L'enjeu est de concilier efficacité économique et justice sociale Avec la participation de 39 pays africains et de plusieurs responsables internationaux dont la secrétaire générale de l'OIE, le président de Job forAfrica et de représentants de plusieurs organismes internationaux dont la BD et l'UA, la Cgea trace la voie pour le développement de l'emploi en Afrique. La Cgea organise, hier et aujourd'hui, en collaboration avec Jobs for Africa, l'Organisation internationale du travail, Business Africa et l'Organisation internationale des employeurs un Forum international auquel prennent part 39 pays africains en vue de préparer la réunion du Comité exécutif spécialisé «Développement social, travail et emploi» de l'Union africaine qui va se tenir le 25 du mois en cours à Alger et à travers la mise en oeuvre d'un Livre blanc» sur l'emploi en Afrique. «Ce «Livre blanc» s'articule autour de quatre thèmes principaux, selon les plans d'actions nationaux adoptés à Tunis en décembre 2016, à savoir la mise en place d'une approche sectorielle à la création d'emploi, basée sur l'agriculture, l'énergie et les TIC, la promotion du dialogue social pour développer des politiques de l'emploi au niveau national, la promotion du rôle des PME, de l'entrepreneuriat et de l'économie sociale pour construire des chaînes de valeur et un écosystème favorable au profit du secteur privé fort, ainsi que le développement des compétences et l'employabilité. Cette rencontre devra être couronnée aujourd'hui par des conclusions et recommandations pour guider l'élaboration de pactes nationaux et sous-régionaux sur l'emploi et la compétitivité en Afrique pour la période 2017-2021», a déclaré Saïda Neghza, présidente de la Cgea, à l'ouverture de cette rencontre en saluant au passage les efforts faits par le gouvernement algérien afin de lutter contre ce phénomène. «La question de l'emploi ne se pose plus comme étant un problème social mais comme un enjeu sécuritaire de taille. La stabilité de notre continent dépend largement de notre capacité à créer des postes d'emplois à la hauteur des besoins qui s'expriment de plus en plus. L'enjeu est de concilier efficacité économique et justice sociale dans toute démarche de développement», a-t-elle ajouté devant une pléiade d'invités de haut niveau dont des ministres du gouvernement algérien, la secrétaire générale de l'Organisation internationale des employeurs, le président de l'Organisation de l'unité syndicale africaine. Lui succédant à la tribune, la secrétaire générale de l'Organisation internationale des employeurs (OIE), Linda Kromjong a fait savoir que «l'OIE oeuvre avec les pays membres pour une vision commune visant à développer l'emploi des jeunes» tout en précisant que l'organisation qu'elle pilote «compte plus de 150 membres dont la Confédération générale des entreprises algériennes (Cgea)». La ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Iman Houda Feraouan, lisant un message d'encouragement du président de la République, a rappelé les différentes initiatives de l'Algérie allant dans le sens d'un développement inclusif du continent africain. Elle a également tenu à réaffirmer, au nom du chef de l'Etat, l'engagement et la disponibilité de l'Algérie à accompagner toutes les démarches visant à faire de l'Afrique un continent stable, prospère et heureux. Elle a, en outre, estimé que la rencontre revêtait une grande importance pour la mise en oeuvre du «Livre blanc» pour l'emploi en Afrique et une opportunité de dialogue et de concertation entre les différents partenaires africains concernés par la question de l'emploi. «Les résultats de la réunion doivent renforcer la démarche des gouvernements africains visant à absorber le chômage dans un continent souffrant d'instabilité sécuritaire et de multiples conflits, des contraintes qui compliquent davantage le marché de l'emploi alors que la croissance en Afrique ne s'est pas traduite par davantage d'emplois», a-t-elle relevé. De son côté, le ministre du Travail, Mohamed el Ghazi, qui reconnaît que «la question de l'emploi constitue une préoccupation majeure pour le gouvernement algérien», a indiqué que l'Algérie pèse de tout son poids afin de jouer pleinement son rôle dans la stabilisation du continent qui passe nécessairement par son développement économique et social. Dans ce sens, il a appelé à «la création de pactes pour l'emploi et la compétitivité et la promotion de l'entrepreunariat» à l'échelle de tout le continent» car, a-t-il suggéré, seul un développement économique durable et équilibré peut assurer des emplois pérennes. Parlant de la situation du continent africain, Abdoulaye Dialo, représentant de l'Ousa, a mis le point sur les besoins croissants de l'Afrique en matière de création de postes d'emplois. «60% de la population du continent est jeune. De plus, il y a entre 12 et 15 millions de demandeurs qui arrivent sur le marché de l'emploi chaque année en Afrique. Tous ces demandeurs d'emplois, il faut les former et leur trouver des débouchés. La formation et l'accès à des emplois décents sont une priorité pour nous» a-t-il fait savoir au nom des travailleurs africains en soulignant cependant que «nul développement n'est possible sans sécurité». Habib Yousfi, président d'honneur de la Cgea a, pour sa part, rappelé l'importance que les chefs d'Etats africains aient mis en place le Nepad qui est, selon lui, «une vision audacieuse et lucide du développement de l'Afrique» car «il s'agit de construire un nouveau partenariat sur la base du respect et de la responsabilité mutuelle entre les opérateurs africains et l'ensemble des acteurs hors Afrique». Habib Yousfi a également insisté sur le fait qu'il est scandaleux que l'Afrique, un continent riche, vive dans la pauvreté». Jamal Belahrach, président de JobsforAfrica, a, lui, indiqué que «le continent africain enregistre tous les mois 1 million de demandeurs d'emplois, soit 12 millions annuellement, alors que les emplois créés sont de seulement 3 millions postes/an dans le secteur formel, une situation intenable qui nécessite une prise de conscience urgente». «La question de l'emploi en Afrique ne peut être réglée que par les Africains eux-mêmes», a-t-il ajouté en soulignant qu'en «Afrique, le chômage touche 45% des femmes et 25% de jeunes hommes alors que, chaque année, près de 3000 jeunes meurent en Méditerranée en tentant de migrer en Europe pour trouver des opportunités d'emplois» et que «certains sont recrutés par des groupes extrémistes violents». Il est attendu, de la part de tous les participants, que le rapport qui découlera de ce forum revête une importance capitale dans le cadre des débats de la session du Comité, prévue les 25 et 26 avril en cours au niveau des experts, et les 27 et 28 avril au niveau des ministres.