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«Nous sommes l'alternative pour l'Algérie»
LEGISLATIVES : ABDALLAH DJABALLAH, PRESIDENT DU FJD, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 09 - 04 - 2017


«Nous sommes l'alternative pour l'Algérie»
Dans cet entretien, M.Abdallah Djaballah président du Front pour la justice et le développement (FJD), déclare que la Haute Instance indépendante de surveillance des élections n'est pas indépendante. Il accuse le régime d'être derrière la culture du désespoir qui est devenue la caractéristique majeure des citoyens algériens, surtout quand il s'agit de la participation dans les joutes électorales.
L'Expression: Le processus électoral entame aujourd'hui sa principale phase: la campagne électorale. Avant cela l'administration a fait montre d'une neutralité appréciable. La Haute Instance indépendante de surveillance des élections apporte sa garantie en faveur de la transparence du scrutin. Quelle lecture faites-vous par rapport à ces élections?
Abdallah Djaballah: Je veux bien croire que cette fois-ci le régime va respecter le choix du peuple à travers les urnes, mais c'est difficile d'y croire maintenant. Les expériences précédentes sont là, elles nous rappellent que c'est le régime qui détermine l'issue des élections et qu'il ne cherche pas l'avis du citoyen à ce propos, surtout si les représentants des partis s'absentent un petit moment pour une raison donnée durant l'opération de dépouillement, les procès-verbaux seront truqués.
On parle des garanties émanant de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections qui consistent à assurer la transparence des prochaines élections, cette instance n'a rien d'indépendante, et les garanties ont été suggérées par l'opposition dans le cadre d'une feuille de route, d'ailleurs, elle a dépouillé cette feuille de toute sa substance en gardant uniquement des aspects relevant de la forme. C'est pour cette raison que nous considérons que cette instance n'est pas du tout indépendante.
Qu'est-ce qui vous fait dire que cette instance n'est pas indépendante?
L'une des choses qui montre que cette instance n'est pas indépendante, c'est la façon dont elle a été créée. Normalement tous les membres devraient être élus et non pas désignés, y compris le président de l'instance, on ne le désigne pas, et la chose la plus importante, l'instance devrait avoir un budget autonome qui serait défini par la loi de finances. Tous ces éléments montrent que les critères de l'indépendance de la Haute Instance des élections sont absents, voire inexistants. Pour ainsi dire, l'instance est gérée par la Présidence et le gouvernement via le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales.
Il ne faut rien attendre de cette instance, ce qui nous intéresse en tant qu'union, c'est de mobiliser et de sensibiliser nos militants pour qu'ils puissent participer aux élections et surtout d'être présents durant le moment de dépouillement des voix et de ne pas déserter les centres de vote jusqu'à la remise des procès-verbaux. Je pense, en faisant ça, qu'on pourra limiter l'ampleur de trucage des élections.
Ne pensez-vous pas que les citoyens sont pris par les problèmes socio-économiques à l'image de la cherté de la vie et du coup, ils risquent de s'abstenir de participer aux élections à cause du rôle négatif qu'avait affiché la classe politique par rapport à ces problèmes qui concernent de façon directe le citoyen?
Oui, effectivement, mais la responsabilité revient au régime qui a tout fait pour pousser les citoyens à ne plus s'intéresser aux élections, et cela depuis qu'ils ont truqué les premières élections pluralistes. Ils ont de façon indirecte dit au peuple que sa voix n'a aucun sens. Ils lui ont signifié qu'il n'y a que le régime qui détermine l'issue et les résultats des élections à travers son administration. Le régime a tout fait pour salir l'image de l'opposition en propageant l'idée que beaucoup de partis ne font que semer le désespoir au sein de la société, ajoutez à cela le corps des imams, surtout les imams «turoukit», émanant des «zaouiyate» qui s'attaquent à l'activité politique et qui appellent les citoyens à ne pas s'intéresser à l'action politique et aux élections, en considérant que cela est en contradiction avec les préceptes de l'islam, et le citoyen doit se référer au responsable du pouvoir en place, de le soutenir et l'encourager en permanence. Ce sont ces facteurs qui ont fait que des pans considérables de la société ne disposent pas d'une carte de vote. On peut même dire que ces pans boycottent spontanément les élections. Ce sont là des éléments qui participent dans la propagation du désespoir au sein de la société poussant à l'abstention afin d'avoir une présence dominante dans les élections dont seul le régime est responsable.
Notre rôle consiste à faire dire aux citoyens que c'est de leur droit de participer aux élections et d'exprimer sa voix. Il est de notre devoir de dire au citoyen que son rôle dépasse le fait de participer aux élections, mais de les contrôler et de les surveiller et d'utiliser tous les moyens de pression contre ce régime de façon pacifique. Je rappelle que même sur ce plan l'opposition fait face à de sérieux problèmes. Nous n'avons pas des supports médiatiques ni des chaînes de télévision, mais malgré tout ça, nous essayons de militer contre le désespoir et de ne pas lâcher prise. Nous nous considérons que nous sommes porteurs de la vérité dans ce sens, et nous n'allons pas nous taire pour défendre notre droit et cette vérité.
