Ce roman qui est écrit en cascades à la fois sensuelles et brutales, est une exploration de l'être algérien dans toute sa complexité, son héritage, sa perplexité, ses colères et -aussi- son humour ravageur. Le personnage est un narrateur qui parle en son nom et part, en quelque sorte, «à la recherche du temps perdu». Un temps perdu, donc, mais jamais retrouvé et c'est tant mieux ainsi parce que la quête continue. Ce roman de l'inassouvissement, de la déception est, aussi, un roman de l'entêtement qui veut aller jusqu'au bout des choses vraies de la vie et donc de la vérité sans concession.Roman polyphonique parce qu'il y a, en dehors du narrateur, des personnages séduisants et émouvants comme Adel Klefield dont les origines multiraciales en font un être de l'intransigeance vis-à-vis de soi et de la tolérance vis-à-vis des autres. Ou bien comme Kassem Fercha, un peu le double du narrateur et qui produit dans le texte des échancrures poétiques et politiques, à la fois. Il y a aussi le personnage de Jean Sénac qui sublime ce roman et le traverse avec une grande violence et une énorme mansuétude.Roman polyphonique donc, à la recherche de ce «soi algérien» tant de fois trahi et tant de fois bafoué, non seulement par les politiques et les politicards mais aussi par les «clercs» et les «élites» toujours promptes à se trouver des maîtres pour assouvir et récompenser leur opportunisme.