Il n'est pas question de recourir à une approche uniformisée de la question. «Il reste encore beaucoup d'efforts à déployer en vue d'améliorer les perceptions réciproques et la couverture médiatique auprès des opinions publiques, notamment arabe et musulmane, afin de corriger certains préjugés, nés d'incompréhensions, de manque de transparence et de concertation dans le processus décisionnel. Nous sommes convaincus que certains clichés négatifs peuvent être dépassés pour peu que l'on s'efforce d'expliquer davantage les missions de l'Otan et la nature de notre coopération.» Cet exposé qui clôture l'allocution d'ouverture du ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, résume de manière claire les soucis de l'Algérie et renseigne en fait sur la nature souvent complexe, mais très importante, des relations que l'Algérie est en train de mener avec l'Otan. Organisé par l'Institut national d'études et de stratégie globale (Inesg) et la division de la diplomatie publique de l'Otan hier, à Alger, le séminaire sur la coopération entre l'Algérie et l'Organisation du Traité Nord-Atlantique aura au moins permis a l'Algérie de placer ses mots. La rencontre avait été aussi un état des lieux et a permis l'évaluation des relations entre Algérie et l'Otan. La séance d'ouverture solennelle a été marquée par une allocution du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, M.Mohamed Bedjaoui en présence de Lounès Bourenane, directeur général de l'Inesg, Nicola de Santis, chef de section des pays du dialogue méditerranéen et de l'initiative de coopération d'Istanbul, division de la diplomatie publique de l'Otan et de Jean Fournet, secrétaire général adjoint de l'Otan pour la diplomatie publique. Mohamed Bedjaoui a affirmé que la contribution de l'Algérie aux programmes annuels et aux diverses activités de l'Otan, a connu «un accroissement substantiel», faisant d'elle «un partenaire essentiel» de cette organisation. La coopération entre l'Algérie et l'Otan «est dense et diversifiée», et l'Algérie y apporte «une contribution substantielle en vue de sa promotion en tant qu'instrument actif, à même de contribuer à la réalisation des objectifs de paix, de sécurité et de stabilité en Méditerranée», a souligné M.Bedjaoui, à l'ouverture du séminaire sur la coopération entre l'Algérie et l'Otan. Dans ce cadre, il a qualifié le bilan de cette coopération de «très satisfaisant», et a ajouté que «la perception commune des menaces et des défis auxquels nous sommes tous confrontés est ainsi mieux établie». Evoquant le dialogue méditerranéen de l'Otan, il a rappelé les principes sur lesquels l'Algérie fonde sa politique de coopération en matière de sécurité et de défense régionale, à savoir «l'unité et l'indivisibilité» de celle-ci, «une approche globale et équilibrée» et «le dialogue et la concertation pour favoriser le rapprochement entre les peuples et l'instauration de la paix et de la stabilité dans la région». Pour M.Bedjaoui, le dialogue méditerranéen de l'Otan auquel l'Algérie a adhéré en 2000, «est d'autant plus essentiel qu'il vient opportunément combler un vide en matière de coopération politico-militaire au sein du processus de Barcelone». Abordant la contribution de l'Algérie à ce dialogue, le chef de la diplomatie algérienne a rappelé les deux visites du Président Bouteflika au siège de l'Otan, en 2001 et 2002, ainsi que la participation de l'Algérie, «avec détermination et de la façon la plus active à tous les mécanismes relevant de ce dialogue». Dans ce contexte, il a fait mention de la présence de l'Algérie à la réunion ministérielle de Bruxelles (2004), à celle des chefs d'états-majors (2004 et 2005) et à la session parlementaire de l'Otan en mai dernier, ainsi que la visite en Algérie du secrétaire général de l'Otan, M.Jaap de Hoop Scheffer, en novembre 2004. Il a en outre, rappelé «la densité de la relation» entre l'Algérie et l'Otan dans «le domaine opérationnel», attestée par les trois escales navales de l'Alliance au port d'Alger, en 2002, 2003 et 2004, et la participation de l'Algérie à l'opération maritime antiterroriste baptisée «Active Endeavour» de l'OTAN. L'Algérie développe avec l'Otan une coopération «substantielle axée sur des questions d'intérêt commun et couvrant des domaines où l'Otan dispose d'une expertise large et diversifiée, dont notre pays entend tirer bénéfice», a encore dit M.Bedjaoui, pour qui «le potentiel de coopération sur le plan civil est encore insuffisamment exploité». En revanche, il a relevé «le début encourageant» de cette coopération notamment dans le domaine de la recherche scientifique, la protection civile et l'environnement. Evoquant la dimension politique du dialogue, il a estimé qu'elle ne cesse de connaître «des progrès significatifs», conférant à ce dialogue «un caractère de spécificité qui en fait aujourd'hui un référent ayant sa place parmi les autres forums régionaux» et confirmant «amplement la pertinence d'une approche globale et interdépendante de la sécurité et de la stabilité en Méditerranée». Dans ce cadre, il a fait part des liens de coopération tissés entre les forces armées dans la lutte contre les défis internationaux, tels que le terrorisme, le crime organisé, la prolifération des armes de destruction massive, ajoutant que l'Algérie, qui est engagée «de plain-pied dans la modernisation et la professionnalisation de ses forces armées», entend tirer «le meilleur profit de l'expertise éprouvée» de l'Otan en ce domaine. Abordant les perspectives de ce dialogue méditerranéen de l'Otan, qui a été «hissé au rang de partenariat» lors du Sommet d'Istanbul de juin 2004, M.Bedjaoui a estimé nécessaire la mise en pratique de l'idée de rencontres politiques de haut niveau retenue par ce sommet, y compris celles des chefs d'Etat. Les débats qui ont suivi et la qualité des intervenants et des communications notamment celle finale de Jean Fournet, secrétaire général adjoint de l'Otan pour la diplomatie publique, ont tous abondé dans le sens laudatif de l'intérêt que porte l'Otan à l'Algérie et du rôle majeur que peut jouer celle-ci dans le contexte actuel. Mais pour Alger, l'essentiel réside dans le fait de clarifier ses positions politiques dans sa coopération avec l'Otan. Ses dernières participations dans des exercices avec le dialogue méditerranéen, où il y avait aussi les forces israéliennes, ont prêté à quiproquo. L'engagement de l'Algérie dans sa coopération avec l'Otan cherche surtout à discuter, à refuser des actions imposées, à entreprendre avec l'Otan un partenariat politique et militaire qui ne serait pas à sens unique et à ne pas recourir à une approche uniformisée en matière de sécurité.