Le message prononcé par le chef de l'Etat à l'occasion de Youm El Ilm prend toute sa dimension. Le baril à 100 dollars, c'est terminé! Et si l'on veut être plus optimiste on dira que ce n'est pas pour demain. Pour l'Algérie dont les revenus proviennent essentiellement de ses exportations de pétrole et de gaz, la course à la diversification de son économie devient une urgence. Une question de «survie» pratiquement, sur le long terme. Le message prononcé par le chef de l'Etat à l'occasion de Youm El Ilm concernant la dépendance du pays de ses exportations d'hydrocarbures prend toute sa dimension. «En cette difficile conjoncture financière que nous traversons du fait de la chute des prix du pétrole sur les marchés internationaux, nous gagnerons à mettre à profit la vision réformatrice de notre auguste Cheikh Abdelhamid Ben Badis qui a permis à nos aînés de libérer l'Algérie, pour mobiliser les volontés en vue d'une sortie de la dépendance excessive aux hydrocarbures, quand bien même ces dernières sont une bénédiction pour notre pays», a souligné Abdelaziz Bouteflika dans un discours lu en son nom par le conseiller à la présidence de la République, Mohamed Ali Boughazi, lors d'une cérémonie organisée à l'opéra d'Alger. C'est incontestablement la «mère des batailles» que l'Algérie aura à mener sur le plan économique. Elle doit être imminemment engagée. Le marché pétrolier demeure plus que jamais fragile. Les prix du pétrole ont démarré la semaine timidement après un long week-end pascal qui a duré 72 heures. Le réveil a été laborieux. Hier vers 14h30 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 54,88 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 50 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de mai se négociait pour céder 42 cents à 52,23 dollars. La fièvre qui s'est emparée du marché pétrolier après les frappes américaines contre une base militaire syrienne semble avoir baissé, soutenue par la hausse des extractions de pétrole de schiste aux Etats-Unis. La tendance vire toutefois à l'équilibre. Prouvant encore une fois que la baisse de 1,8 million de barils par jour décidée le 10 décembre dernier par la coalition des pays Opep-non-Opep a été salutaire. Cela ne pourra probablement pas suffire à faire décoller les cours de façon significative. Les Américains ne veulent pas lâcher le morceau et se remettent à pomper à tour de bras depuis que l'or noir a repris des couleurs. «L'agence (du département américain de l'Energie, ndlr) prévoit une hausse des extractions de 123 000 barils par jour en mai, ce qui représenterait la plus forte hausse depuis deux ans et pousserait la production à 5,19 millions de barils par jour», ont appris les analystes de PVM. «Depuis le début de l'année, les extractions de pétrole de schiste auraient donc augmenté de 9%. Selon les données du groupe privé Baker Hughes, le nombre de puits actifs aux Etats-Unis a augmenté pour la 13e semaine consécutive pour atteindre 683 puits, à son plus haut niveau depuis avril 2015», ont précisé les analystes de Commerzbank. Un constat annonciateur d'un bras de fer qui s'éternise. «La bataille entre les producteurs de schiste et les cheikhs n'est définitivement pas finie, car tous les efforts de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) pour créer un déficit de l'offre sont torpillés par les producteurs non-membres du cartel, et surtout par les Etats-Unis», ont ajouté les experts du second groupe bancaire allemand. Une situation qui pousse l'Opep et ses alliés à ne pas ouvrir davantage leurs vannes. Ils doivent, en principe, riposter le mois prochain.