Les cours du pétrole ont un peu reculé jeudi à New York en dépit d'une nette réduction du nombre de puits en activité aux Etats-Unis, le marché restant déprimé par les énormes excédents. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a perdu 33 cents à 39,46 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), au dernier jour d'une semaine d'échanges écourtée par le Vendredi saint. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance a perdu juste 3 cents à 40,44 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). En baisse plus prononcée à l'ouverture, les cours ont réduit leurs pertes dans l'après-midi. Il y a 15 puits en activité de moins (que la semaine dernière aux Etats-Unis), cela vient un peu soutenir le marché malgré les horribles chiffres d'hier sur les stocks de brut aux Etats-Unis, a expliqué Andy Lipow, chez Lipow Oil Associates. Le nombre de puits en fonctionnement, publié en début d'après-midi par la société de services pétroliers Baker Hughes, est de nature à rassurer un marché qui voudrait voir baisser plus rapidement la production américaine, obstinément calée au-dessus de 9 millions de baril par jour en dépit de petites baisses hebdomadaires récurrentes. Le marché essaie de se reprendre mais il va rester lesté par le haut niveau des stocks, en l'absence de mesure concrète prise par les producteurs de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et hors Opep pour faire baisser la production, a ajouté M. Lipow. Pour Bart Melek, chez TD Securities, les excédents chroniques que nous connaissons depuis 2014 vont persister au deuxième trimestre 2016, et avec eux les doutes sur un gel de production vont sans doute continuer à saper l'optimisme des investisseurs. Du côté des stocks, les réserves de brut aux Etats-Unis ont affiché un bond de 9,4 millions de barils durant la semaine achevée le 18 mars, quatre fois plus important que ne l'anticipaient les experts interrogés par l'agence Bloomberg, selon les chiffres du ministère américain de l'Energie publiés mercredi.
Gel de production Pour ce qui est d'un gel de production, dont l'évocation depuis février a permis aux cours de bondir de quelque 50%, il semble encore incertain en dépit des préparatifs d'une réunion entre producteurs de l'Opep et hors Opep prévue le 17 avril à Doha. Cette possibilité d'une limitation de l'offre a été intégrée dans les prix du marché mais il semble qu'on soit encore loin d'une réduction (de la production), commentait Jasper Lawler, chez CMC Markets. Le ministre de l'Energie russe a dit qu'il était +techniquement possible+ que la Russie réduise sa production de 5%. Que la Russie +ait la capacité de+ réduire sa production peut paraître évident mais le climat rigoureux de la Sibérie limite la rapidité avec laquelle cela peut être fait, poursuivait l'analyste. Pour Andy Lipow, la production russe va décliner naturellement en raison de la baisse des investissements, mais je ne crois pas qu'elle va baisser volontairement, a-t-il dit, ne croyant pas à une baisse d'une telle ampleur. Par ailleurs, la nette appréciation du dollar, qui a bénéficié ces derniers jours de propos rassurants de plusieurs dirigeants de la Réserve fédérale américaine (Fed) sur la normalisation de la politique monétaire des Etats-Unis, a accentué la pression à la baisse sur les prix du pétrole. Tout renforcement du billet vert pèse en effet sur les prix du pétrole, dont les échanges sont libellés en dollars, en pénalisant les investisseurs munis d'autres devises.
Baisse des cours en Asie Dans les échanges matinaux en Asie, les cours du pétrole étaient mitigés, le baril WTI reculant du fait de l'augmentation des réserves américaines, qui fait craindre que la situation de surabondance de l'offre ne perdure. Les cours du brut ont plongé depuis juin 2014, quand le baril se négociait 100 dollars, la faute à une offre excessive que ne parviennent plus à absorber des économies mondiales en plein ralentissement. L'or noir, qui avait touché des plus bas de 13 ans en février, reprend des couleurs ces derniers temps, porté par les espoirs de voir les grands producteurs se mettre d'accord pour limiter l'offre. Mais les Etats-Unis ont fait état mercredi d'une très forte hausse de ses stocks de brut lors de la semaine achevée le 18 mars, encore plus importante que celle qu'avait anticipée la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API). Les réserves commerciales de brut ont augmenté de 9,4 millions de barils pour atteindre 532,5 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur une progression de seulement 2,525 millions de barils. La hausse des réserves américaines est généralement le signe d'une demande qui marque le pas dans la première économie mondiale, ce qui pèse sur les cours. Vers 02H45 GMT, le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai cédait 11 cents à 39,68 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en mai gagnait 4 cents à 40,51 dollars. La veille, le WTI avait perdu 1,66 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) et le Brent 1,32 dollar sur l'Intercontinental Exchange (ICE). "Cette forte augmentation des réserves de brut laisse vraiement penser que, bien que les choses se soient améliorées, la situation de l'offre demeure déséquilibrée", a déclaré Michael McCarthy, analyste de CMC Markets basé à Sydney. "Les chiffres sont élevés et le marché ne peut pas les ignorer".
