Selon lui, la phase de la concertation avec les acteurs politiques est dépassée. “Le mouvement citoyen a eu l'engagement de l'Etat de révoquer les “indus élus”. Au cours de la dernière réunion du comité de suivi (tenue mercredi dernier, ndlr), nous nous sommes mis d'accord. L'Etat passera à cette révocation dans quelques jours. Elle est imminente”, a révélé Belaïd Abrika, hier, au Centre international de presse (CIP), laissant entendre sans plus de précision que le décret portant dissolution des APC des localités touchées par le soulèvement populaire de 2001 est sur le point d'être publié, conformément à l'accord du 27 janvier 2004. Invité du forum du quotidien arabophone El Bilad, le porte-parole des archs a passé en revue les chapitres des pourparlers avec le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, autour de la mise en œuvre de la plate-forme d'El- Kseur. Etant au cœur de ce dialogue, l'exigence des archs relative à la révocation des “indus élus” capte l'attention de l'opinion et de la classe politique, dont les formations impliquées dans la gestion des assemblées communales décriée par Abrika et ses compagnons. Comment se fera cette révocation alors que le parti majoritaire, en l'occurrence le Front des forces socialistes, refuse catégoriquement de retirer ses élus de Kabylie ? “La phase de la concertation est dépassée”, avance le délégué de la coordination de Tizi Ouzou, sur la foi des assertions du chef de l'Exécutif. Si, d'après lui, la recherche d'un accord était privilégiée par le gouvernement, ce n'est plus le cas actuellement compte tenu du comportement des élus réfractaires qui, à ses yeux, “manipulent” l'opinion et “poussent les citoyens à casser le dialogue”. Fustigeant sans détour les représentants locaux du FFS, il les accuse d'avoir “détourné la volonté populaire et occulté les besoins des citoyens”. “S'ils sont réellement représentatifs, ils n'auront qu'à se porter candidats aux élections partielles. Leur bilan parlera pour eux. Ont-ils peur de la sanction populaire ?” ironise Belaïd Abrika. Se faisant l'écho de pratiques maffieuses et de passe-droits, il appelle la population locale à se mobiliser contre les “indus élus” tant au plan local que national car, a-t-il rappelé, la révocation ciblera également les députés. “Cette question est tranchée”, martèle le porte-parole des archs. D'autres questions se référant aux incidences préalables à l'application de la plate-forme d'El-Kseur et à celle-ci ont trouvé motif de satisfaction. Il est ainsi de l'annulation des poursuites judiciaires contre les manifestants et les délégués arrêtés durant le Printemps noir. “180 des jeunes ayant pris part à la marche du 14 juin (2001) ont obtenu un non-lieu par le tribunal de Sidi-M'hamed”, soutient Abrika. La mise en œuvre d'un plan d'urgence économique en 17 points, pour l'ensemble des villes sinistrées durant les évènements, figure également dans la liste des acquis grâce à l'installation de commissions dans les wilayas concernées. Cependant, cet inventaire reste incomplet eu égard à l'ajournement d'autres revendications, dont tamazight. Rendant compte de la dernière réunion du comité de suivi, le chef de la délégation des archs note que l'officialisation de tamazight est toujours en discussion. S'il assure que le gouvernement a définitivement abandonné l'option du référendum, il n'évoque aucune autre alternative décidée en commun. Pour le moment, Ahmed Ouyahia se contente d'offrir des gages de bonnes intentions tels que la mise en place d'un haut-conseil pour la promotion de la langue et de la culture amazighs. Cette institution aura-elle vocation de suppléer au Haut-Commissariat pour l'amazighité ? “Peut-être”, répond Abrika. Sans s'arrêter aux détails, il assure que de grands pas ont été franchis par l'Etat dans l'application de la plate-forme d'El-Kseur et son devoir de repentance. “Nous avons enregistré avec satisfaction la reconnaissance de nos martyrs et le pardon demandé par le Chef du gouvernement (lors de son déplacement à Béni Douala en avril dernier où il s'est recueilli sur la tombe de Massinissa Guermah, ndlr)”. À cet égard, le porte-parole de la CADC révèle que deux places sont baptisées à Tizi Ouzou au nom du chanteur Matoub Lounès et des martyrs du Printemps noir. Outre les grands gains, des gestes aussi symboliques ont fini par décrisper les rapports entre les archs et les pouvoirs publics. À la question de savoir s'il acceptait de rencontrer le chef de l'Etat, Abrika se montre disponible. “Si cette affaire — la plate-forme d'El-Kseur — nécessite une rencontre avec le président de la République, le mouvement ne dira pas non”, soutient-il. En attendant, une nouvelle réunion avec le chef de l'Exécutif est fixée pour la fin de la semaine prochaine. Communiqué Dans le cadre de la prise en charge des blessés des évènements du Printemps noir, les personnes dont les noms suivent ci-après sont priées de se présenter en toute urgence à la permanence de la CADC, au plus tard le dimanche 22 mai 2005, afin d'être conduites à leurs rendez-vous médicaux respectifs. Liste des blessés concernés : Aït Youcef Saïd, Bouindour Rabah, Issefsaf Achour, Tayebi Ahmed, Chertouh Salah, Aberkaine Hakim, Ouagni Abderrahmane. S L.