Restos universitaires ou gargotes, telle est la question? Le malaise est réel au niveau des cités universitaires. La nourriture est la première preuve de la mal-vie des étudiants. La nuit de dimanche à lundi n'a pas été tout à fait ordinaire dans la ville de Tizi Ouzou. Aux environs de 21h à 22h, des centaines d'étudiants de l'université de Tizi Ouzou sont arrivés en scandant des slogans dénonçant le malaise qu'ils vivent au sein des campus et cités. Une véritable marche nocturne, autant spontanée qu'imprévue et inattendue. Selon les témoignages de certains d'entre eux rencontrés hier matin, la colère contenue depuis longtemps a d'abord éclaté au niveau du restaurant universitaire du campus Hasnaoua 1. Excédés par la mauvaise qualité de la nourriture, les étudiants ont tout renversé à l'intérieur avant de se retrouver dehors, dans la nuit, à se diriger vers la ville. La colère s'est donc transformée en une marche spontanée qui s'est déversée sur les grandes artères de la ville des Genêts qui s'apprêtait à dormir paisiblement après une journée désagréable à cause du bruit et de l'anarchie.Au niveau du centre-ville, la marche s'est arrêtée un moment. Un dispositif sécuritaire avait été déjà mis en place. Les étudiants ont tout de même, sans heurts ni violence, réussi à obtenir la poursuite de leur marche. Ils voulaient s'arrêter pour un petit et court sit-in devant la résidence du wali de Tizi Ouzou. Chose faite. Les marcheurs se sont alors dispersés dans le calme absolu, sans aucun incident à signaler. Quelques heures plus tard, à la mi-journée d'hier, ce sont les étudiants du département de géologie qui ont exprimé leur colère en fermant le rectorat. Les étudiants réclament un traitement équitable, à l'instar de tous leurs camarades de géologie dans les autres universités du pays. Une bourse de 2 500 dinars est accordée par le ministère de l'enseignement supérieur pour chaque étudiant lors des sorties sur le terrain, sauf ceux de l'université de Tizi Ouzou qui doivent assurer leurs frais avec leur bourse. Aussi, par cette action, les futurs géologues comptent mettre toutes les parties devant leurs responsabilités car, estiment-ils, il est injuste de constater le traitement de deux poids, deux mesures dans un même pays sans que cela fasse réagir les responsables de l'université de Tizi Ouzou. Le malaise est réel au niveau des cités universitaires. La nourriture est la première preuve de la mal-vie des étudiants qui n'ont pas cessé de décrier une alimentation insuffisante, de mauvaise qualité, voire dangereuse pour la santé, à long terme. La qualité du service est un point dont les étudiants ont désespéré il y a belle lurette. «On a fini par accepter les longues files et les adopter dans notre quotidien dans les cités universitaires. On a fini par ne plus demander un bon service. Mais peut-on cesser de penser à notre santé? Ce qu'on mange ici n'est pas fait pour les humains. Nous ne sommes pas des insectes», fulmine un étudiant hier à la sortie du même campus.En fait, la colère couve et éclate même lorsque tout le personnel est en poste. Que dire alors lorsque le personnel des oeuvres universitaires sera en grève à partir de demain justement? Il y a quelques jours, la coordination syndicale des oeuvres universitaires a lancé un préavis de grève cyclique de deux journées chaque semaine. Le préavis expire donc demain et après-demain.