Le Parlement libanais a voté hier l'amendement de la loi électorale permettant la tenue des élections législatives le 29 mai prochain. Le Liban qui savourait hier sa «nouvelle indépendance», après le départ du «dernier» soldat syrien, tente maintenant de remettre de l'ordre dans la maison par, notamment, l'organisation rapide des élections législatives. La législature qui venait à terme le 31 mai ne permettait pas au cabinet de Nagib Miqati de flâner en route et exigeait d'aller rapidement au fait, le renouvellement de l'Assemblée nationale qui conditionne une reprise d'activité politique au creux de la vague depuis l'assassinat, le 14 février dernier, de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri. Ainsi, dès mardi, Nagib Miqati chargé d'organiser le premier scrutin de l'ère post-syrienne, a demandé la confiance du Parlement. Ce dernier, qui a accordé hier sa confiance au cabinet Miqati, après le vote de la motion de confiance, a, dans le même temps, procédé à l'amendement de la loi électorale, sur proposition du ministre de la Justice, Khaled Qabbani et à la prorogation, jusqu'au 20 juin, du mandat des députés. Cet amendement attendu de la loi électorale permet ainsi l'organisation des élections législatives dans les temps impartis. De fait, dès la levée de la séance au Parlement, et la confiance accordée au gouvernement Miqati, le ministre de l'Intérieur, Hassan Sabeh, a pris la décision de fixer la date du scrutin législatif au 29 mai. Il est ainsi prévu que les élections législatives se tiennent sur quatre dimanches successifs, entre le 29 mai et le 19 juin, ont indiqué des sources officielles. La prorogation pour trois semaines du mandat du Parlement, qui vient à terme le 31 mai, permet d'éviter l'instauration d'un vide législatif. Notons enfin que le gouvernement de Nagib Miqati, a fait le consensus au Parlement en obtenant 96% des voix des 113 députés présents, dont ceux du Hezbollah qui, pour la première fois depuis l'entrée de représentants de la formation chiite en 1996 à l'Assemblée, accordent leur confiance à une équipe ministérielle. Un député a néanmoins voté contre, alors que trois se sont abstenus. Ainsi, Nagib Miqati, a passé son premier examen avec succès. Mais ce n'est là que la première phase d'un Liban en pleine recomposition après le départ des troupes syriennes, en application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU et surtout «à la demande du peuple libanais», comme l'affirmait hier la presse syrienne. Cela étant, les Libanais qui se sont retrouvés hier ‘'enfin'' entre eux, sans immixtion étrangère, savouraient cette liberté retrouvée, oubliant par là, momentanément, la crise politique ouverte par l'assassinat de Rafik Hariri. De fait, l'évacuation définitive des troupes syriennes faisait hier les unes de la presse libanaise. Ainsi, l'influent quotidien à grand tirage, An Nahar titrait avec emphase : «13H30 mardi, départ du dernier soldat syrien» écrivant: «Ce jour, le 27 avril 2005, toute présence militaire syrienne est absente du Liban. Le Liban a récupéré sa liberté, sa souveraineté et son indépendance. Après 29 ans, le Liban a été libéré». Le même journal d'ajouter: «Ce retrait constitue une occasion pour redéfinir les relations avec Damas et confirmer que nous avons atteint l'âge adulte». Plus sobrement, l'un des chefs de l'opposition, le député druze Walid Joumblatt, commentait ainsi l'événement: «L'ère de la tutelle syrienne sur le Liban est terminée». Moins convaincu, sinon plus prudent, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a déclaré mardi soir qu'il ne pourrait attester de la réalité du retrait syrien du Liban avant de recevoir le rapport de l'équipe technique de l'ONU, envoyée sur le terrain à cette fin. En fait, la communauté internationale reste encore méfiante et demande à voir. Ainsi, Washington tout en qualifiant d' «historique» le retrait, insiste néanmoins pour que Damas retire également du Liban «tous ses officiers des services de renseignement car il existe des inquiétudes persistantes les concernant». Mais le Liban n'en est pas quitte pour autant car demeure entier le deuxième volet de la résolution 1559 qui, outre le retrait complet des troupes syriennes, stipule la dissolution des «milices libanaises ou non libanaises», entendre par là les troupes du Hezbollah et les milices des camps palestiniens. Si pour le Hezbollah, l'opposition libanaise estime que c'est un problème qui trouvera sa solution dans le cadre des lois libanaises, il n'en est pas de même pour les Palestiniens qui refusent, en l'état actuel de leur situation et de l'incertitude sur leur statut au Liban. Selon le chef du département politique de l'OLP, Farouk Kaddoumi, «les armes lourdes des camps ont été remises en 1991 à l'Etat libanais qui n'a pas respecté ses engagements en accordant les droits civiques aux réfugiés». Autre grief des Palestiniens, explique Kamal Medhat, un responsable du Fatah, «En contrepartie,(de la remise des armes), l'Etat libanais s'était engagé, sans jamais tenir parole, à rouvrir le bureau de l'OLP à Beyrouth, fermé lors de l'invasion israélienne en 1982, afin d'avoir un porte-parole officiel à l'instar de toutes les autres capitales arabes». C'est dire que le contentieux est loin d'être un simple désarmement de milices et interpelle le futur gouvernement légal libanais sur la situation des Palestiniens.