La maladie mentale a été au menu d'une journée d'étude tenue à l'EHS spécialisée de Oued Aïssi à l'occasion de la Journée mondiale de la santé. Cette rencontre qui s'inscrit également dans le cadre d'une série de séminaires au programme du Centre hospitalo-universitaire Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou a été l'occasion d'aborder sous différents angles cette maladie qui touche des pans entiers de la société. La rencontre a regroupé plusieurs médecins spécialistes et chercheurs qui ont donné des conférences sur des thématiques diverses, mais toujours relatives aux maladies mentales. Ainsi, la première communication a été présentée respectivement par les professeurs Messaoudi et Ziri. Leur communication avait pour thème la dépression chez le sujet âgé avec toutes ses conséquences et les traitements adéquats». D'emblée, les chercheurs mettront l'accent sur le fait que la dépression touche les personnes âgées sous divers symptômes. Les pathologies psychiatriques chez le sujet âgé apparaissent, affirment-ils, sous formes de troubles affectifs et émotionnels. La dépression arrive en tête avec 13% des cas, l'anxiété généralisée avec 4%, les phobies 10%, l'affaiblissement intellectuel et le syndrome démentiel avec 5% des sujets âgés de 65 ans et plus et 10% des 75 ans et plus. Les chercheurs avertissent d'ailleurs que la dépression chez les sujets âgés est un problème majeur de santé publique. Pathologie fréquente et sous-estimée dans 3⁄4 des cas, les deux chercheurs affirment par ailleurs que souvent la dépression chez cette catégorie est due à des facteurs personnels comme le poids des évènements de la vie, le manque d'estime de soi, la perte d'autonomie et le passage à la retraite. Des causes souvent non exprimées qui deviennent difficiles à discerner pour les médecins. Indissociables la dépression mène dans 15% des cas de suicides. La tendance est plus grande chez le sujet âgé. Enfin, les deux spécialistes concluent que la dépression constitue un problème de santé très fréquent chez les personnes âgées, encore mal connue et insuffisamment diagnostiquée, ce retard diagnostic entraîne souvent un retard thérapeutique et un retentissement péjoratif sur l'évolution. Il est important que tous les médecins se mobilisent pour un diagnostic précoce afin d'améliorer sa prise en charge. De son côté, le docteur Aïlam a abordé le sujet dans ses différentes facettes. Pour l'orateur l'OMS considère que le suicide est un problème de santé, mais largement évitable. Il est aujourd'hui à l'origine de près de la moitié de toutes les morts violentes. Un million de personnes se sont donné la mort au cours de la seule année 2002 et 20 à 40 fois plus de sujets ont attenté à leur vie. La mort par suicide a été à l'origine de 1,4% des décès dans le monde, ce qui en fait la 15ème cause de décès en 2012(OMS 2015). Parallèlement au côté scientifique de cette rencontre, la parole a également été donnée au directeur de l'EHS, M.Bounous Younès pour donner un petit aperçu sur le rôle très important que joue l'établissement psychiatrique Fernane-Hanafi de Oued Aïssi. L'orateur estimera que cet hôpital d'une capacité de 360 lits accueille des malades de plusieurs wilayas à l'instar de Béjaïa, Bouira et Boumerdès. L'orateur signalera par ailleurs que l'établissement est dans le besoin de médecins spécialistes supplémentaires pour faire face à la demande. Pour le moment, seulement une trentaine de médecins spécialistes exercent aux cotés de 18 orthophonistes et une dizaine de médecins généralistes.