Balade en haute montagne de touristes Au bout de 20 minutes de route en plein Parc national du Djurdjura, nous voilà dans la première partie de la station climatique de Tikjda, à savoir «Thighezart». Telle la nouvelle mariée qui change de robes pour plaire au mieux à la famille de son époux et s'épargner le moindre commentaire méchant, la station climatique de Tikjda,sise en pleine chaîne montagneuse du Djurdjura, à 30 km à l'est du chef- lieu de la wilaya de Bouira, change de paysages pour satisfaire ses visiteurs et ne les laisser jamais se lasser. Votre serviteur qui s'y rend régulièrement apprécie toujours cet endroit comme s'il venait de le découvrir à chaque occasion pour la première fois. En hiver, comme en été, au printemps comme en automne, Tikjda est toujours magnifique et a de quoi surprendre et émerveiller ses adeptes. Hier (vendredi) donc et en quête d'un air meilleur et d'une paix devenue rare dans nos grandes villes, nous avons décidé d'y faire un saut. Sachant que l'appétit devient plus grand à l'ombre des cèdres et des roches de Tikjda, nous avons pris le soin de bien remplir notre couffin au niveau de la ville de Haizer, sise sur la route de Tikjda et distante d'elle de 15 km. Le nom de Haizer pour ceux qui ne connaissent pas sa signification n'est autre que le deuxième plus grand sommet de la majestueuse chaîne montagneuse du Djurdjura, après celle de Lala Khedidja. Haizer qui était, il y a quelques années de cela, un petit patelin, est devenue aujourd'hui une ville à part entière. Ses habitants «montagnards» se plaignent maintenant de l'encombrement que provoquent les véhicules des touristes et se disent des citadins. Tant mieux pour eux! Cela confirme que le développement a atteint les recoins de l'Algérie profonde et que l'Algérie avance. Le couffin rempli, la question de trancher le choix du chemin pour lequel nous optâmes afin de rejoindre Tikjda nous traverse l'esprit. Oui il y a deux chemins et ils sont tous les deux agréables à emprunter.Celui menant tout droit exigeant de poursuivre la RN 33 sans se tourner ni à gauche ni à droite et celui traversant la localité de Aïn Alouane qui en allant de la ville de Haizer, il faut tourner à gauche, au niveau du rond-point du village Slim. Cette route s'appelle aussi RN 33 bis. Les autorités ont dû l'appeler ainsi pour ne pas dérouter les visiteurs se rendant à Tikjda. Connaissant les deux routes, notre choix s'est porté finalement sur la RN 33 bis laquelle en l'empruntant on traverse de plain-pied le Parc national du Djurdjura (PND) et on remplit ses yeux de la beauté époustouflante des villages de Kabylie résistant au temps et tournant fièrement le dos à la mondialisation. La pierre, l'argile, les tuiles, les potagers, les fontaines, les anciennes mosquées, des images de bergers gardant leurs caprins et bovin sont toujours là et vous pouvez caresser ces derniers de la main depuis votre véhicule. Des odeurs plein...les yeux Un détail. Les villages de la Kabylie sont aussi touchés par l'architecture moderne. En effet, de luxueuses villas qui s'imposent comme modèle dans les grandes villes, y ont pris place et font partie désormais du décor de la Kabylie. Seulement, dans cette partie du pays, les vieux préfèrent toujours habiter dans les anciennes maisons et laisser les nouvelles à leurs progénitures. Remplissons donc bien nos yeux de ces images et des autres qu'offre le frimeur Djurdjura qui surplombe la région et s'étend au fil de notre avancée en direction de Tikjda. La distance nous a semblé très courte du fait que les deux sens de la route étaient pleins de véhicules immatriculés dans toutes les wilayas du pays. Une image que cette route n'offrait pas, il y a quelques années, à cause des terroristes sanguinaires qui avaient installé leur QG dans la région. Encore une fois, tant mieux pour les habitants de la région et les visiteurs de Tikjda qui ont maintenant le choix d'aller vers Tikjda en empruntant une route et faire le chemin de retour sur une autre. Au bout de 20 minutes de route en plein Parc national du Djurdjura, nous voilà dans la première partie de la station climatique du Tikjda, à savoir «Thighezart». Une cédraie à perte de vue s'accrochant impeccablement à la montagne du Djurdjura et règnant en maître. La main de l'homme ne l'a pas encore atteinte, l'intérieur étant sombre par endroits, les familles préfèrent s'attabler à proximité de l'endroit autour des tables et des chaises