Le colonel Amirouche en compagnie de Tayeb Mouri La journée d'études dédiée à ce chahid a permis des retrouvailles entre d'anciens compagnons âgés, dont les visages sont marqués par le poids des années. Une journée d'études a été organisée le samedi 25 mars dernier au musée du moudjahed de Béjaïa, sur le parcours de l'aspirant Mouri Tayeb, un héros tombé au champ d'honneur aux côtés des colonels Si Amirouche et Si Haouès en date du 28 mars 1959 dans le djebel Thameur, près de Boussaâda. La cérémonie fut honorée par la présence des responsables de l'ONM de Béjaïa, du chef de daïra de Chemini, ainsi qu'une délégation venue de la wilaya d'El Tarf et de la famille du célèbre Abdelkader Bariki. De nombreux moudjahidine, anciens compagnons d'armes de Si Tayeb, ont tenu à rehausser cette rencontre de leur présence. Au cours de cette rude bataille du 28 mars 1959 sur un terrain rocailleux et un relief défavorable, plusieurs unités de l'armée coloniale estimées à 6000 hommes ont engagé un combat injuste et inégal contre une soixantaine de combattants de l'ALN dans la porte du désert. Et ce fut précisément au cours de cette grande opération appelée par l'ennemi «opération Amirouche» que Mouri Tayeb est tombé les armes à la main au milieu des autres combattants dont Amirouche Ait Hamouda et Haouès Ben Abderazak. Justement, cette journée lui fut consacrée pour faire connaître le parcours glorieux de Si Tayeb Nsmaoune. Le défunt est né en aout 1936 au village Smaoune (Sidi Aich) dans une famille modeste. Orphelin de mère, son oncle le prit avec lui en France à l'âge de 14 ans. Et c'est là, qu'après avoir suivi des cours précaires, il fut embauché dans une imprimerie à Paris en qualité d'apprenti. Entré de plain-pied dans le parti nationaliste, il eut l'occasion, entre autres, de rencontrer le colonel Amirouche au sein du Mtld. Vers le début de l'année 1955, il rentre au pays pour vivre dans la clandestinité pendant quelques jours, avant de s'engager dans les maquis aux côtés d'Amirouche; depuis cette date, jusqu'à ce qu'il trouve la mort à ses côtés, ils se sont côtoyés pendant cinq années, en affrontant l'ennemi dans différents combats et opérations de ratissage. Justement, pour mettre en exergue le parcours de l'aspirant Si Tayeb, une assistance nombreuse est venue écouter les témoignages de ses anciens compagnons, venus de loin pour certains. Il s'agit de Hamai Md Saïd, vaguemestre de la Wilaya III historique, Aouaraghe Md Cherif, présent sur les lieux du combat et ancien chef de secteur, Laichour Slimane dit «Rachid» ancien compagnon d'Amirouche et enfin de Djoudi Attoumi, ancien secrétaire au PC de la Wilaya III, puis officier de l'ALN dans la vallée de la Soummam, jusqu'à la fin de la guerre. L'un après l'autre, ces acteurs de la guerre de libération ont tenu à livrer leurs témoignages, chacun pendant son époque au maquis, sur la personnalité de Si Tayeb, son courage, son esprit de sacrifice et notamment de sa fidélité au colonel Amirouche et surtout les idéaux pour lesquels, il a sacrifié sa vie. Les témoignages furent éloquents, au point où l'assistance fut subjuguée par la mémoire de ces acteurs, les précisions et la grandeur du personnage qu'était Tayeb Mouri. Un témoignage émouvant de Hamou Amirouche, absent, fut lu par la nièce du chahid. Les quelques heures consacrées à cette rencontre, n'ont pas suffi pour cerner le glorieux parcours du défunt. Mais chacun des intervenants a réussi à condenser son témoignage par des faits de guerre, des anecdotes, pour mettre en valeur cet homme de gloire qui s'est sacrifié pour notre noble cause. Auparavant, un film documentaire fut projeté à l'assistance, suivi de chants patriotiques des Scouts musulmans. Les débats qui s'ensuivirent furent fructueux, d'autant plus que les jeunes étaient nombreux dans la salle et qu'ils ont montré tout leur intérêt à l'Histoire de notre glorieuse Révolution. Pour clôturer cette rencontre, un repas fut offert par la famille du chahid au niveau de l'école paramédicale jouxtant le musée du moudjahid de Béjaïa. Cette rencontre dédiée à ce chahid a permis également des retrouvailles entre d'anciens compagnons âgés, dont les visages sont marqués par le poids des années. En fait, ce fut l'occasion également de se remémorer tous ceux qui sont tombés au champ d'honneur et ceux qui nous ont quittés depuis la fin de la guerre de l'Indépendance.