Le PT a mis le paquet hier en faisant venir les représentants de 22 wilayas qui ont récolté, en un mois, près de 200.000 signatures. Le Parti des travailleurs, dont le poids ne cesse de grandir au sein de la société, a fait les choses en grand hier à la salle Afrique. Celle-ci, archicomble, a vu la présence de représentants de 21 wilayas, si l'on excepte Alger, venus célébrer le 1er Mai avec leurs propres moyens, tout comme ils avaient personnellement financé la campagne de collecte des signatures en faveur du serment du 24 février. Celle-ci, en seulement un mois, en est à près de 200.000 paraphes. Devant se poursuivre jusqu'au 5 juillet, il y a fort à parier qu'elle dépassera de loin le demi-million de signatures de la pétition précédente. C'est à la suite de syndicalistes représentant les cheminots et les collectivités locales que la pasionaria algérienne a pris la parole pour tenter de prouver, une fois de plus, que «la politique suivie actuellement, carrément suicidaire, n'est pas du tout irréversible». Selon elle, «le fait même que le président Bouteflika ait déclaré que la loi sur les hydrocarbures nous était imposée n'est pas une abdication mais, au contraire, un appel à la mobilisation populaire». Louisa Hanoune estime ainsi que «le capitalisme, arrivé à un stade avancé de putréfaction, tente de se régénérer à travers la mondialisation». C'est dans cette optique que la notion d'Etat et de souveraineté vise à être occultée. «De graves dangers menacent ainsi la cohésion nationale», estime la secrétaire générale du PT, laquelle n'a de cesse de se demander pourquoi son «appel à un débat général autour des sujets engageant le devenir de la nation est systématiquement rejeté», alors que «les médias lourds demeurent hermétiquement clos à toutes les voix qui n'applaudissent pas à la politique actuellement suivie par le gouvernement». Or, selon le PT, la loi sur les hydrocarbures menace grandement les recettes pétrolières algériennes «appelées grosso modo à passer de 85 à 21% des hydrocarbures vendus». Le devenir de Sonatrach est lui aussi contesté depuis qu'elle est livrée a elle-même, contrainte de concurrencer des géants pétroliers pesant lourd cent fois plus qu'elle. «Même le plan d'aide à la relance économique (que le PT continue de soutenir pour peu que les entreprises qui en profiteront ne soient pas privatisées) risque d'être compromis puisque les recettes pétrolières, seules ressources financières du pays, vont baisser de manière drastique». Le PT, qui appréhende un «avenir sombre » pour le pays dans le cas où la politique actuelle n'est pas stoppée, «craint également que les collectivités locales n'en souffrent grandement». Déjà, nous comptons 1400 APC, sur les 1541 que compte le pays, qui sont déficitaires alors que l'Etat multiplie les préemplois et les recrutements à petits salaires dans le cadre du filet social. Et ce n'est pas tout, le PT, qui se base sur les déclarations et les craintes affichées par des syndicalistes du secteur, craint fort que «le nouveau statut général ne dépermanise 500.000 fonctionnaires». En somme, «c'est l'Etat lui-même qui est menacé d'effondrement, comme l'exemple nous en a été fourni par des pays qui ont suivi cette voie avant l'Algérie». D'ores et déjà, ajoute Louisa Hanoune, l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'UE va supprimer dans l'immédiat environ 50.000 emplois, mais aussi des pertes dans les recettes fiscales et douanières de l'ordre de 140 milliards de dinars chaque année ». En fait, selon le PT, l'Europe cherche à faire des pays en développement de simples consommateurs. Sur le plan stratégique, enfin, «le fait que les USA découvrent de nouveau qu'il y aurait en Algérie des atteintes aux droits de l'homme en plus des risques sécuritaires qui planent sur le Sahel et le Sud algérien, signifie qu'ils veulent installer des bases militaires dans le but de protéger leurs puits de pétrole». Le but final, selon le PT, «est de faire des armées de simples services de police agissant sous les ordres de l'Otan». Le PT, qui continue à s'opposer presque seul à la politique gouvernementale et à tirer la sonnette d'alarme sur les risques qui guettent le pays, s'est véritablement distingué lors de ce 1er mai. Son discours, fortement «apprécié» par les jeunes et les moins jeunes, progresse grandement sur le terrain, comme en témoignent ses pétitions, mais aussi les hommages appuyés et répétés qui lui sont régulièrement rendus par le président Bouteflika.