Fin 2016, la justice européenne avait estimé que l'accord de libre-échange de produits agricoles et de la pêche entre l'Union européenne et le Maroc ne concerne pas le Sahara occidental, décision qui a ouvert la voie aux recours sahraouis contre les dépassements de Rabat. Le Maroc a réaffirmé que son exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental se faisait «dans le cadre du droit international», en réaction à l'arraisonnement d'un cargo de phosphates en Afrique du Sud. Parti de Laâyoune (au Sahara occidental occupé illégalement par le Maroc), un cargo chargé de phosphates à destination de la Nouvelle-Zélande a été bloqué lundi, lors d'une escale en Afrique du Sud, sur décision d'un tribunal local, suite à une plainte des représentants de la Rasd. L'avocat de la représentation sahraouie, Andre Bowley, a expliqué que la requête avait été déposée par «le Front Polisario et la République arabe sahraouie démocratique pour demander le retour des phosphates transportés en contravention des principes internationaux». Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est sous occupation marocaine depuis 1975 et Rabat continue à exploiter les ressources de ce pays au mépris des résolutions de l'ONU et des décisions juridiques internationales. Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination tel que convenu lors de la mise en place de la Minurso, référendum que le Royaume marocain s'acharne depuis des décennies à empêcher par différents moyens avec l'aide de certaines parties, notamment la France. Fin 2016, la justice européenne avait estimé que l'accord de libre-échange de produits agricoles et de la pêche entre l'Union européenne et le Maroc ne concerne pas le Sahara occidental. Cette décision avait ouvert la voie à de nombreux recours contre les dépassements du Maroc de la part du Polisario qui entend s'en servir comme jurisprudence. Rabat prétend que l'exploitation des richesses du peuple sahraoui se font conformément aux règles internationales, feignant d'ignorer la décision de la justice européenne et avançant, à titre d'argument fallacieux, sinon ridicule, que «les bénéfices tirés par le Maroc de l'exploitation de ces ressources naturelles sont marginaux par rapport aux politiques publiques menées par le Royaume dans les provinces du Sud (Sahara occidental)». C'est ce qui s'appelle vouloir faire prendre des vessies pour des lanternes car l'exploitation des phosphates sahraouis permet au Maroc d'être l'un des tout premiers exportateurs de cette matière première dans le monde. En outre, l'exploitation des phosphates et de ses dérivés, notamment les engrais, est un secteur clé de l'économie, dès lors qu' il représente près du quart des exportations du pays et approximativement 3,5% du PIB et emploie plus de 20 000 personnes. Outre son unité de production de Khouribga (Centre), l'Office chérifien des phosphates exploite intensément le site de Laâyoune, au Sahara occidental, via sa filiale Phosboucraa et affirme que cette exploitation se fait «dans le strict respect du droit international et conformément aux dispositions des Nations unies».