«La sidérurgie est la souveraineté de l'Etat et tout le monde nous envie» En dépit de toutes les polémiques dont a fait l'objet le complexe sidérurgique d'El Hadjar-Annaba, sa direction générale est restée blottie entre les outils inertes de ce mastodonte en acier, ne manifestant aucune réaction, jusqu'à ce que... En effet, sortie de sa torpeur, la direction de l'usine sidérurgique d'El Hadjar vient de rompre son silence après plusieurs mois d'attente, pour annoncer avec un optimisme démesuré, que le complexe d'El Hadjar est opérationnel et en pleine production. Une nouvelle qui vient selon des observateurs en retard, par rapport à la date de la reprise de la production de cette entité économique. Situation justifiée hier, par les responsables de la direction générale de l'usine, lors d'un point de presse, par les entraves enregistrées durant l'opération de réhabilitation de ses outils de production, le H-F2 en l'occurrence. Tenant à clarifier la situation, les responsables respectifs de Sider/Annaba: Maâmar Habache, PCA (président du conseil d'administration), El-Hadi Laskri, DG, (directeur du complexe) et Nourredine Lamouri SG, (secrétaire général du syndicat) ont, à travers ce point de presse organisé au sein même de l'usine Sider, répondre pour ne pas dire démentir les propos, apportés par la tête de liste du RDN à Annaba, lors d'une interview accordée à TSA, la semaine dernière, et qui avait «condamné le complexe à la ferraille». De ce fait, le staff dirigeant de l'usine sidérurgique a tenu non seulement à rassurer quant à la réussite du plan d'investissement global, d'un montant de 720 millions de dollars, engagé par l'Etat, après la récupération de la totalité des actions du complexe, suite à l'échec du partenariat avec le géant de l'acier ArcelorMittal, mais surtout donner par les chiffres la preuve de cette réussite. «C'est grâce à la grande action du président de la République et la détermination des sidérurgistes que ce programme gigantesque, qu'est la remise en activité du complexe, avec toutes ses unités ont repris la production», a dit le PCA. Sans accusation aucune et voulant véhiculer un message réel à ceux qui doutent de la volonté de l'Etat et celle des travailleurs, Maâmar Hebache a précisé que la remise en marche de l'usine et tous ses équipements sont une réalité qui ne peut faire l'objet de manipulation politique. «La sidérurgie est la souveraineté de l'Etat et tout le monde nous envie», a précisé le président du conseil d'administration. Sur l'association d'ArcelorMittal avec l'Algérie pour des raisons que l'interlocuteur dit ne pas pouvoir en aborder les dessous, estimant que le plus important est que le complexe demeure aujourd'hui une EPE (Entreprise algérienne à 100%). Mieux encore, toutes les installations de l'entité sont en pleine production. Un exploit gigantesque réalisé grâce, dira Maâmar Habache, «à un management et une compétence algériens». Il reconnaîtra le retard dans le redémarrage du complexe: «Mais grâce à nos jeunes sidérurgistes la mise à feu du haut-fourneau numéro deux a été un succès», a estimé le PCA. Donnant un aperçu sur les différentes étapes d'essais réalisés depuis le 19 mars 2017 suivies de celles du 24 mars, le H-F2, les trois aciéries, les deux laminoirs et les équipements, totalement réhabilités, activent en h/24. «Jusqu'à hier, nous avons produit 29.000 tonnes d'acier en coulées de haute qualité, destinées à l'exportation vers nos deux clients potentiels, l'Italie et l'Espagne en l'occurrence», a déclaré Maâmar Habache. S'étalant sur le volet «chiffres de production», l'interlocuteur a expliqué que, plus de 4700 tonnes de ces coulées ont été transformées en fonte de gueuse destinée à l'exportation. Selon ce responsable l'objectif est d'atteindre au 31 décembre prochain, 680.000 tonnes d'acier à transformer en rond à béton, brames et billettes. Un challenge de taille pour un staff déterminé à mettre fin à toute polémique. Dans le même sillage des chiffres, El-Hadi Laskri DG du complexe a indiqué que la fonte obtenue est conforme aux normes internationales. Une prévision qui démarrera à partir de mai en cours, selon le DG de Sider-El Hadjar: «La capacité théorique de l'usine se situe à 1,2 million de tonnes d'acier. Une capacité jamais atteinte depuis 1969», a-t-il précisé. La rencontre faut-il le noter a été aussi une opportunité pour le staff dirigeant du complexe d'El Hadjar, qui est très motivé et déterminé à lancer un défi à quiconque de vouloir semer le doute, pour déstabiliser le «pacte social», base de la sérénité du complexe. De son côté, Noureddine Amouri, SG du bureau syndical d'El Hadjar sans mâcher ses mots, et dans un message direct à la tête de liste du RND dira: «Le complexe est plus grand que lui pour qu'il en parle», en ajoutant «les travailleurs d'El Hadjar sont capables pour produire et nous combattrons tout ennemi au complexe. Même cette mafia qui veut détruire le fleuron de l'industrie nationale.» Des propos lancés tant par le porte-parole des sidérurgistes que ces derniers eux-mêmes, en direction du président du FCE, Ali Haddad en l'occurrence. Ce dernier envisagerait d'investir le secteur de la sidérurgie dans la wilaya d'Annaba. L'homme d'affaires prévoit la création d'un groupe industriel, similaire avec le complexe de Bellara. Selon Ali Haddad, ce nouveau pôle industriel, permettra de créer 200 postes d'emploi permanents et produira 5000 t/ an d'acier. Des pronostics de production jugés impossibles par le staff des dirigeants de Sider-Annaba, que les travailleurs ont qualifiés de lobbys contre la sidérurgie nationale... Ainsi, la rencontre a été aussi une occasion pour mettre en exergue les perspectives de production d'El Hadjar à court terme, soit à l'horizon 2018 qui sera de quelque 1,2 million de tonnes et qui boosteront les 2,2 millions de tonnes/an. Une production qui servira un tant soit peu au développement du secteur de la construction automobile en Algérie. Cette perspective prometteuse, vise aussi des objectifs planifiés à travers des opérations commerciales à destination de l'étranger, outre l'Italie et l'Espagne. Tout en exprimant une bonne volonté de conserver leur outil de survie, les sidérurgistes ont, à travers les essais réalisés, permis à l'entreprise de constituer un stock de brames et de billettes. Bel exploit pour l'ex-ArcelorMittal, dont l'actuel groupe Sider en l'occurrence envisage de faire réintégrer la Tuberie sans soudure au complexe sidérurgique El Hadjar. Les ingrédients d'une perspective prometteuse sont aussi composés d'idées innovantes permettant au complexe de reprendre son trône de fleuron de l'industrie en Algérie et en Afrique, en s'engageant dans la recherche. Dans ce sens, la direction générale du complexe a annoncé la signature de deux conventions pour la recherche scientifique avec l'université Badji Mokhtar d'Annaba et avec l'Urasm, le laboratoire de l'entreprise. Voilà que le complexe sidérurgique commence à reprendre le rythme de ses bonnes habitudes, avec les coulées de fonte et la transformation sidérurgie-métallurgie, l'aciérie intégrée pour fabriquer les produits plats, creux et de fonderie et les billettes pour le rond à béton. En somme, l'usine d'El Hadjar semble reprendre son label de producteur par excellence de l'acier sur le marché mondial.