Une avalanche de cris stridents accompagnent l'entrée de cette grande star du raï... Le King du raï, Khaled Hadj Brahim s'est déchaîné jeudi soir à la Coupole Mohamed-Boudiaf, comme rare il sait faire. Ce faisant désirer plus d'une demi-heure, Khaled a fait grimper la température dans la salle tout au long de la soirée. A 19 h 30 le public commence à s'amasser à l'intérieur. Cela se concentre particulièrement derrières les grilles de la scène. La Coupole se remplit à vue d'oeil. On vient écouter le roi du raï de partout. Des jeunes ont fait le déplacement depuis Oran. Chemise rose pour coller à l'air du temps et pantalon velours noir, Khaled entame son concert à 20 h 45 sous un tonnerre d'applaudissements sans précédent. Une avalanche de cris stridents se fait entendre juste à son entrée. Ouelli el darek ouvre le bal. Mohamed Rouane à la mandoline, Khaled chante El Anka dans une version chaâbie très personnalisée de El H'mam. Et c'est un tour d'horizon de quelques titres qui figurent dans son nouvel album Ya rayi. Chanson phare qui fera danser tout le monde. Et c'est de nouveau le chaâbi qui reprend le dessus avec Ya h'mama de Blaoui El Houari dont Khaled tentera quelques imitations de la voix en clin d'oeil à ce grand artiste de la chanson raï. Khaled décline un grand virage de son répertoire musical en piochant dans le passé : Chabba et N'ssi N'ssi regivorent la foule de jeunes dont quelques-uns font flotter le drapeau algérien. Au programme cette fois, une partie acoustique avec guitare flamenco comme intro pour la chanson Wahran qui sera suivie de Bakhta, Ya ghalbi, Trig lycée et Didi. Le concert a atteint son rythme de croisière. La déferlante du raï bat son plein. Khaled lors de la conférence de presse qu'il a animée la veille à l'Entv, avait annoncé son désir de faire connaître et promouvoir nos artistes algériens. Outre Mohamed Rouane, ex-Méditerranéo, un autre chanteur musicien lui a tapé dans l'oeil. Celui-là avec sa voix éraillée électrisera le public avec ses chants flamenco. Cependant, cela lasse un peu le public qui n'a d'yeux que pour le King. Khaled refait surface, chemise blanche immaculée cette fois-ci. Il faut dire qu'il aura durant près d'une heure mouillé sa chemise, en sautant, dansant, et bougeant à tout va... Khaled l'enfant d'Ekmuhl, son quartier natal et populaire n'a rien perdu de sa superbe d'antan. C'est le même gaillard, distribuant sourires et boutades. Regard sémillant et propos tendres sur les anciens, les maîtres du raï à qui il n'omet aucune occasion pour rendre hommage. Cela il le fera en effet lors du point de presse où il s'étalera largement sur son attachement pour ces doyens. Leurs noms : Blaoui El Houari, Ahmed Wahbi... Khaled n'aura de cesse de se trémousser sur scène, heureux comme un poisson dans l'eau. Une chaleur communicative même entre les musiciens qui prenaient réellement plaisir à jouer. A s'éclater ! Après le flamenco, c'est le retour du 100% raï avec une ziara chez «Abdelkader ya Boualem», bien remuante et entraînante, une «Aïcha» revisitée par «l'animal» du raï, Khaled avant de faire exploser «la baraque» de la Coupole par son succès retentissant 'hab El Baroud. Le raï de Khaled, s'est voulu universel, coloré et très métissé. Le son jazzy du sax, lourd et tranchant est désormais la patte artistique de sa musique, de son groupe. Un raï plus recherché et épuré à la fois. Dans une ambiance fébrile, le King du raï s'est donné littéralement. Son public en redemandait bien évidemment. Mais toute chose a une fin. Les bonnes aussi ! Khaled s'est effectivement surpassé sur scène comme un vrai chef d'orchestre. Son amour pour les instruments l'amènera naturellement à vouloir tout toucher, tout diriger. C'est normal, c'est le roi... Infatigable, Khaled enregistrera dans deux semaines un duo avec l'autre vedette de la chanson irakienne cette fois-ci, Kadhem Es-Saher.