Le «Nouveau partenariat stratégique Afrique-Asie» a été adopté à Jakarta, renouvelant «l'esprit de Bandung». Le deuxième sommet Afrique-Asie s'est ouvert hier à Jakarta, en marge de la célébration du cinquantième anniversaire de la conférence afro-asiatique de Bandung du 18 au 24 avril 1955. La cérémonie s'est déroulée avec la participation d'une cinquantaine de chefs d'Etat, dont le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Etaient également présents à Jakarta le président chinois, Hu Jintao, et le Premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, dont les relations entre leurs deux pays s'étaient détériorées ces dernières semaines. Ce sommet afro-asiatique intervient à une période cruciale, pour ce qui était le tiers-monde, alors que les mutations économiques et géopolitiques survenues ces quinze dernières années ont marginalisé davantage les pays en développement. Ce sont les présidents indonésien, Susilo Bambang Yudhoyone, et sud-africain, Thabo M'béki, qui ont officié à la présidence de ce sommet des retrouvailles de l'Afrique et de l'Asie. De fait, ce sommet se tient suite à la proposition du président sud-africain, faite en 2003 alors qu'il présidait le Mouvement des non-alignés, soutenu par l'Indonésie. Les présents à Jakarta ont formulé l'espoir que ce sommet ranimera la flamme et l'esprit de la conférence de Bandung. De fait, les ministres des Affaires étrangères des quelques 80 pays d'Afrique et d'Asie prenant part à ce sommet ont travaillé durant les jours précédents cette conférence afro-asiatique, a finaliser un plan d'action pour un «nouveau partenariat stratégique Afrique-Asie». Selon les premières informations sur ce nouveau concept, le plan d'action sera axé sur le partenariat dans le domaine de la solidarité politique, d'une part et sur la coopération économique, d'autre part. Ainsi, au plan de la solidarité politique les ministres ont insisté, indique-t-on, sur la nécessité d‘intensifier les efforts dans les domaines de la promotion de la paix et de la stabilité dans les deux continents. Par ailleurs, le plan d'action qui renforcera le «nouveau partenariat stratégique afro-asiatique» insiste sur la promotion du dialogue entre les civilisations et les cultures des deux continents, ainsi que sur la poursuite des contacts permanents entre eux. Dans son intervention, le chef de l'Etat, M.Bouteflika ne manqua pas de souligner le fait que le nouveau partenariat stratégique Afrique-Asie doit d'abord se faire sur le terrain de l'économie, car, a-t-il affirmé, «il y va de la survie de nos peuples et de leur bien-être». Le chef de l'Etat indiqua d'autre part qu' «une concertation plus poussée entre les Etats afro-asiatiques est absolument nécessaire pour faire prévaloir les logiques de paix sur les logiques de guerre, au moment où une partie du monde est saisie par le vertige de l'unilatéralisme entraînant l'humanité dans son sillage et ressuscitant des fantômes que le souffle de Bandung avait, pour partie au moins, chassés». De fait, l'ensemble des intervenants au sommet Afrique-Asie de Jakarta ont mis en exergue la nécessité de retrouver l'esprit qui anima la conférence de Bandung de 1955 comme l'indiqua le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui affirme: «Mon objectif est de les aider (les responsables afro-asiatiques) à être aussi novateurs et visionnaires que nos pères l'ont été à Bandung». M.Annan, releva toutefois au passage «le peu d'intérêt accordé par différents pays face aux défis du développement», regrettant aussi le nombre élevé de morts enregistré chaque jour et les maladies qui se propagent à travers le globe. Revenant sur les réformes de l'ONU, M. Annan a noté la «nécessité» de mettre cette organisation internationale «au service des peuples à travers une réflexion adaptée aux exigences du 21e siècle». A ce propos, le secrétaire général de l'ONU dira: «J'espère que les dirigeants du monde entier sauront prendre des décisions de grande portée sur le développement», affirmant «il ne peut y avoir ni sécurité, ni développement si les droits de l'homme ne sont pas respectés», soulignant «si nous voulons bâtir un monde plus juste, plus libre et plus sûr pour tous ses habitants, il faut aussi que les institutions des Nations unies reflètent le monde de 2005 et non celui de 1945». Les réformes de l'ONU concernent en particulier l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité. Les pays afro-asiatiques, indique M.Annan, sont appelés à enrichir le travail du Panel chargé de rassembler les remarques et les propositions dans le cadre du projet de cette réforme. Sur un autre plan, la présence à Jakarta du président chinois, Hu Jintao et du chef du gouvernement japonais, Junichiro Koizumi, devait leur donner l'occasion, lors de la rencontre prévue aujourd'hui, d'aplanir le différend apparu entre leurs deux pays ces derniers jours. Mettant à profit sa présence à Jakarta, le Premier ministre nippon a aussi fait un sorte de repentance, déclarant hier, lors du sommet afro-asiatique, que le Japon a «par le passé causé des souffrances à de nombreux peuples» et éprouve un «profond remords», avec «des excuses sincères toujours présentes à l'esprit». Les observateurs ont toutefois relevé que M.Koizumi n'a évoqué à aucun moment la Chine, qui réclame une repentance officielle du Japon pour les crimes commis en Asie du Sud par les armées impériales japonaises. Notons enfin, que les travaux du sommet devraient être sanctionnés par l'adoption d'une déclaration portant sur «Le nouveau partenariat stratégique afro-asiatique», dans laquelle sera réitéré «l'attachement au principe d'autodétermination», tel que recommandé par la conférence de Bandung en 1955, le soutien du peuple palestinien pour l'établissement d'un Etat indépendant et souverain, conformément aux résolutions des Nations unies.