Sommet de l'Opep à alger le 28 septembre 2016 Les cours de l'or noir opposent cependant une bonne résistance et s'affichent au-dessus des 55 dollars à Londres. La première économie de la planète pèse de façon incontestable sur le marché pétrolier. Lorsque ce n'est pas à travers le billet vert c'est par le biais de sa capacité de production qu'elle l'influence. C'est le cas actuellement. Les stocks américains ont, en effet, encore progressé la semaine dernière. «Les raffineries ont continué d'augmenter la cadence de leur production, mais une hausse des importations a contrebalancé cet effort. A 9,03 millions de barils par jour, la production américaine atteint son niveau le plus élevé en un an», ont relevé les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. Les prix ont accusé le coup. Pas au point de s'effondrer cependant. Il n'empêche que des «informations» persistantes font cas d'appréciations nouvelles concernant l'efficacité de la baisse de la production de l'Opep et de ses alliés qui ont décidé le 10 décembre dernier de réduire leur offre de près de 1,8 million de barils par jour pour rééquilibrer le marché et faire remonter le niveau du coût du baril. Une initiative qui a pu voir le jour suite à l'accord «historique» conclu le 28 septembre 2016 à Alger lors d'un sommet de l'Opep tenu en marge du 15ème Forum de l'Energie. Entré en action depuis le 1er janvier 2017 il était annonciateur d'un rééquilibrage du marché progressif, mais incontestable. Les pays qui se sont engagés à réduire leur offre ont scrupuleusement respecté leur promesse. L'Agence internationale de l'énergie avait même évoqué «un taux de conformité initial record». «Cette première coupe est certainement l'une des plus importantes, jamais réalisée dans l'histoire des initiatives prises par l'Opep pour réduire sa production», avait souligné, le bras énergétique armé des pays de l'Ocde dans son rapport mensuel, publié le 10 février. «Au total, la production mondiale de pétrole a chuté de près de 1,5 million de barils par jour (mbj) en janvier par rapport au mois précédent, à 96,4 mbj», ont ajouté les experts de l'AIE qui table sur une demande plus rigoureuse. Que s'est-il passé depuis pour que l'accord d'Alger soit menacé? Que la baisse de la production des pays Opep et hors Opep soit perçue comme ayant atteint ses limites? Les experts redoutent, en priorité, une nette reprise de la production de pétrole de schiste américain, encouragée par des cours de l'or noir qui ont repris des couleurs. Elle contribuerait à saturer davantage le marché. Les réserves commerciales de brut ont monté de 1,5 million de barils sur la semaine aux Etats Unis pour atteindre 520,2 millions de barils au 24 février indiquent des données hebdomadaires du département de l'Energie américain (DoE) publiées le 1er mars. La hausse des stocks américains met en exergue les limites de l'accord de l'Opep de baisse de sa production, conclu fin 2016 pour abaisser les réserves mondiales et rééquilibrer le marché, sur lequel pèse une abondance de l'offre font constater les spécialistes. A cela il faut ajouter les chiffres publiés jeudi par le ministère russe de l'Energie, rendus publics le 2 mars par le ministère russe de l'Energie qui laissaient entendre que la production du pays est restée inchangée en février. La Russie a-t-elle rompu son engagement à réduire son offre de 300 000 barils par jour? Le marché s'interroge et réagit plutôt mal. «Le marché n'a pas bien pris l'annonce que la production russe est restée au même niveau en février en janvier: cela montre que l'accord avec l'Opep n'y a pas été respecté plus avant», fait remarquer Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. «On se remet à se poser des questions sur l'accord entre l'Opep et d'autres pays», renchérit John Kilduff, d'Again Capital. A ces éléments sur la Russie et l'Opep, «s'ajoutent le fait que les réserves de brut ont encore monté aux Etats-Unis», a t-il souligné. Un ensemble de facteurs qui ont participé au recul des prix qui se sont toutefois repris. Hier vers 12h00 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s'échangeait à 55,29 dollars. Une hausse de 51 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat d'avril grignotait 15 cents pour se négocier à 52,76 dollars. Le baril est certes chahuté, mais tient bon pour le moment.