le baril n'a pas son destin en main. Les prix du pétrole qui ont piqué du nez lundi se sont repris hier, mais continuent d'évoluer autour des 56 dollars à Londres. L'organisation des pays exportateurs de pétrole confirme que les cours de l'or noir sont plombés par la reprise de l'activité de forage aux Etats-Unis. «Les ajustements de production de l'Opep et certains producteurs non-Opep ont soutenu le marché, mais ces gains ont été en partie absorbés par une recrudescence de l'activité de forage aux Etats-Unis», a-t-elle indiqué dans son rapport mensuel publié lundi. Le Cartel et ses alliés ont décidé de retrancher du marché près de 1,8 million de barils par jour, ce qui a permis aux prix du pétrole de rebondir et de se maintenir largement au-dessus de la barre des 50 dollars. Une opportunité pour les Américains qui ont opté pour la relance de leur production de pétrole de schiste. Ce qui aura pour conséquence d'alimenter un marché déjà surabondant. «L'offre pétrolière mondiale a fortement diminué en janvier après la mise en oeuvre des accords de limitation de la production, mais la remontée des prix devrait encourager l'activité d'extraction aux Etats-Unis», écrit l'Opep qui estime que «les investissements dans les hydrocarbures de schiste devraient reprendre en 2017, avec une hausse projetée de plus de 35%». La production américaine de pétrole de schiste devrait croître de 100.000 barils par jour à 4,35 mbj, précise le document. La production des pays non-Opep qui doit passer de 0,24 mbj à 57,44 mbj en 2017, demeure toutefois moins importante que celle prévue par le précédent rapport de l'Opep. L'organisation garde cependant le moral. La consommation mondiale de pétrole doit croître de 1,32 million de barils par jour en 2016. De 1,19 millions de barils par jour à 95,81 mbj en 2017 pour atteindre 95,81 millions de barils par jour. Elle sera «soutenue par une économie mondiale plus dynamique, un hiver froid, les ventes de véhicules en Europe et le secteur pétrochimique», annoncent les experts de l'Opep. Une demande plus forte couplée à la réduction de l'offre de l'Opep de l'ordre de 1,2 million par jour à laquelle il faut ajouter celle de ses partenaires de 558 000 barils par jour sera-t-elle suffisante pour juguler l'offensive américaine? Si les avis des observateurs du marché pétrolier restent focalisés sur cette équation, d'autres facteurs qui sont de véritables trouble-fêtes les contraignent à affiner leurs pronostics. «Il y a une certaine pression qui arrive sur le marché avec la hausse du nombre de puits aux Etats-Unis et l'anticipation d'un afflux de pétrole sur le marché», a fait remarquer Andy Lipow de Lipow Oil Associates. L'effet négatif d'un dollar se renforçant pour les matières premières et notamment le pétrole a par ailleurs été mis en exergue par Tim Evans, analyste de la banque Citi. Le brut, libellé en dollars, a tendance à reculer quand le billet vert grimpe car les opérateurs utilisant d'autres monnaies perdent alors du pouvoir d'achat nous explique-t-on. Tous ces paramètres font que le baril tourne en rond. Les prix du pétrole qui ont piqué du nez lundi se sont néanmoins repris, mais continuent d'évoluer autour des 56 dollars à Londres. Hier vers 11h30 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 56,07 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, engrangeant un bond de 48 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de mars se négociait à 53,35 dollars et grappillait 42 cents. «Les cours du pétrole continuent leur parcours en montagnes russes, baissant lundi avant de tenter de se reprendre hier portés par quelques achats à bon compte, mais restant cantonnés dans une fourchette étroite», soulignaient les analystes du second groupe bancaire allemand Commerzbank. C'est dire que le baril n'a pas tout à fait son destin en main.