L'armée nationale, un bouclier infranchissable Le rapport du Centre international de lutte contre le terrorisme (Iccft) note que seuls deux Algériens figurent parmi les terroristes de Daesh qui ont mené des attaques du 1er décembre 2015 au 30 novembre 2016. La colonne vertébrale brisée, les réseaux de soutien détricotés et le socle idéologique extirpé de sa couverture politique, l'islamisme armé n'a plus pignon sur rue en Algérie. Après vingt ans de lutte, les services de sécurité algériens ont gagné la bataille. En 2017, il n'y a plus en Algérie que des desperados qui croient encore au djihad. Les communiqués du ministère de la Défense nationale sont instructifs à plus d'un titre. L'âge des terroristes abattus dépasse la trentaine. Ils ont tous rejoint le maquis au milieu des années 1990. Il n'y a pas de renouvellement d'effectifs, sinon très peu. On n'est plus à l'époque où des milliers de terroristes armés écumaient les maquis allant jusqu'à accrocher des convois de l'ANP. Cela d'une part, d'autre part, on remarque l'assèchement des réseaux d'approvisionnement en armes. Les mêmes communiqués du MDN donnent un aperçu des armes saisies: des fusils de chasse, quelques Kalachnikov, sans plus. On en déduit que les arsenaux de guerre provenant de la Libye et du Mali n'arrivent plus au Nord. Les réseaux d'approvisionnement sont coupés. Les terroristes ne sont donc plus dans une logique d'attaque, mais de survie. Ce qui constitue un élément d'analyse très important de la situation sécuritaire en Algérie au moment où les pays voisins redoutent au plus haut point un reflux terroriste de la Libye, de la Syrie. L'on comprend maintenant le travail titanesque abattu par les éléments de l'ANP aux frontières où il n'y a pas un jour qui passe sans que l'on nous annonce la saisie d'un arsenal de guerre. Cela signifie également que le bouclage des frontières a donné des résultats probants sur le terrain des opérations. Il y a eu plusieurs tentatives d'infiltration des éléments Daesh par la frontière ouest tunisienne où l'armée a accroché à plusieurs reprises ces groupes terroristes. Le rapport du Centre international de lutte contre le terrorisme (Iccft), basé à La Haye, publié en février dernier est éloquent à ce titre: seuls deux Algériens figurent parmi les terroristes de Daesh qui ont mené des attaques du 1er décembre 2015 au 30 novembre 2016. L'étude montre que la majorité des assaillants provient du Tadjikistan, d'Arabie saoudite, du Maroc, de la Tunisie et de la Russie. Parmi les 186 terroristes étrangers qui ont commis des attentats durant cette période, deux d'entre eux étaient de nationalité algérienne. Selon l'Icct, les Tadjiks restent cependant les plus représentés parmi les kamikazes étrangers avec 27 ressortissants auteurs d'attentats suicides. Viennent ensuite les Saoudiens et les Marocains (17 terroristes chacun), les Tunisiens (14), les Russes (13) et les Egyptiens (11). Deux tiers de ces attaques ont été menées en Irak et 24% en Syrie, notamment dans la province d'Alep. L'Algérie se classe donc presque en dernière position loin, derrière la Chine. Oui, Daesh recrute désormais en Chine et ce qui est de très mauvais augure, même si la communauté musulmane en Chine ne dépasse pas les 22 millions. A maintes reprises Daesh a tenté de s'implanter en Algérie, mais sans succès. «Il y a une crise systémique des groupes terroristes en Algérie. Ils n'ont pas d'adhésion populaire. Al Qaïda, qui a hérité des réseaux MIA, GIA et les autres, n'arrive pas à recruter. Je ne vois pas comment une organisation qui est à l'extérieur de l'Algérie puisse venir y recruter des Algériens», explique Akram Kharief, journaliste spécialisé en questions de défense et de sécurité. C'est également parce que les services de sécurité aguerris ont acquis une grande expériences de lutte. Au Sud, l'armée se redéploie, assèche les points d'eau, exerce un contrôle rigoureux sur les passages du trafic de carburant et de contrebande détruisant ainsi les connexions. La présence massive des troupes le long des frontières avec la Libye et les pays du Sahel a paralysé les mouvements des terroristes. Au niveau des massifs montagneux, l'armée s'est également grandement adaptée. De 1990 à 2000, les terroristes avaient l'avantage du terrain. Insaisissables, ils avaient leurs casemates pour échapper à l'artillerie et à l'action des blindés. Toute offensive de l'armée très diminuée en termes d'observation aérienne. Il a fallu des opérations d'infiltration, de l'exploitation du renseignement, des actions qui ont duré des années coûteuses en matériel et en effectifs. Dans un travail plus minutieux, plus poussé, l'armée passe à un autre stade. Le rapprochement entretenu par l'ANP et les populations, notamment durant les dernières intempéries, a donné des fruits probants. Il a permis de resserrer les rangs et renforcer la confiance entre les populations et son armée, ce qui n'est pas un mince acquis face à la machine de propagande islamiste sur les réseaux sociaux. Il va falloir maintenant entretenir cet acquis par un front médiatique national contre l'extrémisme religieux.