Un budget de 200 milliards de dinars pour financer le Plan quinquennal anticancer «Je ne suis pas gestionnaire de la santé, mais responsable du plan de lutte contre le cancer», a répondu le professeur Zitouni à l'assistance qui l'interpellait sur le manque des équipements sur le terrain deux ans après la mise en place du plan. Un budget énorme, mais le résultat se fait attendre. «Seulement 16% ont été exploités du fonds alloué à la lutte contre le cancer en l'espace de deux ans», a déclaré le professeur Zitouni, sénateur du tiers présidentiel et responsable du Plan national de lutte contre le cancer. Le professeur intervenait hier à la journée d'étude sur «la place de l'économie de la santé dans la prise de décision politique et évaluation du Plan national anticancer». Le taux de consommation reste faible par rapport à l'évolution de la pathologie et les besoins énormes exprimés par les différentes régions. Il y a lieu de rappeler que l'Etat a alloué un budget de 200 milliards de dinars pour financer le Plan quinquennal anticancer (2015-2019) soit 180 milliards de dinars alloués plus un fonds de 23 milliards de dinars. Certes, des centres anticancéreux ont été ouverts, il n'en demeure pas moins qu'ils restent insuffisants devant le nombre croissant des passions qui réclament la chimiothérapie. Il n'est un secret pour personne que les malades attendent parfois des mois, pour ne pas dire une année pour décrocher un rendez-vous. Pourquoi ce fonds n'a pas été assez exploité?«Demandez au ministère de la Santé», a répondu à une question de L'Expression le professeur Zitouni. Ce dernier soutient qu'il n'est pas responsable de la gestion. «Je ne suis pas gestionnaire de la santé, mais responsable du plan de lutte contre le cancer», a-t-il également tenu à éclairer l'assistance qui l'interpellait sur les différents problèmes dont souffrent les malades. Le professeur a reconnu que des efforts ont été déployés pour la prise en charge des cancéreux tout en avançant que le taux de mortalité à baissé de 20%. Devant l'évolution de la maladie, le ministère de la Santé doit déployer davantage d'efforts pour renforcer le nombre de centres de chimiothérapie à travers les quatre coins du pays. D'ailleurs, le professeur en radiothérapie de Beni Messous, Douagui, s'est interrogé même sur l'ouverture d'un service pour les cancéreux qui tarde à voir le jour. Selon des sources bien informées, le plan de lutte contre le cancer souffre du manque de coordination entre les professeurs qui pilotent ce projet et la tutelle. «Le courant ne passe pas entre l'équipe qui pilote le plan et le ministère de la Santé vu que chacun veut s'approprier du plan», nous confie une source proche du dossier. Pourtant, ce plan a été initié par le président de la République en personne qui a chargé le professeur Zitouni d'élaborer un Plan national de lutte contre le cancer il y a plus de cinq ans. Le plan qui a été validé par le Conseil des ministres le 22 mai 2015, a été mis en application dans l'immédiat. Le professeur Zitouni a d'ailleurs réitéré la volonté politique du président Bouteflika à mettre en oeuvre ce plan en considérant le cancer comme une menace de la santé publique. Invité à donner des indicateurs d'évaluation du plan de lutte deux ans après sa mise en application, le professeur Zitouni n'a pas été très prolixe sur ce point. Le professeur a même appelé à une refonte des études médicales qui ne conviennent plus avec l'évolution de la médecine. «On veut des médecins qui soignent, pas des médecins avec un diplôme», a-t-il insisté dans son intervention. Par ailleurs et à propos de l'économie de la santé, le professeur Chachoua Louisa a soutenu que le concept de la pharmaco-économie s'impose aujourd'hui comme un domaine incontournable dans le monde de la santé. «L'augmentation régulière des dépenses de santé et les problèmes d'organisation liés aux systèmes de santé ont effectivement conduit à s'interroger sur le financement des innovations thérapeutiques», a-t-elle soutenu. Les intervenants au débat ont soulevé justement le manque de coordination entre les différentes parties pour identifier les besoins prioritaires et rationaliser les dépenses.