Découverte d'un nouveau champ pétrolier au Koweït Le Koweït, riche pays pétrolier du Golfe, a annoncé jeudi la découverte d'un nouveau champ de pétrole et de gaz dans l'ouest de l'émirat. Dans un communiqué, l'entreprise publique Kuwait Oil Company (KOC) précise que des tests de forage en cours dans le nouveau champ à Al-Jathathil sont encourageants et d'une importante rentabilité économique. La quantité de pétrole et de gaz tiré du champ devrait doubler après la fin des tests, a ajouté le P-DG Jamal Abdel Aziz Jaafar, cité par l'agence officielle Kuna. Il n'a fourni aucune indication ni sur le débit des tests, ni sur les réserves que renfermerait le nouveau champ. Le sous-sol du Koweït, qui produit quelque 2,8 millions de barils/jour de brut, recèle jusqu'ici des réserves pétrolières de 101,5 milliards de barils, soit 6,8% des réserves mondiales prouvées, selon des estimations de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Hausse des stocks américains Les stocks de pétrole brut ont de nouveau battu un record la semaine dernière aux Etats-Unis en progressant bien plus que prévu, selon des chiffres publiés mercredi par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 18 mars, les réserves commerciales de brut ont augmenté de 9,4 millions de barils pour atteindre 532,5 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur une progression de seulement 2,525 millions de barils. La hausse annoncée par le DoE est encore plus importante que celle qu'avait anticipée la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API), qui avait dit mardi soir tabler sur une progression de 8,8 millions de barils. A ce palier, les réserves commerciales américaines de brut restent à un niveau sans précédent depuis le début des statistiques hebdomadaires du DoE, en 1982. En ce qui concerne ses chiffres mensuels, il faut remonter à 1930 pour retrouver un niveau aussi élevé aux Etats-Unis. Elles ont avancé de 14,1% par rapport à la même période de 2015 et sont à des niveaux historiquement élevés à cette époque de l'année, comme l'a noté le DoE. De leur côté, les stocks d'essence ont reflué nettement plus que prévu, perdant 4,6 millions de barils. L'API avait prévu un recul de 4,3 millions de barils, et les experts de Bloomberg de seulement 2,2 millions de barils. Ils restent tout de même bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette époque de l'année, et s'affichent en hausse de 5% par rapport à la même période en 2015. En revanche, les réserves de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène, etc.) ont progressé contre toute attente de 900 000 barils, alors que l'API attendait un reflux de 400 000 barils et les experts de Bloomberg de 650 000 barils. Elles progressent de 28,9% par rapport à l'an dernier et restent au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette période de l'année.
La production toujours au-dessus de 9 mb/j La production américaine, très surveillée par les analystes, a encore baissé en reculant de 30 000 barils par jour, mais reste au-dessus du seuil psychologique des 9 millions de barils par jour (mb/j), à 9,038 mb/j. Egalement suivies de près, les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud), qui servent de référence au pétrole échangé à New York et sont proches de leur capacité maximum, ont baissé de 1,3 million de barils à 66,2 millions de barils. C'est très proche du reflux de 1,4 million de barils qu'avait anticipé l'API. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont augmenté de 6,9 millions de barils. Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 19,4 mb/j de produits pétroliers, soit 1,6% de plus que l'année précédente à la même époque. Durant la même période, la demande de produits distillés a baissé de 8% mais celle d'essence a grimpé de 7%, dans les deux cas sur un an. Les raffineries américaines ont un peu ralenti la cadence, fonctionnant à 88,4% de leurs capacités contre 89,0% la semaine précédente.