Vent en poupe, le représentant de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, attend sans doute un geste du socialiste Benoît Hamon, décroché dans les sondages La confrontation des idées lors des deux débats a permis aux Français de porter un regard plus nuancé sur les programmes des uns et des autres, d'atténuer la ferveur pour les uns ou le doute envers les autres. Depuis quelques jours, les intentions de vote pour Emanuel Macron et Marine Le Pen se sont stabilisées avant de se mettre à baisser lentement certes, mais à baisser tout de même. Ainsi, les deux candidats favoris ont vu les intentions de vote en leur faveur diminuer, en deux semaines, de 3 points passant de 26% à 23%. Inutile de dire qu'à quelques encablures du scrutin une baisse de trois points risque de cacher un renversement de situation qui pourrait leur être préjudiciable. On peut expliquer cette tendance par plusieurs éléments et il existe déjà plusieurs lectures selon qu'elles soient faites par les uns ou par les autres. En réalité, une baisse de points sur la dernière ligne droite peut effectivement être due à un simple effet de saturation, tout comme elle peut être due à un effet d'essoufflement comme on dit. Dans ce, deux cas, cela ne présente aucun danger particulier pour ceux qui marquent une tendance à la baisse dans l'opinion ou dans les intentions de vote. Mais, cela peut avoir, à la base, de sérieuses raisons. A notre avis, le score de Le Pen a commencé sérieusement à être ébranlé à partir du premier débat, celui de Macron, un peu plus tard (il a mené au score des intentions de vote pendant quelques jours avant de revenir à égalité avec elle). Cela pourrait signifier que la confrontation des idées lors des deux débats a permis aux Français de porter un regard plus nuancé sur les programmes des uns et des autres, d'atténuer la ferveur pour les uns ou le doute envers les autres. Les débats, surtout le deuxième qui a eu lieu sur BFM TV, ont eu le mérite de démontrer que Le Pen n'a pas le monopole dans des questions où elle veut paraitre comme la seule, l'unique candidate. Les Français se sont vite rendu compte que la sortie de l'Europe est aussi voulue par Mélenchon et qu'elle est plus fortement voulue encore par Asselineau qui n'a cessé de jeter sur la table sa proposition de sortie brusque et immédiate de l'Europe, reléguant ainsi le projet de Le Pen en ce sens à un simple voeu. Ils ont eu aussi l'occasion de juger de l'inutile haine de l'étranger qui nourrit tous les programmes de Le Pen, de son injustifiable position contre la diversité et, surtout, du caractère peu significatif de beaucoup d'aspects de son projet.... Emanuel Macron a dû se dévoiler aussi dans les confrontations télévisées car, et au moment où les autres (Fillon et Mélenchon notamment) donnaient des chiffres, avançaient des grandeurs, des dates, des niveaux d'objectifs, lui se contentait de faire dans le flou. Il parlait en gros, d'un projet qui ne semble pas avoir encore les contours déterminés. Or, dans une élection comme celle-là, les projets comptent énormément. Chez Fillon, personne n'entend plus le programme. C'est surtout le bruit des casseroles qui se fait entendre et, on le voit à chaque débat, il est souvent préoccupé par le fait de baisser la tête pour laisser passer certaines de ces casseroles lorsqu'elles viennent à être évoquées. C'est tout cela, à notre avis qui a fait que aussi bien Fillon que Macron que Le Pen aient perdu des points à quelques jours de l'arrivée. Faut-il rappeler qu'en trois semaines Mélenchon a pu prendre 6 points? Mais, malgré tout, rien n'est encore joué sauf si Mélenchon se tourne vers le PS pour lui demander le ralliement derrière lui. Benoît Hamon n'a plus rien à gagner maintenant dans ces élection et il le sait. D'ailleurs, les quelques points qu'il a perdus pourrait très probablement être causés par le départ de ceux qui ne croient plus en ses chances. Se rallier à Mélenchon serait tenter un coup superbe qu'il pourrait jouer du moment que beaucoup de choses le rapprochent de ce dernier. Il pourrait contribuer à une future majorité présidentielle qui permettrait à Mélenchon de gouverner sereinement et, en même temps donnerait l'occasion à son parti, non seulement de ne pas être éliminé du premier tour, mais aussi d'être présent dans le prochain gouvernement. Ce qui devrait plutôt le servir s'il veut prendre les commandes du PS. Et si cela se passait ainsi? Si ce ralliement a lieu, ce sera un véritable assommoir pour tous les autres candidats, un véritable forcing, et plus rien alors n'empêchera Mélenchon de remporter ces élections. Mais rien ne dit qu'il aura lieu!