installées à cet effet. Leur nombre reste encore insuffisant, mais bon! Les familles et les visiteurs préfèrent plutôt marcher et escalader les roches du Djurdjura que de s'asseoir. La couche de neige n'étant pas épaisse et partout lors de notre visite, les visiteurs, notamment les enfants, s'y empressaient pour en consommer et jouer avec. Au mois de janvier dernier, la piste de ski jouxtant la cédraie n'avait, grâce aux grosses chutes de neige, rien à envier à celles se trouvant en Suisse ou du Mont Blanc en France. Les adeptes de cette activité s'adonnaient à leur hobby, organisant même des compétitions entre eux, dès les premières heures de la matinée. Les familles et autres visiteurs y assistaient sans se lasser un instant. A Thighezart, subsiste une seule contrainte celle du parking pour les véhicules. En dépit de nombreuses promesses des autorités locales pour en réaliser, ce dernier est encore au stade de projet. Poursuivant notre chemin à destination du Centre national des loisirs et des sports de Tikjda (Cnlst), sis à 3 km d'ici, une file interminable de voitures nous devance, sans provoquer pour autant de soucis d'embouteillage, le barrage de la Gendarmerie nationale situé au bout, de l'autre côté de la RN 33bis, veille très bien sur la régulation de la circulation pour permettre aux visiteurs d'arriver très tôt au (Cnlst). Pour ceux qui ne connaissent pas Tikjda, c'est au niveau de celui-ci qu'il y a des infrastructures d'hébergement, des espaces de détente, ainsi que des espaces de jeu pour enfants. Hautement sécurisés par la présence à la fois d'une caserne de l'ANP et une brigade de la Gendarmerie nationale aux alentours, les visiteurs se laissent emporter par la beauté à vous couper le souffle de l'endroit conjuguée à l'omniprésence de singes magot qui se sont familiarisés avec les visiteurs et font le bonheur des enfants. A partir du Cnlst, les visiteurs peuvent se permettre de poursuivre le chemin vers la station d'Aswel où se trouve le stade olympique et de nombreux circuits aménagés spécialement pour le sport de randonnée ou rester sur place et découvrir la cédraie de Tikjda qui, contrairement à celle de «Tighezart» est facilement empruntable. En s'y baladant, les visiteurs trouveront plusieurs fontaines naturelles, des animaux (bovins, singes et toutes sortes d'oiseaux et même des lièvres». La marche à l'intérieur de la cédraie est passionnante et l'on ne ressent presque pas la fatigue. Ma montagne et leur printemps Il est vrai que les visiteurs doivent faire attention de chuter par endroits, mais rien de mal, les éléments de la Protection civile sont là et veillent sur le moindre accident. Echangeant des propos au cours de notre visite avec certains membres de familles rencontrées, nous avons appris que celles-ci ne viennent plus pour y passer la journée comme par le passé, mais carrément pour passer une bonne partie de leurs vacances de printemps dont le premier jour a commencé justement ce vendredi. «Pourquoi nous contenter uniquement d'une journée. Nous profitons au maximum, tant que tout est impeccable ici», nous dira Djamel, un père de famille qui vient d'Alger en compagnie de sa femme et de ses deux enfants. Très près d'eux un groupe d'étudiants de Boumerdès amateurs de randonnées, nous ont indiqué que leur visite à Tikjda va durer le temps des vacances scolaires. «Si vous voyez un autre endroit plus agréable et de détente que Tikjda pour passer les vacances du printemps, indiquez-nous-le!», nous a répondu l'un d'entre eux sur notre question de savoir combien de temps vont-ils y rester. Tikjda qui a repris sa splendeur d'antan attire aussi des visiteurs étrangers et le corps diplomatique accrédité dans notre pays. Un employé de l'hôtel Djurdjura avec qui nous nous sommes entretenus, nous a indiqué que certaines chambres leur sont réservées à longueur d'année. Sur le programme que concocte l'hôtel pour les visiteurs, notre vis-à-vis nous a informés que celui-ci va des galas, soirées DJ, défilés de mode aux spectacles de clowns pour enfants, cela sans oublier, a-t-il ajouté, un programme de randonnées régulier chapeauté par des guides professionnels. Remerciant l'employé pour les précieuses informations qu'il m'a données, tout en lui promettant d'y revenir le week-end prochain pour prendre part à un gala de l'un de mes chanteurs préférés, je me suis engouffré dans mon véhicule et quitté Tikjda après une journée agréable et prodigieuse.