. La non-association des promoteurs à l'élaboration de la réglementation, a fait, indique de son côté Mme Bouhired, secrétaire générale de l'Onpi, que la moitié des promoteurs immobiliers ne connaît pas la réglementation en vigueur d'où d'ailleurs, explique-t-elle, «le retrait d'agrément récemment à 1 000 promoteurs immobiliers». Le ministère de tutelle doit vulgariser les nouvelles lois adoptées, a-t-elle préconisé. Abordant ensuite le chapitre de la gestion immobilière qui, visiblement lui tient à coeur, Mme Bouhired dira que «c'est plus facile de construire que de gérer». Les solutions sont pourtant faciles, prétend-elle. «Il suffit de former les jeunes chômeurs et ceux diplômés de la formation professionnelle (sur le tas) au niveau des cités pour que ce phénomène disparaisse» indique Mme Bouhired, soulignant toutefois que la société algérienne doit renouer avec ses anciennes traditions sacralisant la propreté et la solidarité. «Les cités se nettoyaient autrefois par tous les habitants de la cité, en déléguant pour chaque famille un représentant pour effectuer le grand nettoyage lors des week-ends», a-t-elle expliqué. Néanmoins, conclut Mme Bouhired «les pouvoirs publics doivent accompagner le travail des jeunes par une batterie de mesures impliquant tous les secteurs concernés: banques, justice, ministère de l'Environnement, etc.». A souligner que le Salon international de la promotion immobilière a vu la participation de près de 60 entreprises entre nationales et internationales. La participation étrangère est marquée surtout par les entreprises chinoises, polonaises et bahreïnies. Le promoteur Sahraoui utilise de façon illégale le cachet de l'Onpi Le promoteur Sahraoui, auquel le ministère de l'Habitat a retiré l'agrément, suite à l'effondrement d'un bâtiment à El Achour (Alger) en octobre dernier, est en train d'utiliser de façon illégale le cachet de l'Organisation nationale des promoteurs immobiliers (Onpi) pour tromper encore les gens. C'est ce qu'a fait savoir hier la secrétaire générale de l'Onpi, Mme Bouhired. Le promoteur Sahraoui, qui a encore du mal à digérer le retrait de son agrément, a déclaré la guerre à l'Onpi, a ajouté Mme Bouhired. «M. Sahraoui doit savoir que ses problèmes doivent être réglés avec la justice et non pas avec l'Onpi», a-t-elle signifié, en soulignant en outre que l'affaire du promoteur Sahraoui est toujours en justice et que l'enquête se poursuit.