42 morts dans ces attaques contre les sièges de la Sûreté et des Renseignements à Homs Cette opération vise à dynamiter le processus des négociations engagé par la Russie et l'Iran, soutiens du régime syrien et la Turquie, allié des groupes rebelles, à Astana, au Kazakhstan, en janvier dernier et poursuivi actuellement à Genève, sous l'égide de l'ONU. Profitant du relâchement induit par la tenue des quatrièmes pourparlers inter-syriens de Genève et de l'arrêt des bombardements des positions rebelles par l'aviation syrienne, à la demande de la Russie, le groupe Fateh al Cham, anciennement Al Nosra inféodée à Al Qaïda, a revendiqué la série d'attentats qui ont endeuillé la Syrie hier matin. Plusieurs kamikazes se sont fait exploser à hauteur de deux sièges de la sécurité, dans la ville de Homs, faisant 42 morts parmi lesquels le chef du renseignement militaire. Cette opération vise à dynamiter le processus des négociations engagé par la Russie et l'Iran, soutiens du régime de Bachar al Assad, et la Turquie, allié des groupes rebelles, à Astana, au Kazakhstan, en janvier dernier, et poursuivi actuellement à Genève, sous l'égide de l'ONU, dont Fateh al Cham est exclu au même titre que l'EI. Fateh al Cham qui s'est efforcé pendant plusieurs semaines de dissuader le plus grand nombre de groupes armés de participer à ces négociations cherche clairement à torpiller les efforts laborieux des participants à la rencontre de Genève. En ciblant le siège du service de la Sûreté de l'Etat ainsi que celui du Renseignement militaire, au coeur même de Homs, troisième ville du pays contrôlé par le gouvernement du président Bachar al Assad, Fateh al Cham escompte une riposte à la hauteur de ces opérations imprévisibles, riposte qui aura pour conséquence de radicaliser de nouveau les factions qui ont répondu à l'appel des parrains du processus d'Astana. Dans la foulée, il va également tirer profit du fait que, parmi les victimes, figure le chef des Renseignements militaires de la région, Hassan Daaboul, proche du chef de l'Etat syrien et figure importante des services spéciaux syriens. Un des kamikazes qui ont procédé aux attentats était spécialement chargé de viser le général Daaboul, tandis que les autres ont mitraillé les gardes des deux sièges attaqués puis se sont fait exploser, à intervalles calculés, quand les combats ont atteint leur paroxysme. Selon la télévision syrienne, les affrontements ont duré environ deux heures dans les quartiers de la Ghouta et de Mahatta où se situent les deux sièges ciblés. Dans le communiqué de revendication, Fateh al Cham affirme que «cinq kamikazes ont pris d'assaut les sièges de la Sûreté d'Etat et des Renseignements, tuant plus de 40 personnes dont Hassan Daaboul». Ayant officiellement renoncé à son affiliation à Al Qaïda et changé son appellation en Fateh al Cham, l'an dernier, l'ex-Al Nosra qui espérait figurer dans la liste des parties invitées aux pourparlers et n'a pas admis de figurer dans celle des organisations terroristes établie par l'ONU s'est brutalement imposé aux autres groupes comme Ahrar al Cham et dicte sa loi, notamment à Idlib. Il est, de fait, le deuxième mouvement terroriste en Syrie après Daesh et se veut le principal allié des formations rebelles en lutte contre le régime du président Bachar al Assad. La guerre d'influence qui oppose Fateh al Cham à Ahrar al Cham, principalement à Idlib, a connu d'intenses combats en janvier dernier, tandis que les alliances se font et se défont de part et d'autres, au gré des rapports de force. Au cours des dernières semaines, les affrontements ont engendré une scission en deux blocs majeurs, les groupes armés hostiles au processus des pourparlers ayant fusionné avec Fateh al Cham pour constituer une nouvelle entité terroriste baptisée «Tahrir al Cham» dont l'hostilité est déclarée envers la coalition dirigée par les salafistes d'Ahrar al Cham.Ces attentats vont indubitablement avoir des conséquences sur le 4ème round des négociations de Genève où l'ONU tente de concilier les positions du gouvernement syrien et de l'opposition, dans un climat de scepticisme général nourri par les trois échecs précédents.Le message de Fateh al Cham ne concerne pas seulement le régime du président Bachar al Assad. A l'instar de l'EI, ce groupe tente de démontrer à l'opposition «modérée» autant qu'à la communauté internationale qu'il ne sert à rien de tenter de l'écarter d'une solution à laquelle il n'aurait pas donner son quitus. Comme en écho à l'attentat de l'EI à Al Bab, dans le nord du pays, qui a fait une soixantaine de victimes, les attaques kamikazes de Fateh al Cham prouvent que la guerre contre le terrorisme, en Syrie comme en Irak, est loin d'être terminée. C'est ce qu'a sans doute indiqué le général Joseph Votel, commandant des opérations militaires américaines au Moyen-Orient, durant sa visite hier en Syrie pour y rencontrer des dirigeants des Forces démocratiques syriennes (FDS). Cette visite secrète du chef du (Centcom) constitue une première depuis l'investiture du président Donald Trump. Alliés sous la bannière des FDS, des éléments arabes et kurdes luttent combattent Daesh depuis plus d'un an, dans le nord de la Syrie, appuyés par la coalition internationale que conduisent les Etats-Unis. Leur principal objectif, fief majeur de l'EI, est la ville de Raqqa où ils se heurtent à une farouche résistance du groupe terroriste, malgré les blindés fournis par les Américains début février. Mais là encore, la grande inconnue concerne le rôle de la Turquie, hostile aux velléités kurdes, et ses menaces sur Manbij que Washington aurait promis de contrecarrer. Une option qui ne laissera sûrement pas le président Erdogan de marbre...