Il souhaite que le dialogue s'ouvre à tout le monde. Invité du forum qu'organise le journal El Bilad au Centre international de presse (CIP), M. Mehri expliquera que le contrat rédigé par les principaux partis politiques, en ce temps-là (1995), avait pour but de réunir toutes les forces politiques afin de trouver des solutions aux graves problèmes auxquels était en proie l'Algérie. Il affirmera que les orientations du contrat de Sant'Egidio qui avait soulevé courroux et indignations à l'intérieur du pays, en ce temps-là, à cause de la participation à la réunion de responsables de l'ex-FIS, est plus que jamais d'actualité. D'après lui, mis à part quelques points dépassés par le temps, le document qui proposait un pan global de sortie de crise pour l'Algérie, pourrait facilement être remis sur le tapis, aujourd'hui. Forcé un peu par les journalistes afin de s'exprimer sur l'amnistie générale et la réconciliation nationale, telles que souhaitées par le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, l'ex-premier responsable du Front de libération nationale n'ira pas par quatre chemins pour clamer que le sujet est trop grave et trop sérieux pour avancer un quelconque jugement de valeur. Néanmoins, M.Mehri souhaite que le dialogue dans ce cas de figure s'ouvre à tout le monde. Sans les citer réellement, le conférencier fera pourtant clairement allusion aux responsables de l'ex-FIS afin qu'ils soient associés à la démarche réconciliatrice du chef de l'Etat. Il dira que le fait d'interdire d'activité un quelconque courant ne veut pas dire qu'il n'existe pas sur la scène. «Tous les courants de la société ont le droit de s'exprimer pacifiquement en toute liberté. Personne n'a le droit de les exclure», martèlera-t-il en substance. Ainsi, d'après M.Abdelhamid Mehri, la réconciliation nationale ne pourra réussir que si réellement tous les «courants» sont associés dans le projet. Abordant le parti du FLN, M.Mehri affirmera qu'il a été dévié de sa trajectoire initiale et qui consistait à porter, selon lui, les aspirations du peuple algérien. «Actuellement, le parti est devenu un instrument au service du pouvoir et même moi, qui étais pourtant le premier responsable de ce parti, je n'arrive plus à cerner les contours de l'actuel FLN», assènera-t-il. En abordant la crise en Kabylie, M.Mehri révèlera que le FLN a présenté, en 1993, au Haut comité d'Etat (HCE) un mémorandum proposant une politique nationale des langues et qui aurait pu, d'après lui, régler le problème de la revendication amazighe cette année-là. Le conférencier affirmera que le mémorandum est toujours valable aujourd'hui et peut apporter beaucoup de solutions à la problématique kabyle. En ce qui concerne l'opposition, qui a connu un véritablement «effritement» après la dernière élection présidentielle, M.Mehri s'en défend et affirmera que les forces de l'opposition existent toujours mais en rangs dispersés. Enfin, pour avoir occupé le poste de secrétaire général du congrès arabe, M.Abdelhamid Mehri, en réponse à une question sur la décision du Sommet arabe qui s'est déroulé à Alger et qui préconise l'instauration d'un Parlement arabe, tout en saluant une telle initiative, assénera sèchement qu'en l'état actuel des choses, le futur hémicycle ne reflétera nullement la volonté des peuples. «Les régimes arabes ont besoin de réformes allant dans le sens de la démocratisation», conclut-il en saluant également, au passage, le réchauffement des relations entre l'Algérie et le Maroc qui, d'après lui, ne devraient plus jamais être altérées, cela y va, dira-t-il, de l'avenir du Maghreb arabe.