La Fête des travailleurs a été hier une occasion pour l'intersyndicale de faire une véritable démonstration de force qui n'a de valeur que d'illustrer le ras-le-bol qui mine la masse laborieuse. Répondant à l'appel de l'intersyndicale, des milliers de travailleuses et de travailleurs venus des quatre coins du pays ont battu le pavé hier à Béjaïa, réitérant toute une panoplie de revendications sociales et économiques. Du stade de l'Unité maghrébine jusqu'à la place de la Liberté «Said-Mekbel», une procession de travailleuses et de travailleurs ont scandé haut et fort des slogans contre la politique des pouvoirs publics. Du Code du travail, élaboré sans leur consultation jusqu'aux libertés syndicales menacées en passant par la retraite anticipée, les conditions de travail et la sauvegarde su secteur économique, l'intersyndicale n'a rien lâché. L'action s'est voulue une manière de revendiquer «le gel de la nouvelle loi sur la retraite, dénoncer la cherté de la vie et demander l'implication des syndicats autonomes dans l'élaboration de la future loi sur le travail». Les participants à la marche se sont regroupés tôt le matin sur le parking de l'Opow de Béjaïa. Plusieurs wilayas étaient représentées dont Tiaret, Oran, Batna, Sétif, Alger, Biskra, Constantine, Bouira, Béjaïa, Tizi Ouzou, tous unis pour un seul objectif, celui d'un Etat qui ne peut exister sans les travailleurs. L'endroit s'est vite avéré exigu pour contenir la foule des travailleurs venus prendre part à la manifestation dont le coup d'envoi a été donné vers 10h30. La procession avec à sa tête les représentants nationaux des différents syndicats a sillonné les artères de la ville de Béjaïa vers le siège de la direction de l'éducation puis celui de la wilaya avant de marquer son arrêt à la place Said-Mekbel. Les manifestants ont scandé des slogans contre la politique du gouvernement sur le travail ainsi que d'autres contre l'Ugta. «Assa Azzeka, akhedam yella yella» (aujourd'hui et demain le travailleur sera là) et «Al aâmil machi abid» (Le travailleur n'est pas esclave), fusaient de la foule pendant tout le trajet. Des figures syndicales autonomes connues et des hommes politiques, notamment du FFS et du RCD, du PST et du PT ont pris part à cette marche qui s'est déroulée sans incidents. Venus en soutien aux travailleurs, certains politiques étaient mal vus par les travailleurs frondeurs qui ont marché pour un objectif essentiel, celui de la revendication du retrait de la loi sur la retraite et nombre d'autres points. Les slogans portés par les manifestants et les banderoles déployées contestaient la politique sociale du gouvernement. Les manifestants ont par la suite tenu un sit-in sur la place de la Liberté «Saïd-Mekbel» où des représentants syndicaux ont pris la parole pour saluer la grande mobilisation et lire une lettre en quatre langues (tamazighth, arabe, français et anglais), avant de souligner que l'intersyndicale ira jusqu'au bout de ses revendications «légitimes». Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, a lu la lettre en tamazighth, dans laquelle il est souligné l'érosion du pouvoir d'achat et «la hausse de plus de 30% du prix de tous les produits alimentaires qui appauvrissent de plus en plus le travailleur». Le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Méziane Meriane, en fera de même en français, estimant que la Fonction publique est en danger, au moment où d'autres syndicalistes rappellent que des travailleurs perçoivent toujours des salaires inférieurs au Snmg. L'intersyndicale, qui regroupe une dizaine de syndicats autonomes, a reçu aussi le soutien de partis politiques à l'image du FFS, du PT, du PST ainsi que du RCD, dont des militants et élus étaient présents à la marche d'hier.