L'ouverture de la réunion a eu lieu toutefois en l'absence de l'opposition qui refuse d'y participer si ses conditions et ses demandes humanitaires ne sont pas satisfaites. « Demain (hier, Ndlr), nous ne serons pas à Genève. Nous pourrions nous y rendre (ultérieurement), mais nous n'entrerons pas dans la salle des négociations si nos demandes humanitaires ne sont pas satisfaites », a déclaré, jeudi dernier, Riad Hijab, le coordinateur du Haut-comité des négociations (HCN), après une réunion de l'essentiel des groupes de l'opposition dans la capitale saoudienne. » L'opposition est disposée à se rendre à Genève si des mesures sont prises », avec un arrêt des bombardements des zones civiles et un accès aux localités assiégées, a précisé Hijab, rappelant que ces mesures sont prévues par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU. Le HCN insiste, par ailleurs, à être le seul représentant de l'opposition aux pourparlers et a réclamé à l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, des précisions sur « la nature des invitations » adressées à des opposants ne faisant pas partie de cette instance. Parmi eux figure Haytham Manna, coprésident du Conseil démocratique syrien (CDS), une alliance d'opposants kurdes et arabes, qui est déjà à Genève selon des sources médiatiques. Peu auparavant l'annonce de la décision du HCN, M. de Mistura a lancé dans message vidéo un vibrant appel au peuple syrien. « Maintenant, on a besoin de vous entendre interpeller les délégations à la conférence et leur dire qu'ils ne peuvent pas manquer cette occasion », a-t-il dit. De leur côté, les Etats-Unis ont exhorté les opposants réunis à Ryad à se rendre quand même à Genève. « Il s'agit d'une opportunité vraiment historique pour eux d'aller à Genève pour proposer des moyens sérieux, pratiques d'instaurer un cessez-le-feu et d'autres mesures pour créer de la confiance », a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain, Mark Toner, qualifiant toutefois de « légitimes » leurs demandes dans le domaine humanitaire. « Et nous continuons de penser qu'ils devraient la saisir sans conditions préalables », a-t-il ajouté. La communauté internationale compte sur ces pourparlers pour trouver une solution politique à un conflit qui a fait plus de 260.000 morts et déplacé des millions de personnes en cinq ans. Elle y voit aussi un moyen de concentrer les forces sur la lutte contre le groupe Daech. Dans le cadre de ces efforts à trouver une solution au conflit, la Russie a proposé, jeudi dernier, une réunion le 11 février à Munich, en Allemagne, du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS, 17 pays, dont la Russie, les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et l'Iran). Cette rencontre a aussi été annoncée la semaine passée par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Le GISS s'est réuni à trois reprises fin 2015 à Vienne et à New York et a accouché d'une feuille de route de sortie de crise pour la Syrie. Ce document a été validé par le Conseil de sécurité de l'ONU le 18 décembre par la résolution 2254, prévoyant un cessez-le-feu, un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois.