L'Ugta affiche une résistance au vent des réformes. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale M.Tayeb Louh, a procédé hier, au siège de son département, à l'installation des conseils d'administration des cinq caisses de sécurité sociale, en l'occurrence, la Cnas, le CNR, la Cnac, et la Cacobatph. Selon M.Malki, secrétaire national chargé des conflits sociaux à l'Ugta, ont pris part à cette rencontre MM.Abdelmadjid Sidi-Saïd et Djenouhet, respectivement secrétaire général de la centrale syndicale, et secrétaire national chargé des affaires économiques ainsi que les représentants du patronat. Il faut savoir que la réforme du système de la sécurité sociale constitue l'une des principales préoccupations du gouvernement. Le ministre du Travail ne rate aucune occasion pour relever les défaillances de ce secteur. Une position qui ne semble pas être du goût de la puissante centrale syndicale, laquelle affiche une véritable résistance au vent des réformes. Avant Louh, M.Bouguerra Soltani qui a eu à gérer ce secteur pendant quelques années, avait défendu, à l'époque, la nécessité de réviser les textes de loi régissant le secteur. Une suggestion qui n'a pas dépassé le stade du voeu pieux. Le débat a ressurgi avec la venue de Louh. à la tête de ce département. Le premier volet de cette réforme a trait à la révision de la composition des conseils d'administration et des règles de fonctionnement des caisses de sécurité sociale. Pour rappel, lesdits conseils sont présidés par l'Ugta, qui est représentée par 8 membres contre 3 pour le gouvernement et 1 pour le patronat. Parmi les reproches ostensiblement affichés par le département de Louh à l'égard de Sidi Saïd, l'on signale l'épineuse polémique relative au placement des avoirs des caisses de sécurité sociale dans la banque El Khalifa. L'autre point phare du projet de réforme consiste en l'optimisation des ressources des caisse de sécurité. En fait, même si, globalement, le système dans son ensemble dégage un surplus qui a atteint les 27 milliards de dinars pour l'année 2004 «la situation est inquiétante», selon les responsables de ce secteur. En fait, ce surplus n'a pu être enregistré que «grâce aux excédents dégagés par le régime d'assurance chômage Cnac». Ce qui n'est pas le cas pour la Cnas dont l'excédent n'a pu dépasser le seuil de 3,59 milliards pour 2004. Si les recettes du système de sécurité ont augmenté de 62% entre 2000 et 2004, les dépenses ont connu une hausse de 66% durant la même période. A l'origine, l'augmentation des dépenses en médicaments qui ont doublé, le forfait hôpitaux qui représente 23% des dépenses de la Cnas. Pour ce dernier volet, la situation sera maîtrisée, à en croire les responsables, avec l'entrée en vigueur de la contractualisation, qui devra permettre une plus grande transparence dans les relations entre les bailleurs de fonds et les prestataires de soins et assurer une meilleure maîtrise des dépenses. Enfin, cette mesure devra mettre un frein aux dépenses des caisses de sécurité, lesquelles se sont élevées en 2004 à 41 milliards de dinars, loin des 35 milliards octroyés par l'Etat aux établissements publics de santé au titre de la loi de finances 2005. Louh propose aussi la création d'une caisse spéciale qui sera chargée des opérations de recouvrement de sécurité sociale L'objectif est de stopper la fraude. Cette mission est chapeautée actuellement par la Cnas. Par ailleurs, en matière de retraite, Louh reconnaît que le système connaît un équilibre «très fragile qui oblige le recours quasi automatique aux excédents dégagés par la branche retraite anticipée». Afin de gérer cette question à l'avenir, le ministre propose la création d' un fonds de réserve. Une démarche rejetée par la Fédération des retraités (Fntr), qui estime que la Caisse des retraites «est en très bonne santé», qualifiant cette décision «d'ingérence du gouvernement dans les affaires de la caisse».