Des milliers de personnes se sont rassemblées samedi soir dans plusieurs villes américaines pour appeler le président Donald Trump à rendre publiques ses déclarations de revenus et d'impôts, un geste de transparence que le milliardaire se refuse à faire. A Washington, un long cortège de plusieurs milliers de personnes a défilé sur Pennsylvania Avenue à partir du Capitole, criant «Honte!» en passant sous les fenêtres de l'hôtel Trump. Ils brandissaient des pancartes telles que «Que caches-tu?» ou insinuant des conflits d'intérêts avec la Russie et les organisateurs avaient apporté un grand Donald Trump gonflable en forme de poule, pour symboliser la frousse supposée du président américain. A New York, des milliers de personnes ont également défilé et d'autres rassemblements avaient lieu à Philadelphie, Boston, Seattle, San Francisco, Los Angeles et ailleurs à travers les Etats-Unis. A Berkeley, de l'autre côté de la baie de San Francisco, des bagarres ont éclaté dans un parc entre des partisans du président et ses adversaires et 21 personnes ont été interpellées, selon le journal Los Angeles Times. «Nous allons visionner les vidéos de surveillance et celles prises par des témoins qui nous ont été envoyées et peut-être lancer des mandats d'arrêt», a déclaré la porte-parole de la police de Berkeley, Byron White, citée par CNN. Ces rassemblements étaient organisés symboliquement à quelques jours de la date limite, le 18 avril, de déclaration des revenus 2016 aux Etats-Unis. «S'il n'a rien à cacher, il doit publier sa feuille d'impôts», disait Liz Turner, 31 ans, à Washington. Que soupçonne-t-elle qu'on y trouverait? «Je ne sais pas, peut-être quelque chose sur la Russie?» «Probablement beaucoup d'investissements illégaux ou douteux», affirmait une retraitée de 67 ans, Ellen Lodwick, qui participe à toutes les manifestations anti-Trump depuis son élection. Tous les présidents et candidats à la Maison- Blanche récents ont publié une ou plusieurs années de déclarations fiscales, une tradition qui vise à identifier d'éventuels conflits d'intérêts. La loi n'oblige actuellement que la publication d'une déclaration financière qui donne une approximation du patrimoine, des dettes et des revenus, mais ne permet pas par exemple de vérifier le montant des impôts réglés. Cette information a une importance, pour les détracteurs du dirigeant, car l'ancien promoteur immobilier s'est vanté d'avoir su utiliser toutes les niches fiscales légales pour réduire son imposition à un minimum. M. Trump justifie son refus de publier ces documents par les contrôles fiscaux dont il fait l'objet. «Publier sa feuille d'impôts est la barre éthique la plus basse possible pour un président», a lancé aux manifestants le sénateur démocrate Ron Wyden, «et nous exigerons qu'il l'atteigne». Le président américain n'était pas à Washington ce week-end mais dans sa propriété de Mar-a-Lago à West Palm Beach en Floride. Là aussi, quelques manifestants ont brandi des pancartes le long de la route conduisant à son club privé, notamment: «Suivez l'argent».