Constat - Le programme de lutte anticancer accuse un sérieux dysfonctionnement, a fait remarquer le Premier ministre lors d'un Conseil interministériel auquel ont participé des praticiens spécialisés. Abdelmalek Sellal a notamment relevé l'inadéquation entre les moyens mobilisés et la réalité du terrain sur la base du rapport du professeur Messaoud Zitouni chargé de l'évaluation du plan de lutte anticancer. Le Premier ministre a retenu la lancinante question du parcours difficile du patient avant de mettre en avant la nécessité de la prise en charge des malades dans les meilleures conditions, depuis le diagnostic jusqu'à la phase thérapeutique avec la prise en charge de l'aspect prévention. S'arrêtant sur l'étape de traitement, notamment la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie, M. Sellal a pris acte des premières améliorations avec la reprise en main des centres d'Oran, de Constantine et d'Annaba, et donné des instructions en vue de l'accélération de la mise en service des centres anticancer de Sétif et Batna. Le rapport du professeur Zitouni concernant la prise en charge de cette pathologie, touchant pas moins de 45 000 citoyens, a fait état d'une mauvaise exploitation des ressources malgré la couverture sanitaire nationale complète et le budget de la santé qui a connu un doublement ces dernières années. Le bilan des carences, ainsi livré à l'appréciation du Premier ministre, a permis d'identifier la nature de ces dysfonctionnements qui sont d'ordre managérial et organisationnel, et non une question de mobilisation de moyens et d'équipements. Lors de la rencontre de Sellal avec les praticiens spécialistes de la lutte contre le cancer et des gestionnaires d'établissements hospitaliers, il a été annoncé la prochaine réalisation d'un projet portant acquisition, entretien et maintenance des équipements de radiothérapie. Abdelmalek Sellal s'est montré, par ailleurs, assez satisfait du travail de la pharmacie centrale qui assure «correctement sa mission d'approvisionnement en médicaments». Concernant le volet formation et encadrement, un effort supplémentaire reste à fournir pour pérenniser le dispositif global, lequel doit s'appuyer sur une concertation permanente entre les praticiens et l'encadrement des centres anticancer, ajoute le rapport du Pr Zitouni. Ils sont pas moins de 20 000 cancéreux, nécessitant une radiothérapie, qui ne sont pas traités, selon le Pr Bouzid du Centre Pierre et Marie-Curie d'Alger. Des chiffres qui viennent conforter le rapport cité ci-dessus et la situation dramatique des cancéreux en Algérie. L'Etat a essayé de réagir en programmant la réalisation de plusieurs centres anticancer à travers le pays pour rapprocher les soins des populations. Mais les nouveaux centres anticancer n'ont rien amélioré puisque la prise en charge laisse toujours à désirer et les malades continuent à être ballottés d'un service à un autre. «On a investi dans les équipements mais il n'y a pas eu de formation d'équipes pour faire fonctionner ces centres», atteste le Pr Bouzid. «On a bricolé, en prélevant d'un peu partout des spécialistes pour constituer des équipes homogènes», ajoute-t-il. Pour lui, le système d'organisation par services en vigueur dans nos hôpitaux n'est pas adapté au traitement du cancer, déplorant l'absence de bilan sur le nombre de cancéreux traités et les nouveaux cas.