En l'espace de quelques mois, le secteur de la santé à Béjaïa s'est vu éclaboussé par deux affaires liées à la prise en charge des malades aussi bien au niveau des structures privées qu'au niveau de celles relevant du secteur public. Alors qu'on croyait à de meilleurs soins et des prises en charge adéquates avec l'ouverture du secteur au privé, force est de constater que la situation n'a fait qu'empirer. A Béjaïa, il y a une telle complicité entre les deux segments intervenant dans le secteur de la santé qu'il est difficile de déceler l'origine de l'erreur. Aussi, est-il à chaque fois question de doute et d'incertitude qui ne sont pas sans empêcher toute enquête d'aboutir à situer véritablement les responsabilités de tout un chacun. La loi étant ce qu'elle est, il n'est manifestement pas facile de contrôler le détournement de malades tout comme le trafic d'organes. Au mois de février de l'année 2004, la famille Idir de la commune d'El Flay perdait un des siens pour une faute de prise en charge aussi bien dans le temps que dans la manière. Nabil rendait l'âme au cours de l'opération ou de son évacuation de la clinique privée vers l'hôpital Khellil Amrane de Béjaïa. On attendait justement l'issue de l'enquête pour savoir ce qui en était au juste des circonstances et des responsabilités. Mais, voilà que l'ex-ministre Redjimi déclarait dans les colonnes d'un confrère que son département n'avait reçu aucune requête, ni plainte concernant les erreurs médicales. Une confusion de plus qui n'a pas manqué de faire réagir la famille Idir. Dans une lettre qui lui a été adressée le père de la victime rappelle les faits en relevant que le ministre a bel et bien été prévenu de la situation et que d'autres structures de la République ont été informées aussi bien par courrier direct que par voie de presse. La famille ajoutait que des inspecteurs du ministère de la Santé avaient entendu les membres de la famille en présence du directeur de la santé de Béjaïa avec au bout des assurances que les conclusions allaient être remises au ministre. La famille qui ne désespère pas de voir l'affaire se conclure, a adressé une lettre de rappel en saisissant parallèlement la justice via une plainte déposée contre le chirurgien incriminé. Même le président de la République a été saisi par la famille Idir en date du 26 décembre 2004 dans cette affaire gravissime qui a endeuillé la famille, les amis et toute une région. Pendant ce temps, la chirurgie de charcutage se poursuit à Béjaïa. Un autre jeune souffrant d'une luxation récidive a fait l'objet d'une évacuation en urgence à Alger à la suite d'une opération de consolidation avec une broche, subie le 20 mars dernier au service orthopédique de Khellil Amrane à Béjaïa. C'est sur la table d'opération que les choses allaient prendre une tournure dramatique d'où une décision d'évacuation sur Alger. Ces deux affaires qui relèvent d'une mauvaise prise en charge médicale ont permis aussi aux langues de se délier. Les rumeurs les plus folles faisaient état de vol d'organes sur des malades admis aussi bien dans la clinique privée que dans les hôpitaux. Des faits impossibles à vérifier. Si les citoyens malades touchés par ces phénomènes des temps modernes osent parler, ils n'ont, cependant, que très peu de preuves pouvant conclure à des cas d'infractions et que, très souvent ils refusent d'étaler en public. Si certains agissent de la sorte par esprit traditionnel qui imposait «la retenue», d'autres préfèrent se taire car pour eux de toutes façons, parler ou se taire ne changera rien. Traduisant un peu le manque de confiance existant entre les gouvernants et les gouvernés. En tout état de cause, le détournement de malades, les mauvaises prises en charge ainsi que le trafic d'organes sont aussi une réalité à Béjaïa où le secteur de la santé n'inspire plus confiance, comme l'illustre le cas d'une dame qui refusait récemment de subir une opération au risque de perdre un de ses organes.