Le candidat de la droite, François Fillon, qui a rendez-vous demain avec les juges - pour une éventuelle mise en examen - est de plus en plus empêtré dans les affaires Le candidat de la droite François Fillon peine à recentrer sa campagne sur les questions politiques, avec sa prochaine convocation chez les juges demain et de nouvelles révélations sur ses costumes de luxe, à moins de six semaines du premier tour de la présidentielle française. L'ancien Premier ministre qui avait prévu hier une série d'interventions sur son programme s'est dit victime d'une «chasse à l'homme» en accusant les journalistes de «fouiller ses poubelles». Le journal JDD a révélé hier que ses factures chez un tailleur parisien des quartiers chics avaient été réglées pour partie par un homme d'affaires dont le nom n'est pour l'instant pas connu. «On a quand même encore le droit de recevoir des cadeaux dans cette société», a insisté, excédé, M.Fillon, dans un entretien radio à l'origine programmé pour parler de son programme. A propos de sa prochaine convocation chez les juges du parquet financier chargés d'enquêter sur des soupçons d'emplois fictifs visant sa famille, M.Fillon a répondu: «On ne peut pas dire que je m'y rende avec plaisir. Depuis le début je ne suis pas traité comme un justiciable comme les autres». L'enquête ouverte pour «détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et/ou recel, trafic d'influence, manquements aux obligations de déclaration» de patrimoine concerne notamment les centaines de milliers d'euros de salaires versés sur des deniers publics, à sa femme et deux de ses enfants pour des emplois d'assistants parlementaires. Son épouse Penelope, 62 ans, est quant à elle convoquée chez les juges le 28 mars. Alors que cette affaire pourrait, comme il l'a lui-même reconnu, conduire à son inculpation, M.Fillon, 63 ans, reste déterminé à mener bataille «pour la victoire». Il est pour l'heure devancé par la patronne de l'extrême droite Marine Le Pen et le centriste Emmanuel Macron, tous deux donnés en tête du premier tour - et donc en duel au second tour le 7 mai - par les sondages actuels. Ses démêlés judiciaires ont tellement polarisé la campagne que les autres candidats se sont plaints de voir le débat politique confisqué. L'affaire est partie d'un article du Canard enchaîné, l'hebdomadaire satirique de la politique française depuis plus d'un siècle. Le 25 janvier, le journal révèle que M. Fillon a employé sa femme Penelope comme assistante parlementaire lorsqu'il était député. Et que cette dernière a reçu quelque 500 000 euros brut entre 1998 et 2007. Sur le papier rien d'illégal, de nombreux parlementaires français employant des proches. Mais Penelope Fillon, qui s'était toujours décrite comme une femme au foyer éloignée de la politique, a-t-elle fourni un vrai travail? Le Canard enchaîné révèle aussi qu'elle aurait aussi reçu un salaire mensuel de 5000 euros brut de mai 2012 à décembre 2013, versé par la Revue des deux mondes, propriété d'un riche homme d'affaires proche de son mari, Marc Ladreit de Lacharrière. «Boules puantes» réagit alors le candidat de la droite, pour lequel sa femme a occupé un emploi «légal» et «réel». Le Parquet national financier (PNF), a enchaîné auditions et perquisitions, jusqu'au sein de l'Assemblée nationale avant de saisir deux juges d'instruction. Il revient à ces derniers de signifier demain à François Fillon si des indices graves le mettent en cause, auquel cas il sera inculpé. Si les charges sont moins lourdes, il pourrait être placé sous le statut plus favorable de «témoin assisté». Lâché par de très nombreux élus après l'annonce de sa probable inculpation, François Fillon est parvenu à imposer sa candidature à son propre camp qui a un temps essayé de l'écarter. S'il est élu président de la République, François Fillon bénéficiera de l'immunité constitutionnelle attachée à cette fonction et l'enquête judiciaire sera gelée pendant la durée de son mandat. Mais cela ne sera pas le cas pour son épouse Penelope et leurs deux enfants, également visés par l'enquête.