Zéralda est une commune en déperdition. Là-haut, à l'APC, la jalousie occupe les lieux. Abdellatif A. est un enfant de Hussein-Dey, vice-président de l'APC de Zéralda, et inculpé d'insulte et d'injures à l'encontre du n°1 de la mairie. L'inculpé s'explique à la barre. Il explique l'os dont le début a commencé dans la salle de délibérations. «Il y a des échanges de propos avec les présents dont le beau-père du président. Je n'ai insulté personne...». - Non, attendez, il y a une phrase que la morale m'interdit de répéter. Venez lire, SVP, coupe Sarah Ziame, la juge. L'inculpé s'avance vers le pupitre, lit et nie avoir dit de telles insanités. Le maire, la victime, donne à son tour sa version: «Ce 1er vice-président est entré depuis les marches des escaliers en insultant et proférant des insanités devant des témoins qui sont venus me rapporter l'incident», raconte le maire qui a regretté que cet élu se soit comporté autrement que comme un élu modèle. L'inculpé parle lui de tentative de retrait de confiance, d'une lutte politique ramenée à la barre, de connivence d'un clan au service du maire et redit sa bonne éducation. La présidente, victime d'un méchant rhume, dit entre deux éternuements: «Comment est né ce conflit?». L'inculpé réitère son attachement aux lois de la République et rectifie qu'il n'est plus 1er vice-président depuis qu'une «peau de banane» a été placée sur la voie rapide de Zéralda-Dar El-Beïda. Ziame veut rester aux inculpations et quitter le ring des règlements de compte. Me Mahmoudi Messaoud pose une question relative aux «chauds débats» qui se sont tenus la veille de l'incident. L'inculpé revient sur les dépassements commis par le maire en exercice qui a fait l'objet d'une tentative de retrait de confiance. Le maire accuse gravement son adjoint qui aurait dit qu'il a été élu pour se remplir les poches. «Je lui ai répondu grassement que tant que je serai à la tête de cette commune, il n'y aura pas d'ambitions dégueulasses». Le 1er témoin, un proche de la victime, rapportera les insultes proférées dans la salle de délibération de la même manière que celle choisie par la juge. «Il lit le PV du Ji. et dit : Oui, il a dit ça». Le témoin désire une réconciliation de tous. Ziame le remercie de ses bonnes intentions. Le second témoin, Hachemi, agent de sécurité, prête serment et assure qu'il se trouvait dans le couloir et que l'inculpé insultait le maire absent ce jour-là. Pour la victime, Me Aïd fonce droit sur l'inculpation. Elle prend à témoin les deux personnes qui viennent de défiler à la barre pour dire à la juge que la victime était absente mais pas ses proches, le jour de l'incident. Puis, elle demande le dinar symbolique à titre de dommages et intérêts. Sahraoui, le PR demande une amende de dix mille DA juste après que le Dr Mahmoudi pour la partie civile, regrette amèrement ce qui s'est passé. «Le maire, l'honorable élu, a été bafouillé», souillé par des propos tenus publiquement dans une enceinte de la République dont un élu demande réparation. Me Belhadi pour Abdellatif rejette les témoignages peu ou pas crédibles. «Le 1er émane du beau-frère du maire et le second d'un agent de sécurité», dit l'avocat qui aurait aimé entendre de sérieux témoignages susceptibles d'aider la justice. «Si Abdellatif a commis un délit, il l'aurait reconnu. C'est un élu courageux, c'est une affaire montée de toutes pièces.» Me Messaoud Nouasria, le second conseil de l'inculpé, fait remarquer que le dossier est vide. Il n'y a pas de témoins crédibles. C'est un règlement de comptes qui a commencé par la déstabilisation de notre client qui s'est vu «oter» du poste de 1er vice-président. Puis, l'avocat s'étonne que dans toute l'enceinte de la mairie, avec le personnel pléthorique, il n'y ait que deux témoins d'insultes. «Abdellatif n'a jamais insulté son maire. C'est une affaire politique qui a vu Abdellatif tête de liste lors des élections pour être éjecté du siège de 1er vice-président», a conclu Me Nouasria qui a demandé la relaxe de leur client. Verdict: le vice-président écope d'une amende.