Les maquis de la Mitidja restent encore assez risqués pour que la pression de l'ANP se relâche. Dix jours après le massacre perpétré par un groupe armé sur les hauteurs de Larbaâ, et qui a coûté la vie à une quinzaine de citoyens, les unités de l'armée continuent de maintenir la pression sur les maquis des environs, où on a de fortes présomptions que les hommes armés, auteurs du faux barrage meurtrier, s'y trouvent encore. Ce sont les maquis de Oued Djemaâ, Souhane, Tablat, Tamezguida (de Rovigo) qui sont les plus soumis au «rouleau compresseur» militaire. Partout, entre Larbaâ et Tablat, des miradors en béton armé sont perchés sur les crêtes pour surveiller une des zones les plus imprévisibles en Algérie depuis près de 25 ans (n'oublions pas que Mustapha Bouyali y avait établi ses maquis dès 1980-81). Le faux barrage sanglant a relancé le débat sur l'inquiétante présence du GIA dans l'Algérois, au moment où on y pensait le moins et au moment où la tendance est excessivement centrée sur une amnistie dont personne ne maîtrise ni l'enjeu ni les contours. Le lendemain matin même de l'attentat de Larbaâ, on pouvait voir se déployer des unités de l'armée appuyées de brigades de la Gendarmerie nationale. C'est le commandant de la Région militaire qui supervise les opérations, mais il faut compter plusieurs jours avant que les premiers résultats ne viennent sanctionner des ratissages de ce genre. Les responsables des services de sécurité de la région rappellent que la zone Meftah-Larbaâ-Rovigo n'a jamais connu de longues périodes d'accalmie, et que des groupes armés ont continué à s'y aventurer malgré qu'ils y aient perdu pied depuis 2002. Les assassinats ont continué à y être perpétrés à un rythme, certes, lent, mais régulier. Vers la fin de l'année, le groupe de Meftah, constitué de quatre personnes, est neutralisé le 11 novembre, et les quatre corps identifiés: Riche Abdelkader, Bouriah, Abassi et Bakir. Au début de l'année 2004, plusieurs cellules qui ont pu s'infiltrer dans la capitale, sont neutralisées à Chéraga, Bab Ezzouar, Belcourt et Hamiz. Les activistes restants se replient vers les hauteurs de Larbaâ où, de nouveau, on enregistre de nouveaux actes de violence, dont le plus atroce est celui qui a ciblé des paysans sur les hauteurs de Rovigo, et dont les corps ont été éventrés et bourrés d'explosifs. En fin 2004, «le GIA est anéanti», constate le ministère de l'Intérieur, après la mort ou la capture de chefs de l'organisation comme Bechroul Farid (liquidé par ses pairs), Abou Tourab qui avait remplacé, en février 2002, Antar Zouabri, Boudiafi Noureddine, alias Noureddine RPG, et Guechmiti Redouane dit Moussaâb ou encore Chouaïb. Dès lors, on estimait le GIA à une trentaine de rescapés («trois douzaines», précisera le ministre de l'Intérieur) et son aire d'activité entre Tala Acha, à Chréa, et Kouacem, entre Chlef et Tissemsilt. Mais il s'avère qu'on a affaire à des groupes mobiles, actifs et qui font vite de se replier vers la Mitidja, où à partir de Larbaâ, Bougara (ex-Rovigo) et Meftah, ils lancent des opérations, planifient et se «renouvellent». Zone de transhumance du GIA comme du Gspc, la région de Tablat n'offre que peu de «lectures sécuritaires». D'un côté, on estime qu'il s'agit d'une cellule réduite du GIA qui mène les attaques après de longues «périodes d'hibernation», d'un autre, des responsables sécuritaires pensent qu'il s'agit de nouvelles alliances contractées par le Gspc avec les GIA locaux de la Mitidja, les rescapés du GIA et le groupe du Gspd, de l'énigmatique et fantomatique Abdelkader Souane. Quelle que soit la tendance politique, pour l'ANP le problème reste simple : faire échec à toute tentative terroriste et ne jamais relâcher la pression.