Pendant deux jours, d'éminents spécialistes ont disserté et planché sur deux points importants des activités sportives : le sport d'élite et le dopage. Le sport d'élite ne peut être dissocié d'une pratique professionnelle, sinon il ne pourrait exister sauf sous la fameuse appellation de sport d'Etat. Les pouvoirs publics directement ou indirectement jouent dans ce cas précis le même rôle que celui exercé par les sponsors et autres grandes entreprises parraines. Le sport dans son approche professionnelle est devenu si puissant qu'il se permet l'adaptation des lois du jeu comme pour le cas de la NBA, le championnat américain de basket-ball. L'entrée en lice de la télévision avec les luttes implacables que se livrent les différentes chaînes «majors» pour l'achat des droits de retransmission et même de radiodiffusion ont fait grimper les enchères et les on fait atteindre des sommets, mais, malgré tout, à chaque fois dépassés. Cet état de fait que certaines fédérations nationales, relayées par les instances internationales ont voulu freiner puis contrôler, est devenu incontournable et s'est imposé. Sous la pression des dollars et par eux tentés, les masques hypocrites sont finalement tombés. Même la puissante fédération d'athlétisme a ravalé sa façade et toilette ses textes et ses résolutions devenus totalement obsolètes par l'entrée en force de l'argent dans le circuit. Et ainsi, depuis août dernier, la Fédération internationale d'athlétisme amateur est devenue la Fédération internationale des associations d'athlétisme. Le sigle IAAF n'a pas changé, mais exit le mot amateur. Il n'existe plus que dans les dictionnaires et les lexiques. Dans la pratique, il n'a plus sa place. Les athlètes, même les débutants, ont maintenant compris. Pour accéder aux compétitions de la Golden league ou le Grand prix de l'IAAF dans ses différents paliers, il faut avoir les performances voulues pour être admis et gagner de l'argent. Beaucoup, pour certains athlètes et pour nombre de managers. La plupart d'entre eux et avec la complicité de certains entraîneurs ont sous contrat la plupart des ténors et ceux qui aspirent à le devenir un jour. Quelques-uns n'hésitent pas à jouer au lièvre au grand bénéfice des stars mais surtout des organisateurs et des sponsors qui contrôlent et dirigent tout. Ce sont les véritables maîtres d'oeuvre d'un grand show international par étapes. Chacun doit jouer son rôle dans ce qui s'apparente de plus en plus à des modernes jeux du cirque. Les champions particulièrement, doivent à chaque fois répondre à l'attente et aux sollicitations des centaines de spectateurs présents au stade et surtout des millions d'autres rivés à leur petit écran un peu partout à travers le monde. Pour que le spectacle soit à chaque fois crédible, les résultats et les records doivent être de la partie. Se pose alors la question de savoir que doit faire un athlète pour être à la hauteur de sa réputation et de ses performances? Comment peut-il à chaque fois défier les lois de la physique et celles en rapport notamment avec la biologie et la biomécanique? N'est-il pas tenté, pour se maintenir en forme, d'user de «fortifiants», de produits certes disponibles en pharmacie ou même dans de simples centres commerciaux mais de plus en plus réprouvés par la morale dans sa plus large acceptation et pas seulement dans son aspect sportif. C'est pourquoi il est logique de considérer que professionnalisme, performances et dopage sont devenus tellement interdépendants que les fautifs ne sont pas seulement les sportifs. Pour que la lutte soit véritablement efficace pour l'éradication de ce fléau qui ternit le monde sportif, il est plus que nécessaire que les comités olympiques et les fédérations internationales activent véritablement et ne se contentent plus de voeux pieux.