Les ravisseurs ont exigé du père une rançon de 5 millions de dinars. Le drame qu'a vécu, le week-end dernier, la famille d'un commerçant résidant à Dar El Beïda (Alger) restera indélébile pour longtemps aux tréfonds de sa mémoire. Leur fillette répondant aux initiales de L. S., âgée de 7 ans, s'est fait kidnapper, en cette matinée de jeudi 28 avril, par des ravisseurs qui l'ont grugée par «la magie du verbe» pour l'entraîner à l'intérieur d'une Golf et puis disparaître dans la nature. Cet acte d'enlèvement, ignoble à plus d'un titre, est-il loisible d'affirmer, s'est produit dans les ruelles de la ville de Dar El Beïda, au moment où la petite L. S. était sur le chemin de l'école. L'après-midi arrive, et la fillette n'est toujours pas de retour au foyer parental. Ses parents s'affolent. Le père de L. S., alors que dans son imagination il est déjà accablé par le pire des scénarios dont pourrait faire l'objet sa progéniture, décide de se rendre à la police pour les formalités d'un dépôt de plainte. Et c'est là que les éléments de la Police judiciaire (PJ) de Dar El Beïda se chargent de cette affaire, et avec l'assentiment du procureur général du tribunal d'El Harrach. Il y a aussitôt ouverture d'une information judiciaire. Cette histoire d'enlèvement a été résolue par les services de sécurité en un temps record, puisque le lendemain vendredi à 14h 10 précisément, la fillette L. S. a été retrouvée saine et sauve, c'est-à-dire indemne de tout acte de violence physique ou autres sévices sexuels. Cependant, les péripéties de ce kidnapping, telles que communiquées hier au siège du commissariat central d'Alger au cours d'un point de presse animé par M. Zizoui, chef de la PJ de Dar El Beïda, ressemblent plutôt à un scénario hollywoodien, fictif aux USA mais bien réel, hélas, en Algérie. Jugeons-en, à peine le père de L. S. finit de déposer plainte, et à l'intérieur même du commissariat de Dar El Beïda, son téléphone mobile commença alors à sonner. Au bout du fil, les ravisseurs de sa fille (ils étaient deux) ont exigé de lui une rançon de 5 millions de dinars qu'ils voulaient récupérer en dehors d'Alger. L'un des deux ravisseurs a été reconnu à sa voix par le père L. S. Il s'agit d'un individu qui a effectué dans le passé quelques travaux de construction dans la demeure. «Le seul moyen de contact avec les ravisseurs était donc le téléphone (...) on a pris la route sans savoir réellement où aller. C'était le saut dans l'inconnu», commenta le conférencier, M.Zizoui. Outre le père de L. S. et l'officier Zizoui, il y avait à bord du véhicule en quête de la petite fille, une tierce personne qui de son propre chef a voulu prêter assistance aux services de sécurité car il était natif de la même région que l'un des ravisseurs. Le même véhicule qui a démarré d'Alger dans l'après-midi de jeudi dernier, a pris la route vers l'est du pays, et son moteur n'a pas cessé de tourner jusqu'au lendemain vendredi. «Tout au long de la route, le contact avec les ravisseurs n'a pas été rompu (...) l'objectif était de les affaiblir physiquement pour pouvoir ensuite localiser le lieu exact où il s se trouvent», a ajouté M.Zizoui. C'est finalement dans la commune d'El Eulma, dans la wilaya de Sétif, que les ravisseurs qui se doutaient de la présence des policiers avec le père de L. S., ont décidé de lâcher prise. Ils se sont donc mis en fuite, mais avant, ils ont d'abord indiqué le lieu où était séquestrée la petite L. S. Celle-ci a été récupérée à l'intérieur d'un hangar d'une ferme abandonnée, située à quelque 9 km d'El Eulma. De retour à Alger, L. S. a été confiée pour une prise en charge psychologique. Quant aux deux ravisseurs encore en fuite, les recherches en vue de leur arrestation sont en cours, a souligné M.Zizoui.