Adossée aux accords d'Oslo, faisant consensus dans la communauté internationale et inscrite comme but objectif à réaliser dans l'initiative arabe de paix de 2002, la solution à deux Etats pour le règlement du conflit israélo-plaestinien fait l'unanimité contre elle au sein des majorités gouvernementale et parlementaire sur lesquelles s'appuie le Premier ministre israélien qui y est tout autant opposé. Sous les pressions internationales et de l'administration américaine de l'époque, Netanyahu s'est vu contraint en 2002 d'admettre mais du bout des lèvres la possibilité de cette solution tout en persistant à mettre en œuvre une politique visant à la rendre irréalisable notamment en procédant à une annexion allant s'élargissant des territoires palestiniens occupés par le biais de l'implantation de nouvelles colonies juives et l'extension de celles existantes déjà. Il n'a même plus à s'adonner à l'hypocrisie diplomatique consistant à faire semblant de s'en tenir à sa déclaration de 2002 maintenant qu'il sait avoir à la Maison Blanche un interlocuteur, Donald Trump, qui a proprement enterré la solution à deux Etats en déclarant qu'elle n'est pas la seule possible pour régler le conflit israélo-palestinien. En affichant cette position, Trump a bouleversé celle suivie par ses prédécesseurs qui tout en veillant à ne pas bousculer Israël se sont déclarés en faveur de l'émergence d'un Etat palestinien à ses côtés en paix et en sécurité mutuelle. Un bouleversement qui encourage les extrémistes en Israël à réaliser leur projet d'annexer définitivement les territoires palestiniens et à y confiner leurs populations dans des «bantoustans» où leur vie sera régentée par les lois restrictives et d'apartheid auxquelles Israël les soumettra. Il n'est pas d'autre alternative à la solution à deux Etats pour ces extrémistes qui gouvernent l'Etat sioniste. Surtout pas celle d'un Etat démocratique dans lequel Juifs et Palestiniens coexisteraient en bénéficiant des mêmes droits civiques et politiques. Tout comme ils rejettent la solution à deux Etats, les extrémistes israéliens sont contre cet Etat démocratique antinomique du caractère juif de l'entité territoriale qu'ils veulent faire émerger en procédant à l'annexion rampante des territoires palestiniens occupés. Qu'ils se sentent désormais confortés par la «compréhension» que manifestera l'administration Trump pour leur refus de la solution à deux Etats est une chose, c'en est une autre toutefois qu'ils puissent imposer aux Palestiniens de se satisfaire d'être parqués dans des bantoustans et d'être traités en citoyens de seconde zone et sans existence en tant que peuple. Trump qui se pique d'être le président américain qui parviendra à établir la paix entre Israéliens et Palestiniens a au contraire émis des signaux dont le décodage va inéluctablement embraser la situation au Proche-Orient. Tout ce qu'il a consenti à l'endroit des Palestiniens qui résistent au sort que méditent pour eux les extrémistes racistes et fascisants en Israël a été de leur demander de mettre fin à leur «haine» de l'Etat sioniste. Pour le président américain, le combat des Palestiniens pour l'existence d'un Etat national n'aurait d'autre motivation que cette «haine» qu'ils cultiveraient. Il n'est pire aveuglement que celui dont fait montre le président de la plus grande puissance du monde dont la création a été l'aboutissement d'un combat similaire que les Palestiniens mènent depuis soixante années contre l'occupant sioniste. Souffrances et sacrifices seront encore longtemps le lot du peuple palestinien, mais l'issue de sa lutte est certaine et pas celle qu'entrevoit pour lui le cynique locataire de la Maison Blanche.