C'est décidément la guerre entre les opérateurs de la téléphonie mobile et les télévisions françaises. Alors que TF1 avait menacé de couper purement et simplement le signal, M6, dont les contrats de distribution courent jusqu'à fin 2017, compte adopter la même attitude. Le groupe audiovisuel appartenant à Bouygues avait prévenu les opérateurs: faute d'accord sur une revalorisation de la rémunération de ses contenus, ses chaînes (TF1, HD1, TMC, NT1, LCI) pourraient ne plus être diffusées par Orange, Free, SFR ou Canal+. Sur les différents services Web et applis d'abord, sur les box ensuite. Premiers concernés: SFR et Canal+ (myCanal), qui risquaient de voir disparaître la première chaîne et ses petites soeurs au 30 avril. Mardi 2 mai, force était de constater qu'il n'en était rien. M6 rejoint TF1 dans le bras de fer contre les opérateurs. Orange n'entend donc pas se laisser faire. Le groupe audiovisuel en propose justement: le start-over (retour au début), le visionnage en Ultra HD ou 4K, ou encore une allocation de stockage dans le cloud pour l'enregistrement de programmes. Le tout regroupé dans un pack «TF1 Premium» par lequel il entend précisément justifier ses nouveaux tarifs. Mais ça sera tout ou rien: si les opérateurs jugent le tout trop cher, ils pourront tirer un trait sur les chaînes TF1, qu'ils n'obtiendront pas en dehors d'un accord global au prix fort. TF1 joue le client contre ses distributeurs, estimant qu'une disparition de ses chaînes dévalorisera l'offre des opérateurs. Orange juge pour sa part que la chaîne n'est pas en position «de se couper de 25% de son audience». La partie de poker menteur, en revanche, bat son plein, TF1 s'étant bien gardé jusqu'ici de dévoiler qu'elle n'était pas en mesure de mettre elle-même ses menaces à exécution. Les discussions vont donc se poursuivre avec en ligne de mire, non pas une coupure de signal, mais le déclenchement de procédures que devra arbitrer le Conseil supérieur de l'audiovisuel. TF1 (mais aussi M6) comme les opérateurs, à commencer par Orange, semblent camper sur leurs positions. Mais pour Bouygues Telecom, dont la position dans cette affaire est particulière. Seule certitude: elle devra passer à la caisse comme les autres pour continuer à retransmettre les programmes de TF1. C'est Martin Bouygues lui-même qui l'a laissé entendre: il n'y aura pas de «régime de faveur», car ce serait «contraire à la loi et à la morale». La relation des opérateurs et des télévisions est devenue compliquée quand celle-ci a pris le dessus sur la diffusion. Désormais, l'Internet et les Box dominés par les opérateurs de téléphonie fixe et mobile sont les maîtres en matière de commerce audiovisuel. [email protected]