Pensez-vous que vous aurez des chances d'obtenir des résultats satisfaisants durant les élections législatives prochaines? Êtes-vous optimiste quant à l'avenir de l'union et votre Front pour la justice et le développement?
Nous possédons une alternative crédible qui se réfère à la mise en valeur des compétences qui travaillent pour l'intérêt général.
C'est quoi comme alternative?
Introduire des changement constitutionnels au régime algérien, pour qu'il puisse devenir efficace et fort comme le voulaient nos martyrs et comme le stipulait la déclaration du 1er Novembre. Notre alternative réside dans la lutte contre ceux qui pillent les richesses du pays et ceux qui les dilapident. Notre alternative est celle qui préserve les ressources de l'Etat et le respect des conditions de la justice quant à la distribution des projets de développement dans certaines régions du pays, se référer à la justice dans la mise en oeuvre de la politique des salaires et les taxes, notre alternative vise la réalisation de la démocratie participative et le renforcement du pluralisme politique et le principe de l'alternance pacifique au pouvoir, qui réunit les conditions d'une élection libre et honnête. Notre alternative consiste à faire participer tout le monde dans la mise en oeuvre des décisions nationales et la construction de l'édifice institutionnel efficace qui ne rend compte qu'à un seul pouvoir, celui de la loi.
En somme, notre alternative réside dans le respect et la protection de l'individu et de sa religion.
Et par rapport au deuxième volet de votre question, à savoir notre capacité d'avoir des résultats satisfaisants durant les élections législatives prochaines, cela dépend de l'administration algérienne si elle veillera au respect de la transparence des élections et de leur honnêteté. En ce qui nous concerne, nous n'avons jamais récusé le choix et la volonté populaire, nous avons surtout récusé le trucage et le bourrage des urnes et des résultats des élections. Notre voeu cette fois-ci est notre espoir que les élections prochaines soient libres et honnêtes.
Vous avez qualifié les derniers amendements constitutionnels comme ayant un penchant laïque, en quoi la nouvelle Constitution le revêt-elle?
Je le confirme, oui. Ce jugement est établi sur la base d'une étude juridico-constitutionnelle et théorique touchant les anomalies qui caractérisent la mouture et le contenu de la Constitution surtout les articles qui remettent en cause l'article 2 de la Constitution qui stipule que l'islam est la religion de l'Etat...
Vous voulez dire que la Constitution actuelle ne reconnaît pas l'islam comme religion de l'Etat?
Certes, la Constitution fait référence à ça, en stipulant que l'islam est la religion de l'Etat, mais le législateur l'a dépouillée de sa substance. La norme aurait fait que les premiers articles de la Constitution soient les principaux axes qui déterminent les fondement du reste des articles de l'édifice constitutionnel.
Peut-on comprendre par là, que vous n'allez pas vous référer à cette Constitution ou vous allez l'accepter comme une situation de fait accompli?
Non, je n'ai pas dit ça, seulement se référer à cette Constitution, cela nécessite une explication profonde, c'est-à-dire que tu ne peux pas tourner le dos à ce qui existe dans cette Constitution. Et tu n'es pas obligé de suivre ou de croire ce qu'il y a dedans.
Si vous obtenez une majorité au Parlement, allez-vous entamer des alliances pour constituer un gouvernement ou allez-vous gouverner seul?
Sincèrement, cela dépend de l'opération électorale elle-même. Je vous le dis franchement, ce qui détermine ma position et ma façon de gérer les questions politiques après l'annonce des résultats des élections législatives, c'est la transparence et l'honnêteté du processus électoral qui doit être respecté. Autrement dit, si les élections seront truquées, je ne pourrai nullement parler ni d'alliances ni du gouvernement à gérer.
Ne pensez-vous pas que la mouvance islamiste connaît un sérieux reflux dans le Monde arabe et musulman, surtout après ce qui est appelé communément «printemps arabe»?
Il faut savoir une chose, plus la corruption prend de l'ampleur au sein de la nation, ajoutez à cela d'autres formes reflétant la déliquescence de la nation, il y aura une poignée de gens au sein de cette nation qui servira comme exemple pour cette dernière en s'engageant à respecter la chari'a, et l'histoire est pleine de ce genre d'expériences et d'exemples. Alors quoi qui se passe et malgré les tentatives qui visent à réduire cette mouvance, le Bon Dieu, Lui, crée les conditions de son émergence et son retour en force. Et tant que cette mouvance est porteuse de la bannière de la religion de l'islam, elle restera et existera sans interruption.Notre mouvance pourrait ne pas accéder au pouvoir, mais cela ne dicte pas sa fin, parce que la mission de cette mouvance réside dans la réforme des idées. Cette mission se maintiendra grâce à ses hommes qui apparaîtront à chaque époque. C'est pour cette raison que notre bannière ne s'inclinera jamais, elle est porteuse de changement sur le plan moral avant tout, un changement profond s'inspirant de notre religion.


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