Bête noire du trône marocain, il aura jusqu'au bout incarné l'option d'une solution juste qui puisse garantir le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui via un référendum. C'était prévisible. La fin de mandat de l'ancien secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon devait signer la fin de mission de son représentant personnel pour le Sahara occidental. Christopher Ross a donc souhaité ne pas rempiler. Il l'a fait savoir à son nouveau patron. «Il a d'ores et déjà communiqué à Antonio Guterres qu'il ne souhaite pas renouveler» son mandat qui expire à la fin du mois de mars 2017 affirment des sources diplomatiques à New York citées par le quotidien national électronique TSA. La décision de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental avait été précédée par des bruits de couloir colportés par les médias du royaume, qui le donnaient partant. «Ross, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Alger, ne se rend plus au siège de l'ONU à New York, où il dispose d'un bureau et de collaborateurs dûment désignés pour l'aider à accomplir ses tâches de facilitateur des négociations sur le dossier saharien.», écrivait le 2 mars, sur son site, le 360 sur la base d'informations qu'il soutient avoir glanées auprès de sources onusiennes. C'est sans doute de guerre lasse que Christopher Ross rend le tablier. Le pouvoir marocain n'a eu de cesse de lui mettre les bâtons dans les roues. Nommé envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental en janvier 2009, il a réussi à organiser neuf rounds de pourparlers informels dont le dernier s'est tenu entre le 11 et le 13 mars 2012 aux Etats-Unis, à Greentree, Long Island, près de New York. Sans progrès notoire. Depuis, c'est l'impasse. Christopher Ross n'étant pas en odeur de sainteté au Maroc. Rabat a décidé de lui retirer sa confiance de façon unilatérale. Ses déclarations ont été jugées de «partiales et déséquilibrées» par le pouvoir marocain. «Les comportements contrastés de M.Ross s'écartent des grandes lignes qui ont été tracées par les négociations au Conseil de sécurité. Pour cela, le Maroc a décidé de retirer sa confiance à l'émissaire de l'ONU au Sahara occidental», avait fait savoir le gouvernement marocain au mois de mai 2012. «M.Ross s'est éloigné du mandat qui lui a été confié par le secrétaire général de l'ONU en sa qualité de facilitateur et qui consiste à aider les parties à parvenir à une solution politique», avait ajouté Youssef Amrani, ministre délégué marocain aux Affaires étrangères à l'époque. Le rapport du diplomate américain présenté au Conseil de sécurité a mis hors de lui le Palais royal. Qu'a-t-il donc écrit? Le document faisait état de l'extraction d'aveux de Sahraouis, sous la torture, par les forces marocaines et mettait en exergue les difficultés rencontrées par la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). «J'ai présenté dans mon rapport (examiné par le Conseil de sécurité, ndlr) une série de défis qui démontrent que la Minurso n'est ni dans la capacité d'exercer pleinement ses fonctions de surveillance, de maintien de la paix et d'observation ni ne dispose de toute l'autorité pour contrecarrer l'effritement de son rôle...», avait déclaré l'ex-SG de l'ONU, le 17 avril 2012. Un crime de lèse-majesté. La guerre est déclarée. Christopher Ross sera désormais dans le collimateur du souverain marocain. Il sera à nouveau la cible d'une campagne d'une férocité sans précédent après que Ban Ki-moon a annoncé son retour dans la région. «J'appelle instamment toutes les parties dans la région et au sein de la communauté internationale la plus large de tirer profit des efforts intensifs (menés) par mon envoyé personnel (Christopher Ross) pour faciliter le lancement de vraies négociations dans les prochains mois», avait déclaré le prédécesseur d'Antonio Guterres, le 4 novembre 2015, à partir de New York. Le pouvoir marocain a encore une fois perdu les pédales. «Il n'a rien à faire ici bien sûr. C'est hors de question qu'il se réunisse avec qui il veut à Laâyoune», avait répliqué le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, dans un entretien accordé à l'agence de presse espagnole EFE en marge de la visite de Mohammed VI à Laâyoune (capitale occupée du Sahara occidental) où il avait célébré le 40ème anniversaire de l'invasion du Sahara occidental. Le temps allait donner raison au diplomate américain, la Minurso n'allait pas seulement être empêchée d'accomplir sa mission. Elle allait être tout simplement décapitée. Le monarque alaouite décidera d'expulser sa composante civile après que Ban Ki-moon a qualifié la présence marocaine d' «occupation» lors de la visite qu'il a effectuée, dans la région, au mois de mars 2016. Une autre embûche qui compliquera davantage la mission de M.Ross. Bête noire du trône marocain il aura, de toutes les façons, incarné jusqu'au bout l'option d'une solution juste qui puisse garantir le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui.