La mère de toutes les manifestations au Venezuela ce week-end La situation se tend de jour en jour au Venezuela où l'opposition s'est dit déterminée à poursuivre son bras de fer avec le président Nicolas Maduro jusqu'à la tenue d'«élections anticipées», un mouvement dénoncé comme un «coup d'Etat terroriste» par le chef de l'Etat socialiste, soutenu par l'armée. Les anti-chavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013), qui protestent pour le départ du président Maduro, s'apprêtaient hier à organiser à la mi-journée une «marche du silence» vers les sièges de l'épiscopat vénézuélien dans tout le pays. Ils comptent poursuivre leur action «jusqu'à la tenue d'élections anticipées», disent-ils. Dans ce pays pétrolier, secoué par une grave crise économique née de la chute des cours du brut, les troubles ont éclaté le 1er avril après la décision de la Cour suprême de s'arroger les prérogatives du Parlement, déclenchant un tollé diplomatique qui l'a poussée à faire machine arrière, 48 heures plus tard. L'opposition a dénoncé «un coup d'Etat» l'amenant à relancer la mobilisation populaire à travers le pays. Vingt (20 personnes) ont été tuées depuis le début de ces violences, selon les autorités, dont une douzaine rien que dans la nuit de jeudi à vendredi au cours d'émeutes, pillages et blocages de routes dans des quartiers populaires de Caracas. Plus de 600 autres ont été arrêtées, selon l'ONG Foro Penal. Les manifestations organisées ces derniers jours ont été émaillées d'affrontements entre policiers et militaires qui ont repoussé avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc les manifestants, lesquels ont répliqué avec des pierres et des cocktails Molotov, d'après les médias. L'opposition qui contrôle le Parlement, et le gouvernement s'accusent mutuellement de fomenter la violence. Jorge Rodriguez, le maire d'un district de Caracas, a notamment qualifié les dirigeants de l'opposition de «bêtes assoiffées de sang», en assurant qu'ils «voulaient brûler vifs» des enfants. En réaction à ces violences, M.Maduro, dénonce, de son côté, un «coup d'Etat terroriste» fomenté selon lui par les Etats-Unis -une accusation rejetée par Washington. Par ailleurs, le chef de l'Etat a renforcé ces derniers jours la présence policière et de l'armée qui lui a apporté son soutien «inconditionnel». «Les forces armées nationales bolivariennes (...) ratifient leur loyauté inconditionnelle envers monsieur le président», a assuré récemment le chef des armées et ministre de la Défense, Vladimir Padrino Lopez. M.Maduro est un «président véritablement chaviste que les forces armées admirent profondément», a affirmé le général Padrino Lopez, lors d'un rassemblement de milliers de membres de la milice civile, organisé en présence de M.Maduro, face au palais présidentiel de Miraflores, à Caracas. Le chef des armées a, par ailleurs, accusé l'opposition de s'appuyer sur des groupes d' «extrême droite» pour mener un «programme criminel» qui inclurait «des actes terroristes, des émeutes, des pillages, du vandalisme et diverses formes de violence». En plus de ce mouvement de protestations, M. Maduro dont le mandat court jusqu'à fin 2018, fait face à une pression internationale accrue notamment des pays latino-américains. Ainsi, onze pays latino-américains ont demandé à Caracas de «garantir» le droit de protester pacifiquement, un appel qualifié «d'ingérence grossière» par le chef de l'Etat du Venezuela. Dans le même contexte, le président de Colombie Juan Manuel Santos a exprimé son inquiétude quant à la situation au Venezuela: «Nous observons avec une sérieuse inquiétude la militarisation de la société vénézuélienne. (Je lance) un appel à la sagesse», a écrit le chef d'Etat colombien sur son compte Twitter. Pour sa part, l'Union européenne (UE) a condamné les violences «très regrettables» survenues lors des manifestations et appelé à une «désescalade» pour «stopper la détérioration de la situation». Et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres a lui aussi demandé que «tous les efforts soient faits pour réduire les tensions et empêcher les nouveaux affrontements» dans le pays qui a déjà connu, rappelle-t-on, une vague de protestations en 2014 qui avait fait, 43 morts, selon le bilan officiel.