Les forces de sécurité afghanes ont subi des pertes d'un niveau «hautement choquant» durant l'hiver, la traditionnelle trêve n'étant plus observée durant les mois les plus froids, relève un rapport américain publié hier. Un total de 807 membres des forces afghanes ont trouvé la mort entre le 1er janvier et le 24 février, a comptabilisé le Sigar, organisme du Congrès à Washington chargé de contrôler les activités et dépenses américaines en Afghanistan. «L'Afghanistan reste englué dans une guerre meurtrière. Les pertes subies (par l'armée afghane) dans le combat contre les talibans et d'autres groupes insurgés continuent d'être d'un niveau hautement choquant», commente ce rapport. Les violences en Afghanistan avaient traditionnellement tendance à faiblir durant l'hiver, mais ce n'est plus vrai. L'assaut d'un commando taliban contre une base militaire le mois dernier dans le nord du pays, près de la ville de Mazar-è-Charif, a fait près de 200 victimes dont 135 morts au moins, de source officielle. Les forces de police et l'armée afghanes ont repris à l'Otan en 2015 la tâche d'assurer la sécurité dans le pays. Selon le Sigar, 6785 militaires et policiers afghans ont été tués entre le 1er janvier et le 12 novembre 2016, à quoi il faut ajouter 11.777 blessés. Les autorités afghanes n'ont pas transmis de statistiques pour les sept dernières semaines de 2016 mais, même incomplètes, ces données révèlent une hausse d'environ 35% des victimes par rapport à l'ensemble de 2015. Les forces afghanes contrôlent moins de 60% du territoire du pays et peuvent s'attendre à de nouveaux mois très difficiles. Les taliban afghans ont en effet annoncé vendredi le lancement de leur offensive de printemps et misent sur de nouveaux gains territoriaux, éloignant encore un peu plus toute perspective de paix dans le pays. L'opération «Mansouri», du nom de leur ancien leader abattu en 2016 par un drone américain, visera en priorité «les forces étrangères» pour les chasser du pays, ont-ils prévenu dans le communiqué ouvrant leur campagne. Cette annonce, attendue, est intervenue alors que l'armée afghane était privée de ministre de la Défense et du chef de l'état-major, qui ont tous deux démissionné après l'assaut meurtrier près de Mazar-è-Charif, la principale ville du nord. Les combats ont par ailleurs fait plus de 2100 victimes civiles au cours des trois premiers mois de 2017, selon le décompte des Nations unies. En 2016, plus de 11.500 civils ont trouvé la mort dans les combats entre insurgés et forces gouvernementales