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Sortie du 1er Roman d'Amar Ingrachen : « Le temps des grandes rumeurs »
#LibertéVENDREDI
Publié dans Liberté le 13 - 01 - 2017

« Le temps des grandes rumeurs » (*), premier roman d'Amar Ingrachen, est l'histoire d'une ville capricieuse, Alger, qui se mêle à celle d'un pays, l'Algérie, livré à la descente aux enfers.
Sarcastique, incisive, sobre, débraillée et parfois tendre, la plume du jeune auteur, diplômé en lettres modernes, déballe les énormités de « l'inculture » de hauts placés, « la frustration » d'hommes d'affaires et « l'hypocrisie » de politiciens, mais s'entête pourtant à se frayer un chemin dans l'univers des gens livrés à la terreur et à la panique, sans cesse surveillés et menacés par « le dieu » Maras et ses barbouzes. Pour le narrateur, Rachid l'étudiant, Maras, le « dieu de l'Algérie », serait quelqu'un de « superstitieux » et aurait même peur d'un « regard innocent ». Un des billets de Kassem Fercha, le chroniqueur populaire, publié à l'entrée du café de Jéricho, révèle à ce propos que dans la légende kabyle, Maras était « le dieu du capitalisme », craint par les habitants comme la mort. Mais, d'autres soutiennent que Maras était un « dieu romain », « le dieu universel de la famine » ou un « Turc » ayant résolu de demeurer en Algérie, pour terroriser la population.
Dans son roman, publié aux éditions Frantz Fanon (Algérie), le journaliste Amar Ingrachen fait grande place aux gens « déchus », « perdus », « déçus », ceux-là même qui broient du noir et qui sont « destinés à vivre dans le noir ». Des gens, sans espoir de trouver un sens à leur vie ni des raisons pour se lever chaque matin et pour continuer à vivre, devenant à la longue « des amas de chair en décomposition ». Des gens, dont certains ont « un destin en lambeaux que se disputent Maras et la malédiction ». L'auteur nous plonge dans un monde chaotique, rassemblant de l'autre côté de la barricade des gens « victimes des dieux du temps et des grandes rumeurs », mais également des personnes dont la vie a été « un apprentissage quotidien de la résistance », capables de « dire merde aux petits dieux de la mythologie barbouzarde », tout en se méfiant des politiciens. « Le temps des grandes rumeurs », fasciné par les mots et cynique, vient amplifier les voix sourdes, presque inaudibles qui, n'ayant plus rien à perdre, s'en prennent à l'ordre établi et tentent de « jeter la colère » dans les rues. C'est le récit d'un monde où la foule « compacte » vomit sa colère contre « la dictature », où des militants de régions et d'horizons divers se mobilisent pour la libération « immédiate et inconditionnelle » de Moulay Nedjar, le fondateur du mouvement « Dhayen (Assez) ».
« Nos morts ont des noms et on ne les oubliera pas »
Ce dernier, la cinquantaine, arrêté pour avoir dénoncé « les disparitions forcées », avait passé « presque un quart de siècle de sa vie dans les geôles de Maras ». Pourtant, comme l'explique Rachid, Moulay Nedjar était de ceux qui luttaient pour « le respect de la souveraineté et de la dignité humaine ». Le narrateur, aux côtés des autres personnages, notamment de Zineb, l'étudiante « prise en otage par la mort », Mehdi, l'intellectuel qui sera assassiné « dans des conditions obscures », Adel l'enfant de Tadmaït, fils de pieds-noirs, qui sombre « dans les eaux houleuses de ses mémoires », Salim, le coiffeur converti en « graffiteur », à la verve colérique, et Malek le berger de Djelfa, devenu marchand à la sauvette et tagueur occasionnel, introduit le lecteur dans plusieurs scènes et décors familiers, le prenant pour témoin des actes et gestes accomplis par les nouveaux damnés de la terre, des réflexions et paroles dévoilées sur une révolution confisquée, mais aussi sur les arrestations et les emprisonnements de militants des droits de l'homme, souvent associés aux sévices exercées.
La lecture du roman d'Amar Ingrachen est avant tout la découverte d'un auteur brillant, qui reste attentif à ce qui se passe dans sa société. Une société ayant vécu « des crises et des traumatismes très puissants », qui fait face à l'autoritarisme et à son lot d'infections capitalistes. Usant d'un franc-parler singulier, puisé dans l'abondant terroir linguistique, et enivré au puits des conflits de générations, le jeune auteur, via ses personnages, revisite avec son propre regard, ses propres repères et ses propres valeurs, l'histoire de la lutte anticoloniale, celle de la Guerre de Libération nationale et l'histoire actuelle qui, elle aussi, se distingue par la longue liste des morts, d'octobre 88 et des années 1990. Nos morts, dira Mehdi, avant de mourir, « ont des noms et on ne les oubliera pas », en évoquant les Cheb Hasni, Matoub, Boudiaf, Alloula, Liabès, Belkhenchir, etc. L'auteur fera même « lire » à Rachid, les écrits d'écrivains de renom, algériens et étrangers ; il lui fera connaître des musiciens et bien d'autres artistes. « J'étais tout le temps hors de moi-même. Prisonnier de ma propre condition. Grâce à la musique, à la poésie, j'avais commencé à apprendre, avec le temps, à survivre à ma propre déchéance », nous confie l'étudiant. « Le temps des grandes rumeurs » s'attaque, en outre, aux hypocrisies si chères aux gardiens des « tawabit » (constantes), ainsi qu'aux tabous sur le juif, sur le pied-noir et sur l'aversion envers l'intellectuel qui, aujourd'hui, font le lit de l'islamisme et de la « médiocratie ». Il s'interroge aussi sur la vie, le doute, l'identité algérienne, les blessures de l'Algérie et les désordres intérieurs, la dépréciation de l'université, les nuisances du libéralisme, les relations femme-homme, la liberté, la démocratie, l'argent, la religion, l'amitié, la loyauté, la solidarité, le renoncement qui tuent l'espoir, le rêve et sur la faculté d'émerveillement. Surtout sur l'avènement de cet « autre monde » tant attendu. Enfin, à chaque début de chapitre, l'auteur nous réserve un nouveau plat, souvent croustillant : une chronique de Kassem Fercha.
Amar Ingrachen ? C'est un nom à retenir. Une quête. Une naissance. Une plume prometteuse...
Hafida AMEYAR
Pour la Rédaction Numérique
(*) Amar Ingrachen, Le temps des grandes rumeurs, éditions Franz Fanon, Tizi Ouzou 2016, 150 pages, 600 DA.


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