La nouvelle a déstabilisé les milieux politiques anglais à quelques jours des élections législatives. La Grande-Bretagne a raté «son 11 septembre», et «son Madrid» en évitant miraculeusement une attaque terroriste au poison. Un Algérien de 32 ans présumé islamiste, Kamel Bourgas, et ses complices d'Al Qaîda, voulaient s'en prendre au Heathrow Express, en étalant de la ricine, un poison potentiellement mortel, sur les poignées, les rambardes et les toilettes du train reliant Londres à l'aéroport, a rapporté le journal anglais, le Sunday Telegraph, dans son édition d'hier. La révélation a été retardée d'une semaine par les services de sécurité britanniques par peur de semer la panique au niveau des transports publics. Mercredi dernier, Kamel Bourgas, a été condamné à 17 ans de prison pour ce complot terroriste, à l'issue d'une enquête menée à travers une quinzaine de pays et ayant mobilisé plus de 800 policiers en Grande-Bretagne. S'appuyant sur des témoignages de Mohammed Meguerba, détenu par les services de sécurité algériens, un autre quotidien britannique, The Guardian, a rapporté en détail les péripéties de cette affaire qui a secoué les milieux politiques londoniens à dix-sept jours des élections législatives. Selon le journal, M.Meguerba est le seul à soutenir que l'attaque est liée au réseau de Ben Laden, Al Qaîda, plutôt que d'être le résultat d'un plan isolé concocté par le seul Kamel Bourgas. Meguerba a prétendu avoir été formé dans les camps d'entraînement afghans durant l'été de 2002, soit un mois après que les USA aient évincé les talibans du pouvoir. Selon des comptes rendus de son interrogatoire, rapporté par le même journal, le détenu d'Alger a affirmé que «le vrai nom de Bourgas est Nadir, il a préparé les poisons à partir de l'huile de ricin et d'autres alcools industriels...» avant d'avouer que «c'était Bourgass qui lui a donné les recettes du poison à la ricine» Mohammed Meguerba, un vendeur «de bonbons» au sud de Londres, a été arrêté en Grande-Bretagne en septembre 2002. Libéré quelques jours plus tard, pour manque de preuves, il se retrouve le mois suivant à Liverpool, s'envole en Espagne et regagne le Maroc avec un faux passeport avant d'être détenu en décembre 2002 puis extradé à Alger. En octobre 2003, ajoute le quotidien, la Grande-Bretagne a obtenu l'autorisation des services algériens d'interroger Mohammed Meguerba. Selon le même journal, trois officiers de lutte antiterroriste et un agent MI5 l'ont interviewé, mais seulement en présence de trois officiers de sécurité et d'un magistrat d'investigation algériens. La Grande-Bretagne a dû communiquer au préalable les questions qu'elle a voulu poser au détenu algérien, relève la même source. Mohammed Meguerba a informé que lui et Bourgas ont fabriqué deux pots du ricin dans des fioles de Nivea. La police n'a pas trouvé les deux pots, alors que les recettes de poison écrites par Bourgas ont été trouvées dans son appartement à Londres. Lesquelles recettes étaient de façon saisissante semblables aux formules trouvées par l'armée américaine dans une cache d'Al Qaîda à Kaboul en 2001. D'autre part, un expert, journaliste indépendant, Duncan Campbell, a indiqué que les recettes trouvées dans l'appartement étaient les copies exactes de celles sur un site Internet californien. L'huile de ricin qui sert à fabriquer le poison mortel est obtenue à partir de haricots écrasés. Ingurgité, inhalé ou injecté, il peut mener à des perturbations respiratoires aiguës mortelles entre 36 à 72 heures. Pour convaincre les membres du conseil de sécurité à soutenir la guerre en Irak, l'ancien secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a averti contre une attaque terroriste au ricin en Grande-Bretagne dans son discours de février 2003 au Conseil de sécurité des Nations unies alléguant des liens entre l'Irak et Al Qaîda.